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Mettez du respect sur le FC Trifouilly-les-Oies !

Par Mathieu Rollinger, à Trifouilly-les-Oies
Mettez du respect sur le FC Trifouilly-les-Oies !

Bruno Luzi aurait dû réfléchir à deux fois avant de s'en prendre au modeste, mais orgueilleux FC Trifouilly-les-Oies. Car cette bourgade et ce club ont plus d'intérêt que l'entraîneur des Hauts-de-France le laissait penser avec une pointe de mépris. Ce n'est pas la première fois que l'image des Trifouillois et Trifouilloises est salie gratuitement. Reportage.

Gilles Quidam en a les doigts noircis, à force de taper du revers de sa main sur Le Canard des Oies. Là, en première page, une phrase et un visage qu’il ne peut déjà plus encadrer : « Tu ne rêves pas de jouer contre Trifouilly-les-Oies quand tu es jeune », signé Bruno Luzi. Jusqu’ici, il ne se connaissait aucune inimitié pour le coach de Chambly. D’ailleurs, il ne connaissait pas l’existence de cette équipe de Chambly. Mais sa sortie, aussi gratuite qu’incongrue, ne lui laisse pas d’autre choix que de l’avoir dans le viseur. « Je sais que Môsieur Luzi n’en a rien à faire de ce que je pense, je sais bien que Môsieur Luzi est trop préoccupé par ses matchs de gala pour s’enquérir de mon avis, mais je sais aussi que Môsieur Luzi devrait tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir, vitupère celui qui cumule les casquettes de président, entraîneur des U13 et deuxième gardien de la réserve du FC Trifouilly-Les-Oies (FCTLO). Ici, c’est une terre de foot, il n’y a qu’à venir pour s’en convaincre. » Certes, l’information date d’il y a cinq jours et le match dont Bruno Luzi rêvait tant face à Troyes s’est soldé par un 0-3 en défaveur des Picards. Mais il faut dire qu’il faut du temps pour que toutes ces données traversent la France et arrivent jusqu’ici.

Trifouilly-Les-Oies, roi de la basse-cour

Les citadins en mal de verdure désigneraient lapidairement ce coin comme « le trou du cul du monde ». Un avis reçu que goûte peu M. Quidam. Sous sa casquette pied-de-poule, il insiste pour faire le tour du propriétaire. Ici : l’église XVIIIe siècle. Là : la mairie rénovée par l’ancienne équipe municipale à laquelle est collée l’école primaire. Juste derrière : une médiathèque ouverte tous les après-midi. Et à 200m sur la droite, l’épicerie qui fait dépôt de pain et bureau de tabac. « Pour faire les grosses courses, il faut prendre la bagnole, l’Inter’ est juste à la sortie du village, après le cimetière », déroule-t-il fier comme un coq, avant d’ajouter dans un grand éclat de rire : « Et j’parle pas de celui de Milan. » Mais le centre névralgique de cette cité se situe à l’opposé, et le sourire revient sur les lèvres de Gilles lorsqu’il gare sa Clio II sur le parking du stade Léo-Lagrange.

Tant de moments de vie se sont passés derrière ces grilles légèrement rouillées. Il faut traverser le club-house et son odeur de tabac froid pour trouver Françoise Michu. L’énergique petite dame s’affaire dans la buanderie, où elle étend le jeu de maillots extérieurs. « Ce week-end, c’est le Classique : les garçons jouent la montée contre l’AS Pétaouchnok », s’exclame-t-elle. Gilles Quidam s’occupe des sous-titres : « C’est le club rival depuis des années, même s’il se situe par là-bas, à une bonne trotte d’ici. Avant ça, le derby, c’était contre la JS Perpète-les-Oies, mais ils sont embourbés dans les divisions du d’sous. » Pour faire perdurer une tradition séculaire, Bleus FCTLO et Rouges de la JSPLO organisent à chaque Saint-Glinglin un tournoi entre toutes leurs sections. « On doit mener 56 à 47 », se gargarise Françoise en brandissant le bidon de lessive OMO.

La fièvre du dimanche aprèm

Café noir sans sucre en main, Gilles Quidam s’assied derrière son bureau. L’étagère derrière lui plie sous les trophées et les fanions, mais il assure que le club ne vit pas dans le passé. Au contraire, il va de l’avant. « L’an dernier, nous avons réussi à faire signer Marco Lambda, un Italien qui s’est marié avec une fille du coin. C’est typiquement le genre de joueur qui peut nous permettre de viser plus haut. » Sur la photo officielle de la saison 2020-2021, Gilles pointe également le gardien Otto Normalbürger, un type qui travaille une semaine sur deux à la ville, mais qui rend de fiers services dans les cages le week-end. Si on y ajoute Lucas Untel en pointe et Kévin Badaud en défense, l’effectif est séduisant, surtout sous la houlette de Jacques Tartempion, la moustache la plus célèbre de la région. « Le dimanche après-midi, faut voir le nombre de gamins qui se pressent contre la main-courante ! Ils veulent tous suivre l’exemple de leurs idoles, conclut Gilles Quidam. Mais ça, le foot business et Monsieur Luzi ne sont peut-être pas prêts à l’entendre. »

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