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Le jardin d'Edin

Par Alexandre Lazar

Plongé dans une fontaine de jouvence nommée Ligue des champions, Edin Džeko a joué un rôle majeur dans la démonstration de l'Inter face au Milan. À 37 ans, il n'a perdu ni le nord ni son esprit d'équipe.

Le jardin d'Edin

Tout était réuni pour que ce premier round de l’Euroderby della Madonnina version 2023 voie la bagarre prendre le dessus. Un match fermé comme il y a 20 ans, entre deux formations capables du meilleur en Europe, et trop souvent du pire face à moins fort sur la scène interne. Lorsque la réalisation du soir jette son dévolu sur les loges de San Siro, où Novak Djoković et Andriy Shevchenko (idole du premier buteur du soir) se trouvent côte à côte pour suivre le retour de leur Milan dans la fosse aux lions – le dernier carré de la C1 -, on ne peut pourtant que se demander : qui pour venir ruiner l’équilibre et transformer le choc en partie à sens unique ? Réponse : un grand gaillard longiligne avec la classe chevillée au corps, venu des Balkans et adulé en Italie. Preuve que la jeunesse, c’est dans la tête.

Coup de marteau : quand Edin devient Odin

Des Rossoneri les bras ballants dès le coup d’envoi, des Nerazurri concernés, intenses, solides sur leurs appuis et à fond sur les seconds ballons. La fresque dépeinte en Lombardie n’aura pas laissé de place à l’interprétation. Connaissant parfaitement les faiblesses de la bande de Pioli, l’équipe la plus âgée de Serie A se lâche d’abord sur coup de pied arrêté. Hakan Çalhanoğlu dépose un corner dans la zone de vérité, là où le chaos règne : premier accroc, Davide Calabria est au marquage d’Edin Džeko. Le capitaine courage du Diavolo symbolise ainsi bien malgré lui les incohérences de l’assise milanaise, qui s’est plombée toute seule en multipliant notamment les boulevards axiaux sans jamais pouvoir répliquer sur les côtés. En puissance et grâce à son jeu de corps, le Bosniaque coupe donc la chique à son vis-à-vis temporaire. Un duel gagné sans sauter avant une volée du gauche en opposition, qui laisse Mike Maignan aux stands. Moins buteur fou, Džeko l’est assurément. Mais son importance pour le collectif a été récompensée par ce but «  à la Zlatan », qui n’est pas sans rappeler ses années folles à Manchester City.

Cette fois, pourtant, même pas besoin de sauter ou d’être en extension face à Magic Mike, pendant que son Inter prend la mesure d’un Milan cuit au chalumeau dans la première demi-heure (11 tirs à un seul). Après la rencontre, le grand Edin n’a pas manqué de modestie, au lieu de glisser vers l’euphorie liée à sa prestation : « Je me sens frais. Je me suis reposé il y a 3 jours (il est resté sur le banc face à son ancien club, la Roma, NDLR). Nous étions surmotivés, parce qu’un derby en demi-finales de Ligue des champions, ce n’est pas tous les jours. Nous avons été concentrés de la première à la dernière minute, et la récompense est tombée logiquement. On parle beaucoup quand je ne marque pas. Aujourd’hui, je l’ai fait, mais j’ai surtout aidé et été utile aux autres, et ça, c’est le plus important.  » Également précieux dans les remises et ô combien dur au mal dans le registre défensif comme ses autres compères d’attaque, le Dragon de Sarajevo s’est même permis de passer la seconde face à Fikayo Tomori dans le rond central, avec un crochet qui a mis le défenseur anglais sur le dos. Son duo avec Lautaro Martínez (extrêmement actif et pendant idéal de Džeko) est aussi venu s’ajouter au trio de l’entrejeu, pour mieux trimballer les secteurs respectifs de leurs bien pâles rivaux. Et si Henrikh Mkhitaryan a été désigné homme du match par l’UEFA, il ne faut pas s’y tromper : Simone Inzaghi a eu tout bon en préférant Džeko, 37 ans, à un Lukaku plus émotionnel. Louper de peu un doublé avec une frappe envoyée sur la jambe de Maignan après une démarcation dans l’axe (53e) peut même s’avérer diablement utile pour ne pas céder à la facilité. Car le troisième meilleur buteur de l’histoire des Giallorossi le sait : qu’importe l’âge ou le préfixe, l’histoire ne retient que les vainqueurs.

Par Alexandre Lazar

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