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Nice, le plus dur commence

Par Christophe Depincé
Nice, le plus dur commence

Éliminés logiquement de la Ligue des champions et en difficulté en championnat après une cinglante défaite chez le promu amiénois, les joueurs de Lucien Favre vont devoir vite se remettre la tête à l'endroit pour ne pas vivre la saison galère qui s'abat souvent sur les victimes des barrages.

Amiens 3-0 OGC Nice

Buts : Kakuta (15e), Konaté (28e, 88e) pour Amiens

« Pour construire, il faut remplacer le matériel qui était là et on ne l’a pas remplacé, loin de là. C’est la première chose à dire. Pour le moment, c’est du bricolage. » Lucien Favre est passablement agacé par ce qui est en train de se tramer. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il a déjà vécu pareil scénario. En 2012, alors qu’il vient de mener le Borussia Mönchengladbach à la quatrième place de la Bundesliga, son équipe se casse les dents en barrages de Ligue des champions contre le Dynamo Kiev. Loin d’être un échec cuisant pour un club certes historique, mais éloigné des joutes européennes depuis une quinzaine d’années. Mais l’amertume est là. À l’intersaison, le club a laissé filer quelques-uns de ses tauliers. La relance est difficile et l’équipe de Favre glisse finalement vers une saison morne, malgré un recrutement qui finira par porter ses fruits à long terme.

L’intersaison bâtarde

Si les dirigeants niçois ont montré à maintes reprises leur savoir-faire en matière de recrutement, ils n’avaient encore jamais été confrontés à la gestion délicate du timing, propre à tous ces clubs dont l’avenir européen est incertain. Un exercice qui peut mettre en l’air un mercato et une entame de saison. Du cas Dalbert au cas Seri en passant par celui d’Eysseric, il se sont sans doute trompés dans leur agenda, en laissant traîner des dossiers qui ont parasité un été que l’on espérait historique pour le Gym. Plutôt que de vendre vite ou de fermer la porte, ils se sont laissés piéger dans un entre-deux déstabilisant pour un groupe qui n’aurait dû être focalisé que sur un objectif. Le double recrutement de Saint-Maximin et Sneijder, s’il est particulièrement alléchant, aurait lui mérité d’être conclu quelques semaines en amont.

Ça n’aurait vraisemblablement rien changé à l’issue du barrage contre Naples, tant l’adversaire était fort et expérimenté. Mais ça aurait fait gagner du temps et de la salive à Lucien Favre. Alors qu’il était censé être prêt avant les autres, le club de la Côte d’Azur semble avoir déjà pris du retard. L’heure n’est pas encore à la panique, les Aiglons pourraient très bien avoir trois ou quatre points de plus en championnat avec des circonstances moins défavorables. Mais c’est dans ce genre de contexte qu’on voit l’étoffe d’un groupe. Soit il s’accomode des aléas, soit il les brandit en excuses.

Mental combat

Le début de saison de l’OGC Nice n’a d’ailleurs rien d’étonnant. Le statut de barragiste est souvent à double tranchant. Il galvanise ceux qui franchissent l’obstacle estival et coupe les jambes de ceux qui échouent aux portes des étoiles. Il n’y a pas à remonter bien loin pour s’en apercevoir. Le voisin monégasque a vécu chacun des scénarios ces deux dernières saisons. Éjectés par un faible Valence en 2015, les hommes de Jardim ne sont jamais vraiment rentrés dans leur saison, ne sauvant la face que grâce à une faible concurrence en Ligue 1. Les visages étaient éteints, le panache absent, comme s’ils avaient porté le fardeau de cette élimination dix mois durant. Puis, dans une configuration similaire, mais au prix d’une intersaison bien mieux gérée, ils ont créé une dynamique presque irréelle en écartant Villarreal à l’été 2016. Ça n’est bien entendu qu’un élément du puzzle, mais difficile de nier son importance. Nice n’a lui évidemment encore rien compromis, si ce n’est son rêve de C1, mais les signaux sont inquiétants.

Des caprices de Balotelli au spleen de Seri, les têtes ne semblent pas sereines. Et les dynamiques psychologiques sont souvent difficiles à modeler. Les grandes équipes parviennent à les maîtriser à leur guise, les autres les subissent. Et il est toujours éprouvant pour un collectif d’avoir surperformé. En tenant la dragée haute au PSG et à l’ASM presque toute une saison, les Niçois sont allés au-delà des attentes. Mais ils en ont aussi créé de nouvelles. Paradoxalement, ils étaient dans le confort. On fermait les yeux sur certaines victoires un peu laborieuses, on s’extasiait – à juste titre – sur les plus belles, il aurait été rabat-joie qu’il en soit autrement. Mais la bienveillance n’est pas éternelle. L’OGC Nice a démontré ces dernières années qu’il était en capacité de devenir un club qui compte. Il doit dorénavant en assumer les exigences.

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