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Nicolas Delépine : « Je ne suis allé qu’une seule fois en Haïti depuis ma nomination »

Propos recueillis par Mathis Healy
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En s’imposant face au Chili le 22 février dernier (2-1), Haïti s’est qualifié pour la première Coupe du monde féminine de son histoire. À la tête de l’équipe, un entraîneur français : Nicolas Delépine. En poste depuis un an, en parallèle du GF38 (D2 féminine) qu’il entraîne au quotidien, le technicien nous raconte son aventure chez les Grenadières, loin d’un pays au contexte social brûlant.

À peine rentré des barrages de la Coupe du monde disputés en Nouvelle-Zélande, vous étiez déjà sur le banc de Grenoble pour affronter l’OGC Nice ce week-end. Pas trop dur cet enchaînement ?

Tout se mélange un peu. On a vécu une aventure très forte avec la sélection. C’est particulier parce que ça se passait à l’autre bout de la planète avec presque 60 heures de voyage aller-retour, donc après l’euphorie et l’excitation, il y a beaucoup de fatigue et de la décompression. Mais le football ne s’arrête jamais, et on a déjà tous repris dans nos clubs respectifs. 

Comment êtes-vous arrivé à la tête de cette sélection ?

Les premiers contacts remontent à 2018 lorsque j’entraînais l’équipe féminine du FC Nantes. À cette époque, j’ai participé à un séminaire organisé par la FIFA dans le cadre de la Coupe du monde féminine des -20 ans en Bretagne. C’est là-bas que j’ai rencontré un entraîneur haïtien et toute l’équipe de Haïti qui s’était qualifiée pour sa première Coupe du monde U20. À partir de ces discussions, je me suis mis à suivre les résultats et les performances des joueuses. En 2019, j’en ai fait venir deux au FC Nantes puis, après une année à Grenoble, j’ai appris que le poste était vacant, on s’est rencontré fin 2021 et j’ai pris le poste en février 2022.

D’où vous vient cette attirance pour le football haïtien ?

C’est un football frais, totalement différent du système européen, et ça me plaît. J’avais également décelé beaucoup de qualité chez cette équipe U20 en 2018 et je sentais que ces joueuses avaient une toute petite chance de disputer les Jeux olympiques 2024, mais surtout de se qualifier pour la Coupe du monde. L’opportunité de prendre une sélection nationale ne se présente pas souvent, alors celle d’avoir une sélection nationale capable de se qualifier pour le Mondial, je ne pouvais la laisser passer.

Quelles ont été les conséquences de ce choix sur votre vie privée ?

Cette qualification est le résultat d’un an de sacrifices, notamment familiaux. On n’a quasiment aucun temps libre. Quand d’autres se reposent pendant les trêves internationales, nous, on part en sélection à l’autre bout du monde. Je ne vois pas souvent mon fils, qui n’est disponible que pendant les vacances, et moi, pendant les vacances, je pars en stage avec la sélection. Heureusement, à Noël, c’est le seul moment où les calendriers s’accordent et où je peux profiter de ma famille. 

Comment le club de Grenoble a réagi lorsque vous leur avez fait part de votre envie de prendre la sélection ?

Ils ont été très réceptifs, prenant ça comme une possibilité pour moi de m’améliorer en voyant un autre type de football. Le club était aussi suffisamment structuré pour accepter cela. La condition était que je parte tout seul sans membre du staff de Grenoble. Depuis, nous avons même créé comme une passerelle entre le club et la sélection. Certaines joueuses viennent faire des essais au club, ça nous permet de créer une émulation à l’entraînement, et à elles, de découvrir le niveau du foot européen.

Quand on joue en République dominicaine, certaines joueuses doivent être escortées à la sortie du stade. Ce sont de véritables stars là-bas, c’est impressionnant.

Nicolas Delépine

Quelle place occupe le football à Haïti ? 

C’est comme une religion là-bas. Le pays va très mal depuis le tremblement de terre (en août 2021, NDLR) et la succession d’ouragans, donc la population se raccroche à ça. C’est le moyen pour beaucoup de jeunes de quitter l’île pour vivre une carrière professionnelle et d’aider leur famille. Le football a été mis à l’arrêt pendant près de deux ans à cause de l’insécurité, donc les filles avaient à cœur de se qualifier. De ce qu’elles m’ont dit, si nous étions retournés sur l’île après notre qualification, ça aurait été une grande fête, mais la situation a rendu cela impossible. 

Justement, cette situation sociale avec des guerres de gangs dans la capitale et ses environs, ça ne vous a pas fait peur au moment d’accepter le poste ?

Non, parce que tous nos stages, nous les faisons en République dominicaine. Moi-même, je ne suis allé qu’une seule fois sur l’île depuis ma nomination, et encore, je n’ai pas quitté l’aéroport. C’était au retour d’un match à Cuba. Nous survolions le pays pour rentrer, donc c’était l’occasion de s’arrêter à Port-au-Prince. On a fait quelques interviews aux médias locaux dans l’aéroport qui est sous protection militaire, puis après une heure, nous avons redécollé. 

Malgré la distance, sentez-vous un engouement autour de la sélection ? 

Oui, c’est incroyable. Sur les réseaux sociaux, en dessous de chaque post, il y a plein de commentaires. Partout où on va, il y a des supporters. À Cuba, au Mexique, même en Nouvelle-Zélande où nous étions, il y avait cinq, six supporters au stade. Quand on joue en République dominicaine, certaines joueuses doivent être escortées à la sortie du stade. Ce sont de véritables stars là-bas, c’est impressionnant. Quand on rentre en France, la différence d’enthousiasme fait mal. 

Qu’espérez-vous de cette Coupe du monde ?

Mes dirigeants veulent qu’on la gagne maintenant qu’on est qualifiés. (Rires.) Quand on regarde froidement le classement FIFA, on sera dans le groupe le plus dur de la compétition avec l’Angleterre (4e), la Chine (14e) et le Danemark (18e). Mais on y va pour faire quelque chose.

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