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Montolivo tapis

Par Florian Cadu
Montolivo tapis

Victime d’une blessure qui le rend indisponible pour au moins six mois, Riccardo Montolivo aura du mal à revenir au top. Car depuis quelque temps, le sort s’acharne. Et ce pépin physique pourrait bien être celui de trop.

Et le genou gauche lâcha. La demi-heure de jeu ne s’était pas encore écoulée au Juventus Stadium de Turin, lieu de la confrontation entre l’Espagne et l’Italie pour le compte des éliminatoires de la Coupe du monde 2018, quand la jambe de Sergio Ramos vint choquer violemment celle de Riccardo Montolivo. Ce dernier, ne voulant pas y croire, s’essaya à quelques pas. Parce qu’au contraire de son genou, son mental ne le trahit jamais.

Mais le milieu de terrain a dû se résoudre à l’évidence sur son brancard : la blessure qu’il venait de subir le laisserait sur le carreau pour un long moment. Comme un symbole de sa réussite actuelle. Comme un coup de poignard venu achever le Milanais. Comme une fin de parcours imposé qu’il avait tenté coûte que coûte d’éloigner le plus longtemps possible. Giacomo Bonaventura pouvait le remplacer avec la certitude d’avoir plus de temps de jeu en sélection comme à Milan. Car on n’est pas près de revoir le sosie de Gad Elmaleh le plus classe du monde.

Les images, à pleurer, sont terribles. Pourtant, la rupture du ligament croisé du joueur, qui l’obligera à passer bientôt sur le billard, n’a pas trop remué la communauté footballistique. Préférant relater la boulette de Gianluigi Buffon ou l’exclusion de Graziano Pellè pour mauvais comportement, elle n’a laissé que peu de place à la blessure d’un joueur qu’elle adorait regarder il fut un temps. Oui mais voilà, le temps passe et avec lui, tout fout le camp. À trente et un ans, Montolivo ferait presque déjà partie de la catégorie des vieux. Et la hype qui voyait en lui l’un des footballeurs les plus élégants qui soient entre 2010 et 2013 est définitivement achevée.

Car en vérité, Riccardo est plus ou moins tombé aux oubliettes depuis quelques années. Bien loin est l’époque où certains l’imaginaient comme un « nouveau Pirlo » . Le natif de Caravaggio, qui connaît sa première sélection à vingt-deux ans (en 2007), s’est d’abord forgé sa réputation à la Fiorentina, où il enquille ses trente à quarante matchs annuels chaque saison entre 2006 et 2012. Devenu entre-temps capitaine de son club (en 2010,) la Viola le prive de brassard lorsqu’elle se rend compte que son poulain entre dans la peau du traître. C’est là que les déboires débutent pour Montolivo : en 2011-2012, ne souhaitant pas prolonger son contrat pour pouvoir partir libre, il passe l’année sous les insultes de ses propres tifosi.

Capitaine abandonné et détesté

L’Italien croit rebondir en participant à l’Euro, durant lequel il atteint la finale perdue contre l’Espagne en tant que titulaire (4-0), puis en signant pour le grand AC Milan. Là aussi, il se mue en leader dans une équipe qui en manque cruellement avec les départs successifs de tous les cadres historiques (Clarence Seedorf, Massimo Ambrosini, Filippo Inzaghi…). Un an seulement après son arrivée, il acquiert même le statut de capitaine. Sauf qu’en plus des critiques sur son niveau de jeu, Montolivo subit sa première grosse blessure en fin de saison. En juin 2014, son tibia cède, le privant de football pendant 164 jours et surtout de Mondial brésilien. S’ensuivent des mois de galères, durant lesquels Gad ne participera qu’à dix rencontres de Serie A.

Sans effectif de qualité, les Rossoneri lui font de nouveau confiance en 2015-2016, mais Montolivo devient le symbole d’un Milan qui se cherche, incapable de se fixer des ambitions élevées et bien loin de ses succès passés. Et alors que la sélection représente un peu le bol d’air du milieu, badaboum : déjà opéré l’été précédent, des problèmes musculaires le condamnent à rester devant sa télé pour regarder ses compatriotes à l’Euro français. Un coup de massue pour celui qui est dans le viseur des supporters milanais, dont une partie a carrément lancé une pétition « Anti-Montolivo » .

Condamné au palmarès vierge ?

Cette saison, après sept matchs de championnat, bis repetita : le malchanceux s’explose le genou avec une équipe nationale où il a quasiment toujours conservé une place de titulaire malgré les aléas. Le coup de grâce ? « Il me manque des trophées, je n’en ai aucun. Cependant, je suis fier(…)J’ai joué la Confederation Cup, une finale de Coupe d’Europe, et un Mondial, presque deux. Les circonstances m’ont tenu loin des victoires, car il y avait peut-être des joueurs meilleurs que moi dans les grandes équipes. » Voilà ce que disait Riccardo Montolivo en janvier 2015 dans la Gazzetta dello Sport. On craint que ce ne soit désormais le bilan définitif de sa carrière.

Par Florian Cadu

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