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Neymar, ou l’art difficile de l’antiracisme dans le foot

Par Nicolas Kssis-Martov
Neymar, ou l’art difficile de l’antiracisme dans le foot

La question du racisme dans le foot n’est évidemment pas un sujet évident. D’autant plus lorsqu'il surgit dans la foulée d’un PSG-OM électrique et avec en victime potentielle un certain Neymar. La foire d’empoigne qui a suivi, les déclarations hallucinantes de Noël Le Graët, sans oublier la bataille de com' entre les deux clubs, complexifient encore davantage cette triste affaire. Surtout qu’une fois de plus, personne n’interroge les premiers concernés : les institutions du foot, les clubs et le corps arbitral. Tout peut-il se résumer à savoir qui a dit quoi ? Bref, il serait temps d'arrêter de réagir après coup et d’avoir enfin les bons réflexes. Sur le terrain, notamment.

Qu’a donc dit Álvaro Gonzalez à Neymar lors de cette triste soirée du Parc des Princes ? Les énergies intellectuelles, les experts en décryptage labial, les gens bien informés : le monde entier semble s’être mobilisé pour tenter de faire éclater la vérité. Alors, quels furent ces fameux mots ? Au-delà de la défaite du PSG, le véritable casse-tête de cette rencontre se situe bien autour de cette question et de cet instant qui a vu jaillir de nouveau le racisme dans le foot, ce en prime time. Naturellement, pour élever le débat, il conviendrait de souligner que le véritable enjeu de la lutte contre les discriminations dans le foot ne se limite pas aux noms d’oiseaux et de primates que peuvent échanger des joueurs pros sur une pelouse. Il faudrait ainsi aborder la question du visage assez uniforme offert par les instances, mais aussi d’autres choses. Bref, les dossiers prioritaires ne manquent pas.

Une opportunité à saisir ?

Aucune naïveté ne saurait nous faire oublier que dans un sport aussi médiatisé, des scandales comme celui qui nous occupe aujourd’hui peuvent, à défaut de faire avancer la cause, lever le voile ou permettre d’amener davantage sur la table les sujets qui dérangent. L’heure est à rentrer tête baissée dans ce silence complice qui permet de continuer comme si de rien n’était dans le meilleur des mondes. L’essentiel réside ici à interroger l’attitude de la Fédération, de la Ligue et des pouvoirs publics. Vont-ils s’en emparer plus ou moins intelligemment ou simplement attendre que les réseaux sociaux changent de hashtag ?

Que sait-on finalement de la nature des propos échangés entre Neymar et Álvaro ? À en croire les informations du Parisien et l’œil de son expert Francisco Miguel Mendoza Vela, expert au centre d’attention personnalisée en psychologie et en éducation (Cappe) de Madrid, le défenseur marseillais s’est bien fendu d’un inexcusable « mono de mierda » (« merde de singe », en V.F.). Pour le moment, on ignore la suite des événements, mais nul doute que l’OM continuera de défendre son salarié en soulignant qu’il « n’est pas raciste », ce qui rend presque l’insulte encore plus grave. Le PSG, de son côté, poussera pour prendre sa revanche sur ses 90 minutes cauchemardesques et venger sa star.

Éducation et manipulation

C’est peut-être le pire. Il y aurait ici matière à faire œuvre éducative et rappeler que les mots ont leur importance. Qu’associer « singe » et « noir », quoi qu’en pense un ancien président de la République pour sucer la roue de l’extrême droite, n’a rien d’anodin, ni d’excusable. Derrière le choc de cette rencontre déjà lourdement chargée en rivalités sportives, tout n’est pas permis. Que Neymar manque de cohérence politique en soutenant Jair Bolsonaro ne justifie pas qu’on tolère en retour qu’il devienne la cible d’un racisme dont la réalité ne le frappe malheureusement pas dans son propre pays. Depuis longtemps, des joueurs tirent la sonnette d’alarme, notamment en Serie A, et demandent qu’au moment même des actes lors des matchs, des sanctions soient prises et que ce ne soit pas constamment la victime qui finisse exclue ou passe pour un hystérique qui invente n’importe quel prétexte pour refuser la défaite.

Le drame de la gestion de ces insultes se trouve dans ce décalage. Traitées de manière rétroactive, ce qui laisse le pouvoir au corps arbitral de se débarrasser de l’affaire auprès des commissions de discipline, les plaintes pour racisme deviennent des objets de la juridicisation des litiges. Parfois, elles deviennent aussi un support d’instrumentalisation par les clubs. Autant de facteurs qui jettent d’un coup un soupçon sur des procédures légitimes. L’épisode Neymar devrait pourtant être l’occasion de repenser la lutte contre le racisme dans le foot, notamment pour ceux qui ne peuvent profiter de l’aura d’un tel joueur. Au contraire, il semble devenir une énième escarmouche de guerre médiatique où plus personne n’a envie de compter les points.

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