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  • Ligue 1
  • J28
  • Monaco-Bordeaux (2-1)

Monaco retourne Bordeaux à Louis-II

Par Théo Denmat
Monaco retourne Bordeaux à Louis-II

Mal engagés dans la partie après avoir encaissé l'ouverture du score de Valentin « double V » Vada, la bande à Jardim a renversé la vapeur via ses deux meilleurs joueurs du soir : Jovetić et Rony Lopes. Caviar en l'air, terroir à terre.

AS Monaco 2-1 FC Girondins de Bordeaux

Buts : Jovetić (45e) et Rony Lopes (70e) pour Monaco // Vada (32e) pour Bordeaux

Les Césars d’un côté, le Salon de l’agriculture de l’autre. La France du caviar contre la France du terroir. Le rouge sang face au bleu nuit, Monaco contre Bordeaux. En s’imposant logiquement dans sa propre enceinte, le club du Rocher repart avec la médaille de la plus belle vache de traite après un concours qui aurait dû être plié plus tôt. Car sans faire offense aux produits bordelais présentés ce soir sur l’étal, ces derniers manquaient clairement de saveur.

Vada en croûte et Jovetić punch

Quiconque aura un jour fait corps avec la vague humaine du Hall 3 du Salon de l’agriculture ne sera pas surpris par l’affirmation suivante : pas la peine de chercher, il n’existe pas de stand de spécialités culinaires monégasques. Pourquoi ? Simple, si les mignardises du Rocher se dégustent bien dans un salon, il s’agit plutôt du modèle couvert de velours où l’on peut se repaître des matchs de l’AS Monaco. Attention, à en croire les racontars, le millésime serait moins bon cette année. « Regardez, regardez mon bon Jovetić, regardez la bête ! 79kg de muscles et des cuisses fortes comme un bœuf » , s’époumone pourtant un marchand portugais en bord de piste. L’animal défile sur scène, frétillant, musculeux, manquant d’un poil de précision pour réellement impressionner le juge Costil (16e). Il faut dire qu’en face se dresse un habitué des grandes expositions, Bordeaux et ses forces multiples : le vin, le cannelé, les bouchons à la pâte d’amande et son Vada en croûte… Cette jeune spécialité du pays permet d’ailleurs à un cuisinier uruguayen venu s’installer là de repartir contre toute attente avec le premier prix de la soirée (1-0, 32e).

Les langues persiflent : c’est ça Monaco ? Le champion de l’Aubrac de l’an passé ? Slalomant entre les badauds comme Alexis Pinturault sur une piste de ski, deux agriculteurs indépendants fraîchement implantés, Ghezzal et Rony Lopes, manquent tour à tour leur démonstration bovine en trébuchant tout près de la sortie. La tactique avait pourtant été répétée depuis des jours pour vendre un maximum : lancer les produits loin, loin dans la foule, afin de surprendre le public dans son dos. Paraît-il que la chose est marketée. Et effectivement, quelques secondes avant la pause dinatoire, Jovetić, décidément très en forme, réceptionne à merveille une bouteille de Château Latour né des vignes de la maison Lemar, un grand nom en recherche de sa renommée passée (1-1, 45e). Pause, modernité et terroir filent partager un pain de campagne avec du saucisson.

Grand cru étranger

Car il faut le dire, la section qui vient s’annonce palpitante. C’est celle des vins. Après les concours animaux et les classiques courses au poids des bœufs de compétition – une partie profitable aux Monégasques –, place à la finesse des cépages bordelais. Les hommes du Rocher se défendent bec et ongles, enchaînant les dégustations de créations originales, dont une signature qui retient l’attention du jury : le « Rony Lopes » 2018, un incroyable nectar à la robe rouge sang, léger, fruité, mis en bouteille dans les environs de Belém, au Portugal. Un régal (2-1, 70e). Coup dur sur les crânes bordelais : les voilà distancés dans l’esprit du public sur l’épreuve où ils étaient justement censés faire la différence. On peut d’ailleurs leur reprocher une animation insuffisante dans leurs différents stands, un souci probablement imputable à l’absence du fameux trublion du salon, le célèbre Malcom, laissé à la maison après avoir feint de recracher son vin lors d’une dégustation.

C’est une leçon que retiendra probablement l’enseigne Poyet, encore une fois défaite après avoir engrangé les premiers points du concours. Le relâchement ne pardonne pas. Tenir la bête par son collier du poing gauche, et serrer les mains façon mitraillette avec son membre libre, voilà la recette du succès. Le salon se referme sur une goutte d’inachevé pour les Bordelais, qui laissent en plus leurs grands rivaux niçois ramener un trophée à l’écurie. La soirée est visiblement vouée à se terminer devant ces ouvertures d’enveloppes de stars stressées et quelques vannes à plat de Manu Payet. Soirée caviar, qu’ils disaient. Dis, Gus, il a pas pris un coup cette saison, l’esturgeon ?


Girondins de Bordeaux (4-3-3) : Costil – Sabaly, Baysse, Pablo (Koundé (31e), Poundjé – Plašil, Lerager, Vada (Laborde, 77e) – De Préville, Braithwaite, Kamano (Youssouf, 64e). Entraîneur : Gustavo Poyet

AS Monaco (4-2-3-1) : Subašić – Sidibé, Raggi, Jemerson, Jorge – Moutinho, Fabinho – Ghezzal (Baldé, 64e), Lemar, Rony Lopes (Tielemans, 80e) – Jovetić (N’Doram, 90e). Entraîneur : Leonardo Jardim

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