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M’Vila, pour sauver la maison verte
Grand espoir du football français lors de ses débuts sous le maillot rennais, Yann M’Vila s’est ensuite perdu en Russie, au Rubin Kazan, qu’il a rejoint en 2013. Après deux prêts mitigés à l’Inter puis à Sunderland, M’Vila s’est engagé avec l’ASSE jusqu’en juin 2019. Sa principale mission ? Sauver les Verts.
Que ces semaines paraissent longues et difficiles dans le Forez. À la peine en championnat (seizièmes avec deux points d’avance sur Angers, 19e), les Verts comptent sur ce mercato hivernal pour attirer plusieurs joueurs, sortir la tête de l’eau et calmer la grogne montante chez les supporters. Ciblé depuis plusieurs semaines, l’international serbe Stefan Mitrović aurait dû devenir la première recrue stéphanoise du mercato. Mais le défenseur de 27 ans est finalement rentré en Belgique, à La Gantoise, après avoir échoué aux tests lors de sa visite médicale. Un concours de circonstances qui passe mal auprès du public ligérien. Pointée du doigt après le mercato estival raté (Diony, Janko, Gabriel Silva, Hernani), la cellule de recrutement s’est donc concentrée sur d’autres pistes, notamment celle menant à l’ex-international français Yann M’Vila. Parti s’exiler au Rubin Kazan après des débuts très prometteurs sous le maillot rennais entre 2008 et 2013, le joueur de 27 ans souhaitait quitter le club russe qui ne le payait plus depuis quatre mois. À l’affût d’une belle affaire, les Verts se sont entendus avec le joueur avant de lui faire signer un contrat de dix-huit mois (juin 2019) une fois l’officialisation de la résiliation du contrat qui le liait avec le Rubin Kazan prononcée.
Les retrouvailles avec Jean-Louis Gasset
Yann M’Vila, international à vingt-deux reprises entre 2010 et 2012, retrouve ainsi Jean-Louis Gasset, qui l’avait lancé en équipe de France avec Laurent Blanc. Et le nouvel entraîneur des Verts ne semble pas tout à fait étranger à la venue de l’ancien Rennais dans le Forez. Après la victoire en Coupe de France face à Nîmes dimanche dernier (2-0), l’ex-adjoint du Président s’était d’ailleurs montré dithyrambique à son égard : « C’est un joueur que j’adore. Si un jour, je l’ai face à moi avec un maillot vert, alors je serai très content. » L’arrivée de M’Vila, combinée au retour de prêt anticipé de Robert Berić, déjà décisif en Coupe de France, démontre la volonté des dirigeants stéphanois d’insuffler un nouveau souffle au sein du club. « L’ASSE a des ressources et nous nous donnons les moyens de rebondir lors de cette deuxième partie de saison, témoigne Roland Romeyer sur le site officiel du club. L’arrivée de Yann montre aussi que Saint-Étienne reste un club attractif. »
Si Bernard Caïazzo et Roland Romeyer souhaitaient restructurer le club en en confiant la direction sportive à Alain Roche, c’est finalement Frédéric Paquet, un ancien dirigeant du LOSC (2000-2015) qui a hérité du poste de directeur général à la suite du refus de l’ex-joueur du PSG, aujourd’hui consultant pour Canal +. Une nouvelle qui a d’ailleurs séduit jusque chez le rival lyonnais, puisque Jean-Michel Aulas, président de l’OL, s’est fendu d’un tweet pour commenter la nouvelle et stopper la polémique autour d’une supposée inimitié qu’il entretiendrait avec le nouveau DG des Verts : « Pourquoi voudriez-vous que je n’apprécie pas Frédéric Paquet ? Bien au contraire, c’est quelqu’un de compétent, que j’apprécie beaucoup et il va faire beaucoup de bien à l’ASSE. » En pleine restructuration interne, le club ligérien pourrait bien frapper à nouveau d’ici fin janvier puisque les noms de Paul-Georges Ntep (Wolfsburg) et Neven Subotić (Dortmund) reviennent avec insistance du côté des terrains de l’Étrat ces derniers jours.
Plus le droit à l’erreur
Reste encore à savoir quel visage montreront Yann M’Vila et d’autres éventuelles recrues lors de cette deuxième partie de saison. Le milieu de terrain aux « passes Ligue des champions » selon les dires de son premier entraîneur à Rennes Frédéric Antonetti, a enchaîné les matchs avec le Rubin Kazan et ne semble pas avoir perdu ses capacités techniques ni son jeu long de grande qualité. Cependant, il devra rapidement rehausser son niveau physique et athlétique pour pouvoir répondre aux exigences du championnat de France. Après un prêt manqué en Italie à l’Inter (14 matchs) en 2014-2015 et une autre expérience plus concluante à Sunderland la saison suivante, M’Vila s’était vu dans l’obligation de prolonger avec Kazan à la suite du refus des Blackcats de le conserver, en dépit de ses désirs de rester dans le nord de l’Angleterre.
Souvent associé aux rubriques insolites des actualités propres au monde du football ces dernières années (virée en taxi avec les Espoirs, saccage de sa maison en Russie, victime de tentative d’extorsion de fonds à Moscou), Yann M’Vila sait parfaitement qu’il devra se tenir à carreaux dans le Forez. Si la situation semble assez critique du côté de Geoffroy-Guichard, il est impossible pour le public stéphanois d’imaginer les Verts redescendre en Ligue 2, quatorze ans après avoir retrouvé l’élite. À 27 ans, alors que sa carrière n’a pas pris la trajectoire escomptée après ses débuts rennais, Yann M’Vila n’a plus le droit à l’erreur s’il ne veut pas se retrouver dans le tiroir déjà bien rempli des espoirs déchus une fois sa carrière terminée. Rien de mieux qu’un beau challenge sportif pour remédier à ça.
Par Maxime Feuillet