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Mitroglou, les années döner

Par Julien Duez
Mitroglou, les années döner

En affrontant le RB Leipzig ce soir, Kostas Mitroglou retrouvera le pays dans lequel ses parents ont émigré lorsqu'il n’était qu’un tout petit garçon : l’Allemagne. Avant de connaître la Coupe d’Europe avec l’Olympiakos, le natif de Kavala a fait toutes ses classes non loin de la frontière néerlandaise, où sa famille vit toujours.

Les années 1990 ont offert beaucoup de choses au monde, notamment un quart d’heure de gloire à la région Niederrhein. À cette époque, le MSV Duisburg et le KFC Uerdingen sont tous deux pensionnaires de l’élite. Entre les deux se trouve la commune de Neukirchen-Vluyn, là où à la même époque arrivent M. et Mme Mitroglou, accompagnés de leurs fils Konstantinos et Haralambos. Venu de Kavala, une ville située sur la côte de la mer Egée, le couple est venu chercher une vie meilleure en Allemagne et s’installe aux abords de la frontière néerlandaise, où réside une importante communauté grecque, à commencer par l’oncle Savas qui y tient toujours un snack-bar. Aujourd’hui, Duisburg évolue en D2 et Uerdingen en D4, mais ce jeudi, face à Leipzig, Kostas, l’enfant du pays, se chargera de représenter sur la scène européenne la région qui l’a vu grandir.

Surdoué et acharné

Dès l’âge de six ans, Kostas tape ses premiers ballons au Preußen Vluyn avant de passer chez le rival local du SV Neukirchen. À l’époque, il n’est pas encore le renard des surfaces connu de l’Europe entière. « Il jouait comme Marco Reus aujourd’hui, partant du couloir gauche en direction de l’axe et du but » , raconte Achim Apitzsch, son entraîneur pendant six ans et qui se souvient « d’un véritable footballeur de rue qui vivait pour le sport » . Très vite, Mitroglou se fait remarquer pour ses capacités physiques et le sens du but qui a fait sa réputation depuis. « Techniquement, il était très bon, il avait déjà une bonne lecture du jeu et physiquement, il était au-dessus des autres, poursuit Achim Apitzsch. En outre, il était plutôt rapide. On pourrait penser le contraire à cause de sa manière de courir peu orthodoxe, mais ce n’était pas le cas. » Son protégé franchit les catégories d’âge une à une et s’affirme comme un buteur en série en battant les équipes de jeunes des grosses cylindrées du coin, Cologne et Mönchengladbach en tête. « Le meilleur match, c’était en Coupe locale contre le Fortuna Düsseldorf. On perdait 1-6 avant de finalement s’imposer 9-6 en prolongation. Et Kostas en a mis trois ! » , conclut le coach.

De Mitroglou à Mitrogol

Un tel profil ne pouvait laisser indifférent un centre de formation réputé comme celui du MSV Duisburg, que Mitroglou intègre à 15 ans, avant de rejoindre le Borussia Mönchengladbach quatre ans plus tard. Pour sa première saison en Bundesliga U19, il remporte le trophée de meilleur buteur, ce qui lui permet de commencer à goûter à la réserve des pros et d’être appelé avec la sélection grecque U19, avec laquelle il participe à l’Euro 2007, dont il termine finaliste et meilleur buteur, à égalité avec Kévin Monnet-Paquet. Devant une telle ascension, l’étape suivante s’appelle logiquement Bundesliga. Hélas, le passage avec la réserve des Fohlen s’avère une marche plus difficile à franchir. En vingt-trois apparitions, il ne plante pas un seul pion et se grille aux yeux des clubs de l’élite. Le salut vient alors de son pays natal : impressionné par ses performances avec les U19 grecs, l’Olympiakos tient absolument à rapatrier coûte que coûte ce jeune talent au pays. L’affaire est pliée en 2007 pour 200 000 euros et le plus grand bonheur de son père Georgios, supporter du club du Pirée devant l’éternel. En Grèce, Mitroglou devient « Mitrogol » , mais lors de ses premières années, il se fait encore – presque évidemment – appeler « l’Allemand » , comme la langue qu’il maîtrise aussi bien que celle de ses parents.

En 2007, Kostas Mitroglou avait croisé la route de l’Allemagne en demi-finales de l’Euro U19. Parmi ses adversaires, on trouvait alors Boateng, Höwedes et Özil, qu’il pourra regarder cet été défendre les couleurs de sa deuxième patrie à la Coupe du monde, la Grèce n’étant pas parvenue à décrocher son ticket pour la Russie. En attendant, du côté du snack-bar de l’oncle Savas à Neukirchen-Vluyn, le match contre Leipzig comptera comme une occasion de vibrer en bleu et blanc.

Par Julien Duez

Propos d'Achim Apitzsch recueillis par fussball.de

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