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Nández, l’eau à la Boca

Par Ruben Curiel, à Buenos Aires
Nández, l’eau à la Boca

Ses tacles de la tête et son style de jeu font de lui le parfait joueur uruguayen. Nahitan Nández (22 ans) s'est fait une place au milieu de terrain de Boca Juniors et ne devrait pas traîner en Argentine trop longtemps. Portrait.

« Je faisais plein de conneries quand j’étais petit. Un jour, près de chez mon cousin, on s’est cachés dans un yacht. On a déconné, on est restés trois heures dedans. Tout le monde nous cherchait, la police aussi, un vrai désastre. Quand on est revenus, on s’est bien fait engueuler. Ça m’a servi d’expérience, c’est la dernière fois que je me suis caché. » En balançant cette histoire dans une interview pour El Gráfico, Nahitan Nández, milieu de terrain qui sert de définition à l’expression « garra uruguaya » , résume parfaitement le joueur qu’il est. Dans un football argentin où on loue (trop) l’engagement et les couilles, le joueur de Boca Juniors est venu ajouter un aspect technique à ce poste de milieu défensif. Et tout ça vient de ses débuts au poste de meneur de jeu, rapidement coupé par divers entraîneurs à Peñarol, son club formateur.

Gabriel González, qui a vu débarquer le gamin dans la capitale uruguayenne, explique : « Il est arrivé en tant que milieu offensif, mais il était trop désordonné pour ce poste. L’idée était de lui apprendre à jouer plus bas, avec une vision du jeu plus importante et améliorer ses notions tactiques. » Un choix judicieux qui va faire de Nández un joueur plus habile. « Il n’a jamais été un grand tacleur ou un boucher. Mais à cause de son comportement et de son caractère, il a été injustement caractérisé comme un joueur violent. J’ai vu pas mal d’arbitres s’en prendre trop à lui » , pose l’ancien coach et préparateur physique de Peñarol. Aujourd’hui, le gamin de Maldonado est devenu un pilier du Maestro Tabárez avec la sélection uruguayenne et le pion indispensable du milieu de Boca, un club qui paraît fait pour lui.

Tacles de la tête et record à Peñarol

Il y a des manières différentes de devenir l’idole d’un public. Et à Boca comme en Uruguay, on aime les joueurs qui s’arrachent pour le maillot. Nández sait le faire, comme le prouvent ses tacles de la tête désormais labellisés.

Pourtant, Gabriel González met en valeur un autre aspect de son jeu : « Il y a une progression logique dans son jeu. Il a encore cette vigueur des jeunes joueurs, mais le football argentin lui a appris autre chose : jouer avec la bonne dynamique et gérer ses efforts. » Et d’ajouter : « Quand il est arrivé à Peñarol, il était découragé parce que son transfert en Italie avait capoté. On parle d’un gamin qui a failli arrêter le foot quand il était plus jeune parce que sa ville natale lui manquait. Il a débarqué un jeudi, on lui a parlé pour qu’il comprenne qu’avec la bonne attitude, il s’imposerait ici et deviendrait capitaine. Le samedi, il a joué 25 minutes et on a compris qu’on tenait un joueur différent. » La suite se passe avec un brassard autour du bras et un record : en février 2017, il devient le plus jeune capitaine du géant uruguayen à 21 piges. Et fête ça avec un doublé. Gabriel González se souvient d’un jeune fait pour ce rôle : « Il a l’âme d’un capitaine. On le prend pour un gueulard, mais il est très tranquille, il a toujours eu une influence positive sur ses coéquipiers. Il a eu l’aide d’idoles du club comme Pacheco et Forlán. Je me souviens qu’il avait les yeux fixés sur le jeu de Tony Pacheco. » En Argentine depuis l’été 2017, le jeune milieu a suivi le même chemin : apprentissage, adaptation et installation dans le onze titulaire de Guillermo Barros Schelotto.

Pilier de la Celeste et bientôt en Europe ?

Cette évolution express, Nández la doit énormément à un homme : Óscar Tabárez. Le légendaire sélectionneur uruguayen, réputé pour ses talents de formateur. « Dès que je touchais le ballon, je voulais envoyer une passe décisive à vingt mètres de moi. Le Maestro m’a dit d’arrêter de faire ça et de penser à la meilleure solution pour l’équipe à chaque action » , explique Nández. Il se souvient de ses premiers pas avec la sélection : « Chez les jeunes, il y a une préparation calquée sur la Celeste. Le Maestro suit énormément les jeunes, il est présent aux entraînements et c’est essentiel pour nous. L’adaptation est moins difficile quand on arrive en sélection. Le rythme est différent, mais l’idée est la même. » Titulaire au Mondial russe, capable de jouer sur un côté, Nández attire désormais les yeux de l’Europe entière. Alors que l’Uruguay s’était habituée aux milieux rustiques, la nouvelle génération emmenée par Nández (Vecino, Bentancur, Torreira…) apporte une touche totalement différente au milieu à une nation en constante évolution. Pour la finale de la Copa Libertadores contre River Plate, Nahitan Nández sera la caution technique d’un milieu de terrain avec Wilmar Barrios et Pablo Pérez. Mais que les supporters de Boca ne s’inquiètent pas : il taclera avec la tête s’il le faut.

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