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Milan sans Maldini : un monument d’égarement

Par Tristan Pubert

Milan a été victime d'un tremblement de terre. Après la première secousse (prévisible) de la retraite de Zlatan Ibrahimović, la seconde a été bien plus brutale : le board américain a décidé de se séparer de Paolo Maldini, directeur technique des Rossoneri et légende vivante du club.

Milan sans Maldini : un monument d’égarement

Dimanche dernier, San Siro est ému aux larmes. Zlatan Ibrahimović annonce sa retraite au pas de « sa deuxième maison », sous les yeux d’un Paolo Maldini qui peine lui aussi difficilement à cacher ses émotions. Ce qu’il ne sait pas, c’est que lui aussi vit ses derniers moments avec le costume de directeur technique. Le lendemain, la fameuse réunion annuelle avec la direction est prévue pour faire le point sur la saison, les ambitions sur le mercato, les points positifs et négatifs. Une réunion des plus normales, mais qui va alors rapidement tourner au pugilat. En effet, RedBird et son CEO Gerry Cardinale ne sont plus vraiment convaincus par l’emblématique capitaine rouge et noir, au club depuis ses 10 ans (il en a 54 aujourd’hui) et à ce poste depuis 2019. La nouvelle se répand, les médias italiens lâchent la bombe : Paolo Maldini est viré.

On est tous sous le choc, tant sur le fond que sur la forme. Les joueurs le sont aussi, ils ont perdu deux figures comme Zlatan et Paolo en 24 heures. C’est aussi dur que brutal.

Un salarié

Ce mardi, en fin d’après-midi donc, l’officialisation est donnée par le club rossonero dans un communiqué : « Nous le remercions pour son travail ces dernières années, avec le retour du Milan en Ligue des champions et surtout le Scudetto remporté lors de la saison 2021-2022. Ses responsabilités seront confiées à un nouveau groupe de travail en collaboration avec l’entraîneur de l’équipe première. » Cinq lignes, pas plus pas moins, pour dire au revoir à ce monument, que beaucoup pensaient intouchables puisque c’est une des caractéristiques d’un monument. En effet, en Lombardie, ce n’est pas tant ce licenciement qui fait jaser, mais bien la manière. Comment est-il possible d’indiquer la porte à Maldini de la sorte ? « On est tous sous le choc, tant sur le fond que sur la forme. Les joueurs le sont aussi, ils ont perdu deux figures comme Zlatan et Paolo en 24 heures. C’est aussi dur que brutal », expliquait même un salarié pour Eurosport. Un manque de respect inacceptable pour les tifosi et aussi pour Frederic Massara. Loyal jusqu’au bout, le bras droit de Paolo a lui décidé de démissionner. Outre les supporters, les salariés et Massara, ce licenciement n’a pas vraiment été apprécié par certains joueurs, dont Mike Maignan, Yacine Adli ou encore Rafael Leão, qui a souhaité remercier Maldini sur son compte Instagram : « Un simple merci n’est pas suffisant. Une personne exemplaire avec un cœur énorme. C’était un plaisir d’avoir vécu ces grands moments avec vous. Tout le meilleur pour l’avenir. Sempre Milan. » 

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Les raisons du divorce

À première vue, ce choix est difficilement compréhensible, tant le travail réalisé par le duo est impressionnant. S’occupant de la direction sportive depuis l’été 2019, Maldini et Massara sont parvenus à remettre l’AC Milan sur le devant de la scène, après avoir connu l’enfer. Un recrutement malin avec de jeunes joueurs qui se sont révélés sous la tunique milanaise : Tonali, Kalulu, Bennacer, Hernández, Thiaw, Tomori et donc Rafael Leão, que Paolo aura réussi à faire prolonger, son dernier fait d’armes. Mais voilà, après le dix-neuvième Scudetto glané au printemps 2022, le mercato estival n’a pas vraiment été convaincant selon RedBird, également actionnaire de Toulouse. Et pour cause, les erreurs de casting sont nombreuses : Origi, Dest ou encore De Ketelaere, recruté pour 35 millions d’euros et qui n’est pas parvenu à répondre aux attentes pour sa première saison à Milan. Seul Malick Thiaw s’est avéré être convaincant. De son building à New York, Gerry Cardinale attendait un saut de qualité après ce titre de champion, mais cela n’a pas été le cas. Néanmoins, difficile pour Maldini et Massara de faire mieux avec une enveloppe de « seulement » 50 millions d’euros pour le mercato estival. Autre point de divergence, le cas Stefano Pioli. La direction américaine accorderait une totale confiance au tacticien italien, alors que Maldini préconisait une évaluation permanente sur les résultats de la saison à venir.

Nous devons encore plus investir pour rivaliser avec les grandes écuries.

Paolo Maldini, avec son éjection

Outre ces divers points de désaccord, une déclaration faite par Paolo Maldini après l’élimination en demi-finales de Ligue des champions n’a pas vraiment été digérée par le board américain. « Nous devons encore plus investir pour rivaliser avec les grandes écuries, même si cette demi-finale était inattendue », avait donc lâché l’emblématique capitaine rossonero. Une sortie que Gerry Cardinale aurait trouvée déplacée. Selon le boss de RedBird, ce sont surtout les recrues qui en sont la cause et donc le travail de Maldini et Massara. Ambiance.

Et maintenant ?

Administrateur délégué du Milan depuis décembre dernier, Giorgio Furlani est venu apporter de la clarification sur le nouveau cap pris par les dirigeants rossoneri« Nous analysons constamment les stratégies et les modèles les plus appropriés pour garantir que le Milan puisse continuer à progresser sur et en dehors du terrain, afin de rivaliser avec les meilleures équipes d’Europe », avance-t-il dans un entretien à la Gazzetta dello Sport. Pour lui, « le premier élément fondamental restera le football » et il promet que le Milan « sera compétitif et au sommet du football européen ». Pour mener à bien cette mission, RedBird va revoir sa manière de travailler. Cardinale devrait être beaucoup plus présent en Lombardie. C’est bien simple, ce sera toujours lui qui aura le dernier mot dans les choix. De plus, l’Italo-Américain mise sur ses deux hommes forts : Giorgio Furlani donc et le Français Geoffrey Moncada. Ce dernier, qui était jusqu’alors chef du scouting, a été promu directeur sportif et devrait travailler aux côtés de Furlani, qui s’occupera de l’aspect économique. De plus, le board américain souhaite créer une véritable harmonie avec Stefano Pioli, qui aura beaucoup plus son mot à dire concernant les choix effectués sur le mercato. Une volonté aussi de miser beaucoup plus sur la fameuse data, là où Maldini se montrait beaucoup plus dubitatif sur cette technologie. Un modèle à l’américaine donc.

« Merci pour cette belle saison, mais on attend un véritable bond qualitatif lors de ce mercato », exigeait la Curva Sud au travers d’une banderole avant la rencontre Milan-Hellas. Si les supporters rossoneri ne s’attendaient pas à un licenciement de leur emblématique capitaine, ils devront donc faire avec ce nouvel organigramme à la philosophie d’outre-Atlantique. Alors que le marché estival doit débuter dans moins d’un mois et que les attentes sont nombreuses avec déjà plusieurs dossiers à régler (la prolongation de Mike Maignan) ou à finaliser (la venue de Kamada). L’été s’annonce donc agité dans le chef-lieu lombard.

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