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Michel Platini, sélectionneur à contrecœur

Par Nicolas Jucha
Michel Platini, sélectionneur à contrecœur

Novembre 1988, il y a le feu en équipe de France. Henri Michel est évincé, Michel Platini arrive comme pompier. Avec zéro expérience sur un banc, mais une aura de joueur de légende. Un peu moins de quatre ans plus tard, il quitte le navire après un Euro 92 raté et un sentiment d'inachevé.

Premier novembre 1988, c’est une révolution de palais dans le football français. Depuis le nul de l’équipe de France à Chypre le 22 octobre, la tête du sélectionneur Henri Michel est tombée. « Claude Bez est le big boss du football français » , se souvient Jean-Marc Ferreri, alors joueur de Bordeaux – sous la présidence Bez donc – et pour lui, « il choisit de mettre Michel Platini à la tête de l’équipe de France, mais Michel n’en a pas vraiment envie, il accepte plus par devoir. » À 33 ans, le jeune retraité – sa dernière sélection comme joueur remonte à avril 1987 – a le visage juvénile et un trac qu’il ne cache même pas lorsqu’il avoue « avoir mal vécu » sa première conférence de presse. L’ancien meneur de jeu des Bleus doit redresser la barre en éliminatoires du Mondial 90 et cela passe, quelques semaines plus tard, par une victoire en Yougoslavie. Mais ce 19 novembre 1988, la France lâche dans le dernier quart d’heure sur des buts de Safet Sušić et Dragan Stojković (3-2). En mars suivant, c’est à Hampden Park que les hommes de Platoche prennent l’eau. Bye bye la Coupe du monde en Italie. Mais commence une vraie reconstruction avec une équipe pas forcément à l’image de son coach, puisque sans réel meneur de jeu et taillée pour le contre. Parce que l’ironie de l’histoire veut que Michel Platini sélectionneur soit amené à traiter lui-même la difficile transition de l’après-Platini joueur.

Parties de cartes avec les joueurs

« Après le Mondial 1986, c’était compliqué, car Henri Michel a essayé une multitude de joueurs, et les résultats ne suivaient pas » , rembobine Ferreri. « Vu qu’on sortait de la génération Platini, on avait de la pression, et l’opinion publique nous tapait dessus. À force, on allait en équipe de France à reculons. » Mais le triple Ballon d’or, à défaut de séduire par le jeu, a le mérite de maintenir le cap, bien aidé par son CV de joueur. « Son passé lui procurait une aura » , assure Bernard Casoni, qui a vécu l’aventure jusqu’à l’Euro 1992. « Mais il y avait aussi une réelle proximité avec son groupe, car il était encore joueur dans l’âme. » Un joueur qui confie l’animation des séances à son adjoint Gérard Houllier et participe parfois aux exercices. « Voire aux parties de cartes » , se souvient l’ancien défenseur marseillais. Les Bleus se retrouvent avec un sélectionneur pragmatique qui n’hésite pas à modifier son système, mais est beaucoup plus réticent à changer les hommes. « Il a su créer un groupe à partir du match à Malmö (victoire en amical le 19 août 1989 ndlr), en prenant le parti de s’appuyer sur un noyau d’une vingtaine de joueurs » , analyse Ferreri. Résultat, les Bleus enchaînent 19 matchs sans défaite, sortent un grand chelem – 8 matchs, 8 victoires, dont des succès de prestige en Espagne et en Tchécoslovaquie – lors des éliminatoires de l’Euro 92 en Suède. « Michel Platini a eu le mérite de récupérer une situation compliquée et de bâtir une équipe difficile à battre » , assure l’ancien meneur de jeu de Bordeaux, Marseille ou encore Auxerre. Une équipe qui est donc cataloguée favorite du championnat d’Europe. Jusqu’à ce qu’elle se fasse sortir sans gloire face au Danemark, invité surprise et futur vainqueur du tournoi.

Suède 92 sacrifiée pour France 98 ?

Pour Casoni, le fiasco était écrit d’avance : « L’Euro 92 nous laisse un goût d’inachevé, car notre campagne de qualification parfaite faisait de nous des favoris. Mais tout est allé de travers avant le tournoi : tension entre l’OM et la sélection, Papin qui n’était pas à 100% physiquement, des matchs amicaux ratés, Canto qui passe à côté du tournoi… » Un constat que partage Ferreri, même s’il préfère voir le positif : « Il a construit une base solide pour la suite, en lançant et installant notamment des joueurs comme Didier Deschamps, Laurent Blanc ou encore Emmanuel Petit. » Qui font partie des néophytes lancés par Platini aux côtés de Rémi Garde, David Ginola, Pascal Vahirua, Alain Roche et Christophe Cocard. « Il a laissé une situation bien meilleure que ce dont il a hérité. » Parce qu’il a notamment su « redonner confiance, trouver les mots pour rassurer » , témoigne Bernard Casoni. Lequel pense néanmoins que l’ancien héros de l’Euro 84 a lâché mentalement dans la dernière ligne droite d’une fonction qu’il n’avait pas désirée. « Dès lors que le Mondial 98 a été attribué à la France, j’ai senti qu’il était moins proche de nous, moins « concerné » , il avait d’autres sujets de préoccupation. Je ne dis pas qu’il l’a fait sciemment, mais je crois que l’organisation de la Coupe du monde comptait beaucoup plus pour lui. » Dans la foulée de l’élimination des Bleus de l’Euro suédois, il quitte d’ailleurs son poste et devient le coprésident du comité d’organisation France 1998 avec Fernand Sastre. Pour lancer la seule vraie carrière qu’il désire.

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Par Nicolas Jucha

Propos recueillis par Nicolas Jucha

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