S’abonner au mag
  • C3
  • Quarts
  • Dinamo Zagreb-Villarreal

Mislav Oršić, la dynamite de Zagreb

Par Alexandre Delfau et Quentin Ballue
Mislav Oršić, la dynamite de Zagreb

Partir pour mieux revenir. Tel est le chemin qu'a choisi d'emprunter Mislav Oršić. Avant de foudroyer Tottenham en huitièmes de finale de Ligue Europa, le natif de Zagreb a pris de la distance en allant rouler sa bosse en Italie et en Slovénie, mais surtout en Corée du Sud et en Chine. Des étapes qui ont permis à l'ailier de revenir au pays par la grande porte, pour devenir la nouvelle star du Dinamo et embrasser une carrière internationale sous le maillot à damier.

Un crochet du gauche puis un enroulé du droit pleine lucarne, un plat du pied plein cadre, un festival de dribbles et un intérieur du pied le long du poteau, voici comment Mislav Oršić est devenu en quarante minutes le bourreau continental de Tottenham (3-0). L’ailier gauche a envoyé à lui tout seul le Dinamo Zagreb en quarts de finale de la Ligue Europa, seule compétition européenne remportée par le club de la capitale croate, en 1967, sous l’appellation « Coupe des villes de foire » . En martyrisant les reins de Serge Aurier et les filets d’Hugo Lloris, Oršić est devenu le deuxième joueur de l’histoire à inscrire un triplé aux Spurs, tout comme il est devenu le deuxième de l’histoire à planter trois buts à une équipe anglaise en Ligue Europa.

Vidéo

Le hat trick, sa marque de fabrique, puisqu’il a réitéré pareille performance lors de sa première titularisation chez les pros, avec l’Inter Zaprešić en 2010, puis à cinq reprises depuis sa signature à Zagreb à l’été 2018, dont un, presque aussi iconique que celui infligé à Lloris, face à l’Atalanta, lors de la précédente campagne de Ligue des champions (4-0). Son arrivée chez les Purgeri ( « les citoyens de Zagreb » en croate) n’en est d’ailleurs pas vraiment une pour celui qui y est né, y a grandi et a toujours rêvé de porter haut les couleurs bleues du Dinamo. Si « après avoir fait le tour du monde, tout ce qu’on veut c’est être à la maison », Mislav Oršić a décidé de prendre ces lignes d’Orelsan à bras-le-corps pour en vérifier le bien-fondé.

« Un petit Mbappé »

Après avoir fait ses débuts dans le grand bain avec l’Inter Zaprešić, une petite ville croate d’environ 25 000 habitants, le natif de Zagreb a décidé d’aller voir ailleurs dès ses 20 ans, lorsque le club est relégué en deuxième division en 2013. Il débarque à La Spezia, au bord de la mer de Ligurie, pour y évoluer en Serie B. « À La Spezia, il y avait un président honoraire(Gabriele Volpi, également propriétaire du club de Rijeka, NDLR)qui avait des liens avec une équipe croate, ce qui fait qu’on avait beaucoup de Croates qui venaient jouer avec nous. Ils étaient sept ou huit dans l’équipe type », fait savoir Francesco Migliore, passé par le centre de formation de l’Olympique lyonnais et latéral gauche des Aquilotti de 2013 à 2017. L’Italien se souvient d’un Oršić « très gentil, très timide, et qui écoutait les conseils ». Avec déjà de quoi impressionner balle au pied à l’entraînement, mais pas encore en match. « Le talent qu’il avait s’est vu tout de suite. Même si, à l’époque, il était encore très jeune, donc il lui manquait du caractère, mais techniquement, c’était déjà très lourd, appuie Migliore. Quand je vois ses actions aujourd’hui et les photos, le changement musculaire est impressionnant. Ce n’est pas Mbappé, mais presque.(Rires.)C’est un petit Mbappé. Il a cette nouvelle caractéristique d’attaquant qui bouge, qui ne reste pas en pointe et qui peut décrocher ou jouer sur un côté. »

Après onze bouts de match en Italie, l’ailier rejoint à l’été 2014 le club croate de Gabriele Volpi, le HNK Rijeka. « Matjaž Kek(l’entraîneur de Rijeka à l’époque)a dit qu’il comptait sur lui, mais après seulement 45 minutes de match contre Triglav, on lui a dit qu’il devrait aller jouer avec l’autre équipe de Rijeka en troisième division, raconte Branko Hucika, l’agent d’Oršić. Nous ne voulions pas accepter ça. Nous sommes donc allés à Celje(Slovénie), où il a constamment joué avec l’ancien entraîneur de Rijeka, Simon Rožman. Et puis Oršić s’est retrouvé en Corée du Sud. » Une arrivée en Asie à 22 ans seulement, aux Jeonnam Dragons, à laquelle Branko Hucika n’est sans doute pas étranger, lui qui a joué pour l’Ulsan Hyundai (Corée du Sud), Shonan Bellmare (Japon) et Tampines Rovers (Singapour) au début des années 2000.

L’éveil au Pays du matin calme

Deux saisons, 14 buts et 11 passes décisives plus tard, le Croate débarque en Chine, à Changchun. Pour seulement sept mois. « Il a eu des choix de carrière très étranges par rapport à la valeur intrinsèque du joueur et à son âge, analyse Julien Gorius, passé par le club de la province du Jilin en 2016. Ça m’avait marqué parce que quand moi, je rejoins la Chine, j’ai 31 ans, je suis plus sur la fin, et lui est au début. On voyait déjà à l’époque qu’il avait le potentiel pour jouer en Europe, il a fait des choix plus financiers que sportifs dans un premier temps. » La greffe avec la Chinese Super League ne prend pas, alors il revient chez le voisin coréen, où tout le monde l’appelle « Orcha » , difficulté pour les locaux de prononcer son nom oblige. En terrain connu, mais cette fois sous les couleurs de l’Ulsan Hyundai. Bingo : il devient rapidement le détonateur d’une équipe vainqueur de la coupe nationale en 2017, avec des buts plus beaux les uns que les autres. Tout y passe, du coup franc direct au slalom, en passant par la frappe venue d’ailleurs. Ce qui lui offre un billet retour pour Zagreb, où l’attend le Dinamo. Le conte de fée ne s’est pas arrêté là : 13 buts lors de sa première saison, 21 lors de la suivante, déjà 19 pour l’exercice en cours, et un statut d’international depuis septembre 2019.

« C’est un ailier complet et il le montrait déjà dès ses premières années, donc je ne suis pas surpris, témoigne Tomislav Šarić, qui l’a côtoyé chez les jeunes et au début de sa carrière pro à Zaprešić. Je suis fasciné par son endurance. Être capable de travailler pendant 90 minutes en défense et en attaque, avec la même intensité, c’est vraiment une grande qualité. Je me souviens d’une fois où notre entraîneur Ilija Lončarević, qui est très strict et pas très bon pour faire des compliments, a dit à Mislav qu’il pouvait devenir un super joueur. Et on s’est tous mis à rire parce qu’on n’aurait jamais imaginé qu’il dise ça… Eh bien, il avait raison ! » Tout comme ses récentes prestations ont donné tort à West Bromwich de ne pas avoir voulu faire un petit effort. En déchirant le cœur des Spurs, Oršić a aussi rouvert une plaie dans celui des fans des Baggies. Le Croate était en effet tout proche de rejoindre les Midlands en janvier 2020. Quatorze mois plus tard, WBA, avant-dernier de Premier League avec la deuxième plus mauvaise attaque, se dirige tout droit vers le Championship. À des années-lumière du quart de finale de Ligue Europa contre Villarreal que va vivre Mislav Oršić, qui a compris que la terre était ronde, pour une seule bonne raison.

Dans cet article :
Dans cet article :

Par Alexandre Delfau et Quentin Ballue

Tous propos par AD et QB sauf ceux de Branko Hucika, issus de Sportske Novosti.

Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

20
Revivez France-Belgique (2-0)
Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

Croatie

Mislav Oršić

11
Revivez Croatie-Italie (1-1)
Revivez Croatie-Italie (1-1)

Revivez Croatie-Italie (1-1)

Revivez Croatie-Italie (1-1)
22
Revivez le match Croatie - Albanie  (2-2)
Revivez le match Croatie - Albanie (2-2)

Revivez le match Croatie - Albanie (2-2)

Revivez le match Croatie - Albanie (2-2)
24
Revivez Pays-Bas - Croatie (2-4)
Revivez Pays-Bas - Croatie (2-4)

Revivez Pays-Bas - Croatie (2-4)

Revivez Pays-Bas - Croatie (2-4)

Europa League