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Nagelsmann, le jeune premier

Par Émilien Hofman
Nagelsmann, le jeune premier

Mi-février, l’annonce de l’intronisation de Julian Nagelsmann au poste de coach principal d’Hoffenheim a surtout frappé à cause de l’âge du gaillard. Plus jeune entraîneur de Bundesliga à 28 ans, cet ancien défenseur s’est construit avec du Tuchel, du Villarreal et un peu de Jeff Strasser, aussi.

Robert Lewandowski sert le poing. Il vient de marquer un des buts les plus faciles de sa carrière. Sur son chemin pour se replacer dans son camp, il croise un compatriote, Kuba. C’est lui qui vient de lui faire la passe décisive en envoyant sa tête piquée sur le dos de l’attaquant. Robert a ensuite poussé tranquillement le cuir au fond des buts de Koen Casteels. Pour le moment, Hoffenheim est en 2.Bundesliga. Mais en ce 18 mai 2013, il était écrit que Dortmund ne maintiendrait pas son retard de 22 points sur le Bayern pour la journée finale de la saison. En deuxième période, les Borussen concèdent deux penaltys par Hummels et Weindefeller (qui sera exclu) et placent Hoffenheim sur le chemin de la victoire. Le thriller se poursuit quand, à la 93e minute, Dortmund égalise via une frappe de Schmelzer que Lewandowski est soupçonné d’avoir déviée. S’ensuivent quelques secondes de flottement avant que l’arbitre Jochen Drees ne décide finalement d’annuler le but pour un hors-jeu polonais. Le nouveau riche l’emporte et chipe du même coup la 16e place de Düsseldorf, synonyme de barrages qu’il remportera par la suite au détriment de Kaiserslautern. Sur le banc du TSG, à côté d’un Markus Gisdol surexcité, Julian Nagelsmann finit tranquillement sa chique à la Alex Ferguson. Il est heureux, et il y a de quoi : le mec vient de ponctuer sa première saison (presque) entière en tant qu’assistant par un sauvetage, le tout en ayant vu débouler trois coachs différents. Pourtant, quand on lui a proposé le poste, il a rigolé, ne croyant pas au sérieux de l’offre. Normal : il n’a que 25 ans.

De planifié à instantané

Pour le moment, la saison 2015-2016 de Julian Nagelsmann s’est résumée en deux faits d’arme. Le premier intervient en octobre, quand Hoffenheim officialise sa nomination en tant que coach principal… à partir de l’été suivant. Markus Gisdol vient tout juste d’être foutu dehors au profit du vieux Huub Stevens, dont le projet est de sauver Hoffe avant de foutre le camp. « Nous savons que c’est une étape audacieuse, mais nous voyons en lui un immense talent et nous voulons lui donner sa chance » , se justifie alors le club par la voix de son directeur sportif Alexander Rosen, qui se félicite de cette preuve de vision à long terme. Le deuxième point d’orgue de Nagelsmann tombe le 10 février dernier, quand il prend officiellement la place de Stevens, qui se retire pour raisons médicales. « Je relève un sacré défi que la situation actuelle de l’équipe au classement alourdit bien sûr encore. Mais cela ne me fait pas peur du tout. Je suis prêt… » lance alors celui qui n’a pas pris plus de deux ans supplémentaires dans les jambes : il a 28 ans. Il devient par la même occasion le plus jeune coach de l’histoire de la Bundesliga… à moyen terme, du moins. Le 23 octobre 1976, Bernd Stöber, 24 ans, a en effet coaché le 1. FC Saarbrücken l’espace d’une rencontre. Il avait ramassé un 5-1 à Cologne avant de rendre son veston.

Précoce aux examens

Mais comment expliquer qu’un gamin de 28 ans puisse déjà se retrouver sur un banc de Bundesliga ? « Parce qu’il a une grande intelligence tactique et est très rapide dans ces décisions… Il m’a notamment impressionné quand il a réalisé ses examens écrits pour passer son diplôme UEFA Pro, témoigne Jeff Strasser, collègue de classe de Julian entre juin 2015 et la semaine dernière. On avait à chaque fois trois heures de temps et il terminait tout ça en deux temps trois mouvements. Je me suis toujours demandé comment il faisait… » Diplômé depuis quelques jours, Julian Nagelsmann a pourtant derrière lui un passé de joueur encore moins impressionnant que celui d’Arsène Wenger ou de Louis van Gaal.

Nagelsmann est un enfant de Landsberg am Lech, en Allemagne de l’Ouest. Gamin, il enchaîne les équipes d’âge d’Augsburg et de Munich 1860. Grand défenseur central, Julian n’a pas le talent nécessaire pour faire ses débuts à 19 ans avec l’équipe première de Munich. Il est alors envoyé dans la réserve du club, en Regionalliga Süd (D4), où il ne reste finalement qu’une saison aux côtés des frères Bender et de José Holebas. Été 2007, c’est le retour à Augsburg, en Landesliga Bayern-Süd (D6), où sa carrière… prend fin à la suite d’une blessure au genou – la classique – survenue durant un match d’U19 contre l’Eintracht Frankfurt. Le défenseur vivra un enfer de deux ans avant d’être remis sur pied sans pour autant reprendre le collier. Mais son passage au sein de l’équipe II d’Augsburg n’aura pas servi à rien : Nagelsmann a en effet rencontré Thomas Tuchel, alors âgé de 34 ans et parfaitement inconnu dans toute l’Allemagne, mais qui aura une influence particulièrement importante sur l’orientation de la carrière de son ex défenseur.

« Entraîner est bien plus agréable que jouer »

Néanmoins, avant de se lancer dans le coaching, Julian se dirige d’abord vers les études. Il obtiendra ainsi son bac en sciences du sport. Mais il revient vite vers les terrains et décide d’entraîner à Augsburg et Munich 1860 (tiens tiens) avant de rejoindre Hoffenheim où il s’occupe successivement des U17 puis des U19. C’est avec ces derniers que Nagelsmann va connaître ses premiers succès en remportant le championnat allemand en 2014 avant de finir deuxième la saison d’après. Son travail est apprécié et remonte même aux oreilles des joueurs de l’équipe première où le futur catcheur Tim Wiese le surnomme « Mini Mourinho » . « Entraîner est bien plus agréable que jouer » , expliquait en tout cas l’enfant du coaching à A Football Report en 2013. « En tant que joueur, tu ne peux que t’entraîner. Mais en tant que coach, tu penses à ce que tu dois faire pour améliorer l’équipe ou des moments particuliers de la rencontre. » Sa philosophie ? Attaquer l’adversaire jusqu’à son propre but… « Parce que le chemin vers le but n’est pas long si tu récupères le ballon très haut » , poursuit celui qui admire le jeu de Villarreal et la confiance qu’on y fait régulièrement aux jeunes entraîneurs.

Dragué par le Bayern

Avant d’obtenir sa chance en tant que coach principal d’Hoffenheim, Julian Nagelsmann a été approché l’été dernier par le Bayern Munich pour s’occuper des jeunes, preuve que son travail séduit l’Allemagne. Mais il a préféré rester à Sinsheim où, après six matchs à la tête du TSG, il possède actuellement un bilan de 10 sur 18, ce qui n’étonne pas son confrère Jeff Strasser. « Quand on parle tactique avec lui, on sent qu’il est très clair dans ce qu’il recherche. Et lors des premiers matchs qu’il a coachés, on a vu qu’il savait développer plusieurs systèmes tactiques, cela prouve qu’il sait s’adapter aux différentes situations. » Et là, la situation d’Hoffenheim est claire : il reste huit matchs pour se sauver… « Ce que je préfère voir écrit un jour sur Wikipedia, plutôt que je suis le plus jeune entraîneur de l’histoire de la Bundesliga ! » ponctue Nagelsmann au Football Report.

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