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Neymar, le retour phare

Par Chérif Ghemmour
Neymar, le retour phare

Ce dimanche après-midi à 16 heures, la Seleção affronte les maillots à damier à l’Anfield de Liverpool. Une rencontre qui devrait acter le retour de Neymar sur le terrain. Titulaire ou remplaçant ? Un point s'impose sur une longue indisponibilité qui interroge toujours quant à son état de forme à quinze jours du Mondial...

Depuis le 25 février dernier, jour de sa blessure au cinquième métatarse face à l’OM (3-0), Neymar n’a plus disputé une minute en match officiel. Sans lui, le PSG est tombé en match retour face au Real en C1, ravivant les regrets d’une qualification peut-être envisageable avec sa présence. Mais c’est au Brésil que la blessure du Ney a été vécue comme un choc national à trois mois et demi de la Coupe du monde. Déjà parce qu’on n’imagine pas une Seleção triomphatrice en Russie sans sa star. Et surtout parce qu’au Mondial 2014, tout s’était achevé en cauchemar pour les Auriverde(7-1 contre l’Allemagne et 3-0 contre les Pays-Bas), du fait de son double forfait pour blessure. À ce titre, Neymar apparaît toujours un peu comme l’Ange immaculé qui n’a pas participé au Mineirazo 2014 (équivalent du Maracanazo 1950). Inversement, c’est lui qui a porté le Brésil au titre olympique lors des JO de Rio en 2016. L’équation est simple : les espoirs des supporters brésiliens sont indexés sur les bulletins de santé de leur héros depuis le 25 février dernier.

Un retour à hauts risques…

Trésor national au même titre que Pelé autrefois, c’est la raison pour laquelle la CBF (la Fédération brésilienne) a rapatrié Neymar, l’a fait opérer au pays et l’a installé en convalescence sans se soucier des états d’âme du PSG. Si on savait que le protocole de guérison de sa blessure entrait bien dans le timingd’avant-Mondial, à la différence de Neuer, engagé dans un véritable contre-la-montre infernal pour être « opé » en Russie, Neymar a quand même pris les choses très au sérieux. En pleine rééducation, il a ainsi consulté son compatriote Gabriel Jesus, lui aussi victime d’une longue blessure. Reste que… Le Ney n’a pas repris la compétition comme il l’aurait souhaité avec le PSG lors de la fin de saison.

À la frustration et l’impatience de rejouer s’est ajoutée la crainte d’un retour quasi direct au plus haut niveau international confessée le 11 mai dernier : « Tout se passe bien, Dieu merci, mais il y a toujours cette peur de revenir et je dois perdre cette peur le plus vite possible pour arriver en forme à la Coupe du monde. Au début, c’est toujours compliqué, on a toujours peur de faire les mouvements en entier et on finit par compenser (en s’appuyant sur l’autre jambe, N.D.L.R.). » On rappelle que c’est la cheville droite qui a morflé, soit le pied fort du Brazileiroâgé aujourd’hui de 26 ans. Mais c’est tout son jeu de jambes extraordinaire basé sur des appuis forts, brusques et répétés (dribbles, courses, arrêt-démarrage-arrêt, impulsion-détente) qui nécessitera très tôt dans la compétition un état de forme optimal. Sur une action aux appuis trop sollicités, il peut « se péter » à nouveau…

Une cible facile au Mondial ?

Qui plus est, la discipline collective de la Seleção de Tite est plus exigeante que celle du PSG. Les trois attaquants de base Coutinho-Jesus-Neymar doivent participer sans relâche au pressing haut sur toute la largeur, et doivent effectuer des déplacements latéraux express pour étouffer les amorces d’attaques adverses lancées dans les couloirs. Équipe de transition par excellence quand elle pratique le contre à cent à l’heure, la vitesse et l’explosivité de Neymar sont aussi grandement mises à contribution. On le rappelle : si Neymar est bien la star de cette Seleção 2018, il est soumis à de hautes exigences tactiques qui vont au-delà de ses dribbles et de ses buts. Et puis, le foot de haut niveau ne fait pas de cadeaux : Neymar sait parfaitement qu’en Coupe du monde, il deviendra la cible facile d’adversaires qui auront tout intérêt à bien viser sa cheville droite. Pelé avait été tout bonnement abattu et mis hors course lors du Mondial anglais de 1966 : Bulgares et Portugais (dont Morais le boucher) lui avaient réglé son compte, précipitant l’élimination du Brésil au premier tour.

On plaisante ? Pas vraiment… Neymar s’énerve vite quand on le maltraite. D’où ses plaintes répétées auprès des arbitres qui dégénèrent parfois en cartons. Or, bien avant sa blessure de février 2018, Tite travaillait déjà beaucoup sur le self-control de son stratège. Son sélectionneur veut à tout prix lui éviter de prendre des cartons idiots lors du Mondial. Ce n’est pas pour rien que, d’un commun accord avec Tite, Neymar avait renoncé au capitanat avec la Seleção après la victoire olympique : la pression démesurée et les critiques démentielles avant et pendant les JO l’avaient rendu trop fébrile par moments. Ceci dit, il avait occasionnellement repris le brassard lors du Brésil-Paraguay (3-0) lors des qualifications Amsud. Enfin, dans le contexte général psychologique de cette Seleção, il ne faut pas oublier non plus le forfait de Dani Alves. Lui aussi blessé avec le PSG, le copain Dani joue depuis longtemps le rôle de grand frère auprès de son cadet. En le conseillant, en le rassurant et en le canalisant. Toutes proportions gardées, l’absence de son pote aura peut-être été dommageable dans le processus de retour en forme de Neymar…

Neymar-dépendance ?

Quoi qu’il en soit, en Russie, il faudra un Neymar parfaitement à l’aise sur ses jambes et dans sa tête ! Aux dernières nouvelles, Neymar progresse bien en vue du Mondial. Il y a quatre jours, Thiago Silva s’est voulu rassurant sur l’état de forme de son cadet, bien en jambes après une opposition dans l’équipe des titulaires à l’entraînement : « On travaille ensemble jour après jour. Il a l’esprit tranquille, il s’entraîne bien. Évidemment, il n’est pas encore au niveau du reste du groupe, car il n’a pas joué depuis trois mois. » Traduction : Neymar n’est pas encore à 100%… Or, le calendrier pré-Mondial est très léger : un amical aujourd’hui contre la Croatie, puis un autre amical contre l’Autriche le 10 juin, et mode Coupe du monde le 16 juin face aux Suisses. Une absence contre la Croatie serait le signe d’un grave problème Neymar. Mais a priori, il sera bien là. Alors s’il joue, comme on peut s’y attendre, contre les Croates, Neymar reprendra sa place habituelle au côté gauche de la ligne d’attaque du 4-3-3 estampillé Tite (Coutinho-Jesus-Neymar).

Dans le passage occasionnel en 4-1-4-1, le Ney conserve également son positionnement haut dans ce couloir. Pendant son absence, la Seleção s’était plutôt bien reconfigurée lors des deux matchs amicaux contre la Russie (3-0, le 25 mars) puis contre l’Allemagne (1-0, le 27 mars). À Moscou, c’est Douglas Costa qui avait logiquement occupé ce couloir gauche offensif, permettant à Willian de jouer devant, à droite. À Berlin, c’est Coutinho qui a comblé l’absence de Neymar à gauche avant, là encore, de laisser la place à la 73e à Douglas Costa. Le Juventinoapparaîtrait donc comme la doublure attitrée du numéro 10 parisien, prioritairement à Coutinho. Quoi qu’il en soit, Tite aura pu essayer différentes formules qui lui auront donné satisfaction. Mieux : dans le cas d’une disponibilité partielle de Neymar en tout début de Coupe du monde, sa Seleção s’avance bien articulée en attaque, ne serait-ce que pour les matchs du premier tour.

Des béquilles à laisser de côté

Voilà qui laisserait à Neymar la possibilité de monter en puissance à son rythme en jouant progressivement : une mi-temps, puis une heure, puis 75 minutes, etc. Mais des questions demeurent : et si Neymar n’était pas à 100% ? Et s’il rechutait ? En 1962, Garrincha avait suppléé le forfait précoce de Pelé au Mondial chilien. De quel autre Garrincha la Seleção 2018 dispose-t-elle, à part son collectif soudé ? Le retour attendu du Ney contre la Croatie ne serait pas anodin… Brésil-Croatie, c’était l’affiche du premier match de la Seleção au Mondial 2014. Menée 1-0 à São Paulo, elle avait vu Neymar égaliser puis lui donner l’avantage avant qu’Oscar ne plie l’affaire (3-1). Ce 12 juin 2014, Neymar avait joué au sauveur de la nation. Quatre ans plus tard, c’est ce rôle qu’il lui importe d’assumer en Russie. Christ rédempteur, encore et toujours…

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