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Nicolò Barella, Sarde In

Par Adrien Candau
Nicolò Barella, Sarde In

Récemment titularisé dans l'entrejeu de la Nazionale et formé à Cagliari où il cartonne cette saison, Nicolò Barella pourrait bien, à tout juste 22 ans, devenir le Sarde le plus cool du football transalpin depuis un certain Gianfranco Zola. Portrait d'un type convoité par de nombreux gros clubs de la Botte, mais qui a déjà annoncé qu'il ne quittera son île « jamais pour de l'argent, mais seulement par ambition ». Et qui a l'intention de se payer la Juve ce mardi soir, en match décalé de la 30e journée de Serie A (21h).

À en croire certains, le romantisme serait d’abord un truc d’insulaire. « Quand vous faites partie d’une île, vous êtes sentimental  » , assénait il y a quelques années de cela François Modesto, passé notamment par Cagliari entre 1999 et 2004. Coïncidence ou pas, Nicolò Barella, lui, a trouvé l’amour très tôt, à 18 piges, avant d’embrayer sur le sacro-saint combo mariage-paternité. Un menu gratiné pour n’importe qui. N’importe qui, sauf pour un type qui est devenu le plus jeune capitaine de l’histoire de Cagliari le temps d’un match face à la Roma mi-décembre dernier, et qui a déjà gratté sa place dans l’entrejeu de la Nazionale.

L’amoureux du tacle

À 22 ans fraîchement fêtés, Nicolò Barella a donc déjà fait tout ça. C’est beaucoup et c’est peu, pour un type qui coche sur le papier à peu près toutes les cases du parfait petit footballeur moderne. Né le 7 février 1997 à Cagliari, le bambino se fait les os dans les équipes de jeunes du club de sa ville de naissance, débute en pro avec les Rossoblù en 2015 et se révèle être un élément central des différentes catégories U15 à U20 de la Squadra azzurra. Avant de carrément faire ses débuts en sélection en octobre 2018, face à l’Ukraine. Le 23 mars dernier, l’homme pressé qu’est Nicolò Barella débloquait même son compteur en Nazionale, en ouvrant le score face à la Finlande dans le cadre des qualifications pour l’Euro 2020, d’une volée plutôt osée. Voilà pour le CV, propre, sans la moindre rature. Signe que le numéro 18 sarde n’a pas le temps pour la déconne. Sur le terrain, il part à la conquête du ballon comme un envahisseur qui a décidé de faire sienne une nouvelle terre.

Tacleur compulsif, Barella défend avec la rage au ventre, quitte à collectionner les avertissements. Cette saison, le voilà avec déjà huit jaunes et un rouge dans sa besace en Serie A. Quand il ne galope pas après le cuir, le gamin étale une palette tout aussi fournie : ballon dans les pattes, il cumule une belle qualité de pied qui lui permet de trouver ses coéquipiers dans des zones difficiles, une vision du jeu avantageuse, et signe parfois quelques chevauchées furieuses depuis le milieu de terrain, où il n’est pas rare de voir son mètre 72 se mettre à casser les lignes adverses. Un profil de joueur complet, au style plutôt énervé et spectaculaire, qui vaut déjà à Barella des comparaisons régulières avec Radja Nainggolan. « Je pense que nous avons une interprétation du jeu similaire : aucun d’entre nous ne veut rien lâcher sur le terrain. Et, bien sûr, nous partageons cette manière de tacler et de nous jeter pour nous emparer de la balle. Mais je pense que c’est un joueur qui a une puissance physique supérieure à la mienne. »

Fierté locale

S’il n’a pas encore laissé une empreinte aussi marquée que celle que le Ninja a pu avoir sur le football italien des années 2010, Barella a déjà réussi une chose : s’agripper à la tradition insulaire sarde, tout en continuant de grandir sportivement, à son rythme. Ciblé par les grands clubs du nord de la botte, supposément dans le viseur de Maurizio Sarri à Chelsea, le milieu de terrain a prolongé avec les siens jusqu’en 2022 l’année dernière. « Si je pars, ce ne sera pas pour plus d’argent, mais pour plus d’ambition » , jure-t-il. À le voir vider ses tripes sur le terrain, on a plutôt envie de le croire. Barella n’ignore pas que suer pour Cagliari, c’est aussi se battre pour préserver la dernière grande formation insulaire d’une Serie A qui a vu Palerme et Catane respectivement descendre en Serie B et en Lega Pro (D3) ces dernières années. Le club sarde, lui, a plus judicieusement mené sa barque, malgré une éphémère descente en Serie B en 2014-2015, suivie d’une remontée immédiate.

Cette saison, les Rossoblù, actuels 12es de Serie A, devraient une fois de plus se tirer d’affaire. Barella, qui a fait toutes ses classes sur son île natale, incarne ainsi aujourd’hui la préservation d’une forme d’identité et de fierté locale. Inévitable, pour un type qui raconte avoir eu le souffle coupé quand il a rencontré à ses 17 ans Luigi Riva – qui est à la fois le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe d’Italie et du Cagliari Calcio – et qui a également été lancé en professionnel par l’autre grande idole insulaire, Gianfranco Zola, lorsque ce dernier entraînait Cagliari en 2014-2015.

Voilà sans doute pourquoi le football de Nicolò dégage quelque chose d’exalté et de suprêmement rageur. « Les clichés sur les Sardes ? Parfois, ça m’énerve qu’on nous qualifie de paysans… Mais, d’un autre coté, ça me rend fier, car je pense qu’il y a une grande dignité à se lever à 6 heures du matin pour traire une vache et apporter leur lait aux gens… Être né et avoir grandi dans une île, ça signifie pour moi que je fais partie d’un peuple. J’ai ce sentiment quand je joue : ce qui me motive, ce ne sont pas seulement les encouragements, mais la passion qui anime cette communauté… C’est une fierté, voilà. Alors, je donne tout. Je peux faire des erreurs, mais l’attitude, elle, doit toujours être exemplaire.  » Une certaine idée du football, qu’il tentera une fois de plus de mettre en application face à la Juventus ce mardi, pour le compte de la 30e journée de Serie A. Avant de peut-être emporter avec lui un petit bout de Sardaigne, s’il se décide à faire ses valises pour un grand club transalpin, dans un futur pas si lointain.

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Par Adrien Candau

Tous propos issus de La Gazzetta dello Sport.

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