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Neymar, Redemption Song

Par Andrea Chazy, au Parc des Princes
Neymar, Redemption Song

Pour son retour au Parc des Princes avec le maillot du PSG sur le dos, Neymar Jr devait passer une journée en enfer. S'il a essuyé insultes et banderoles de la part d'une partie du public, l’international brésilien est finalement sorti vainqueur du premier round de son opération reconquête. Même s'il faudra du temps, beaucoup de temps, pour que la réconciliation avec la totalité des fans parisiens ait lieu.

Le bras est tendu, le pouce est levé vers une tribune Borelli qui déborde d’applaudissements. Le torse bombé, Neymar prend quelques secondes pour contempler le Parc des Princes qui se tient debout devant lui. Pour l’acclamer, en majorité, mais aussi pour le conspuer. Une scène cocasse que le Brésilien n’aurait pu prédire au début de sa carrière, mais qui est loin d’empêcher Neymar de pouvoir profiter de l’instant. Au-delà du ciseau magistral qu’il vient de propulser dans la cage de Sels (90e), et qui permet au PSG de faire plier Strasbourg, il faut dire que réussir à faire lever l’enceinte parisienne ce samedi relève de l’exploit. Car malgré la défiance, et même si le chemin de la reconquête d’un public déchiré à son égard s’annonce longue, il était écrit d’une certaine manière que Neymar y parviendrait. Le destin d’un homme qui ne fait rien pour être aimé, couplé à celui d’un joueur qui oblige à craquer pour lui. Foutue double personnalité.

« Oh regarde, c’est Neymar ! »

Sur les coups de 15h aux abords du Parc des Princes, c’est une chaleur estivale, qui a décidé de jouer la prolongation, qui accueille les premiers supporters. Le soleil, lui non plus, ne voulait visiblement pas rater le retour de Neymar au Parc des Princes. Une enceinte que le Ney’ n’a plus squatté depuis le mois de mai, et dont le come-back aux faux airs de règlement de compte est attendu de pied ferme. Après un été interminable rythmé par son feuilleton, qui était sur toutes les lèvres entre deux mots placés sur l’arrivée d’Icardi ou la première titularisation de Keylor Navas, il ne pouvait pas en être autrement. Pas étonnant alors de voir le PSG changer ses habitudes en n’organisant pas l’arrivée de ses joueurs sur son traditionnel tapis rouge au milieu de la foule. C’est donc de loin, à une dizaine de mètres, que les fans des Rouge et Bleu aperçoivent en silence Neymar, dernier à s’extirper de l’engin, suivre ses coéquipiers vers les vestiaires. Pas une insulte, presque pas un mot envers lui, si ce n’est quelques enfants qui s’exclament : « Oh regarde, c’est Neymar ! » comme s’ils s’étonnaient de voir le Brésilien encore là. Pourtant, un peu plus tôt dans l’après-midi, le gamin de Mogi das Cruzes avait préparé le terrain en s’affichant sur les réseaux sociaux avec le troisième maillot parisien, dévoilé pour l’occasion, accompagné d’un montage photo et d’une phrase : « Cours, cours comme si c’était le dernier jour du reste de ta vie » . Loin d’être anodin.

Accueil glacial

Car lorsqu’il pénètre enfin sur la pelouse du Parc des Princes à moins d’une heure du kick-off avec ses partenaires, Neymar sait que l’après-midi sera longue. Si, en apparence, rien n’est encore hostile, le numéro 10 parisien n’est sans doute pas passé à côté du communiqué du Collectif Ultras Paris, publié dans la nuit, qui appelle ni plus ni moins « à l’indifférence » le concernant. Dès la présentation des équipes, son nom est hué au contraire des autres joueurs parisiens. Un avant-goût qui confirme d’une part que la tribune Auteuil compte bien ne pas rester totalement indifférente avec lui.

Le coup d’envoi n’est pas encore donné que des « Hijo de puta » descendent des travées, et qui seront le point de départ d’une succession de chants et de banderoles assez explicatives. « Neymar Junior est une salope » , « Neymar Senior, vends ton fils à la Vila Mimosa » , « 20 millions pour rejoindre Messi, pas de putain à Paris » , entre autres. Sur le terrain, Ney’ fait mine de ne rien entendre et joue la plupart du temps en une touche de balle. Un jeu inhabituel pour lui, qui lui permet au moins d’éviter les sifflets lâchés à chacun de ses contacts avec le cuir. Ses quelques roulettes ou prises de risque, comme cette tentative de lob qui flirte avec le montant de Sels (43e) sont saluées par une partie du Parc. Preuve que certains sont déjà prêts à lui accorder leur pardon.

Ney sous une bonne étoile

Le match dans le match avec les ultras parisiens reprend d’entrée en seconde période. Neymar monte en puissance, enchaîne les rushs et c’est à la suite de l’un de ceux-là qu’il récolte en retour une nouvelle banderole : « Ton nom sur la tour Eiffel, les millions d’euros sur tes comptes, tes virées open-bar : bienvenue en enfer, Calimero ! » Neymar hausse le ton, trouve le poteau sur corner direct d’abord (84e) avant de planter le clou ensuite sur ce centre de Diallo. Le coup de sifflet final retentit, l’accolade avec Tuchel est franche, et c’est le sourire aux lèvres que l’homme sur qui tous les regards étaient braqués file en zone mixte peaufiner son opération reconquête : « Je n’ai aucun message pour les supporters, je les comprends. S’ils veulent me huer, libre à eux.(…)Je sais que maintenant, je vais jouer tous les matchs à l’extérieur. C’est dommage. Je n’ai aucun souci avec les supporters. Tout le monde sait que je voulais partir, je l’ai bien dit et répété. Maintenant, je suis un joueur du PSG. La page est tournée. » À quelques encablures de là, c’est son coach Thomas Tuchel qui se charge de tirer le rideau : « Ce n’était pas facile aujourd’hui, Ney’ est un gars très sensible. Il a bien fait aujourd’hui. Dans la vie, c’est comme ça, il ne faut pas oublier que ce n’était pas facile non plus pour les fans cet été. On doit accepter cette réaction du public, on ne doit pas juger cette réaction, c’est comme ça. Il peut mieux jouer, faire plus de dribbles, il a besoin de plus de matchs pour accélérer notre jeu. Je suis heureux de ce qu’il a offert dans ces dernières minutes. » Car oui, ce samedi soir, Neymar a quand même réussi à dessiner quelques sourires. Et s’il n’a pas oublié que tout était loin d’être gagné, il n’a pas non plus manqué de soigner celui qui va trôner sur son visage jusqu’à la prochaine fois.

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