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Max Derville : « On les appelle les Beckham vietnamiens »

Propos recueillis par Eric La Charpente
Max Derville : « On les appelle les Beckham vietnamiens »

Expatrié au Vietnam, Maxime Derville a été choisi pour jouer au foot dans une pub avec Lê Công Vinh, attaquant capitaine de la sélection viêt et icône nationale. Résultat, il ne peut plus aller au cinéma tranquille.

Si tu n’es pas pro, tu es amateur. À quel niveau tu joues ?

Avant de partir au Vietnam, il y a un an, je jouais en Promotion Honneur au FC Bondues, un petit club du Nord habitué aux exploits en Coupe de France, avec des 6e, 7e tours, des éliminations de CFA 2 comme Calais… Bref, en arrivant, ma copine connaissait un pote du manager d’un club pro d’ici, le FC Đồng Nai, qui m’a présenté au coach. Et lui m’a proposé de les rejoindre au stade de pré-saison, tous frais payés, alors j’ai pris l’avion et je me suis retrouvé en stage pendant une semaine. Il n’y avait quasiment que des Vietnamiens, quelques Brésiliens, 4 Africains… On n’est pas en France ici hein, on est au Vietnam ! Du genre, l’équipe s’entraîne sur un synthétique d’ancienne génération, alors que c’est un club pro, c’est assez surprenant. Le niveau pro là-bas, ça irait de la DH pour les petites équipes à National pour les 2 grosses équipes (T&T Hanoi et Becamex Binh Fuong, ndlr). Disons que le gros se situerait en CFA, CFA 2.

Et toi, t’avais le niveau ?

De manière générale, le football vietnamien est super différent de ce qu’on a en Europe. C’est hyper vif, ça se projette super rapidement vers l’avant. En revanche, il n’y a pas trop de culture tactique. Pour moi, ça s’est bien passé, j’étais au niveau. Mais le coach m’a expliqué qu’il cherchait plutôt un Gattuso, pas un milieu offensif, voire 9 ½ comme mon poste. Puis ici, il y a un quota, ils ne peuvent aligner que 2 étrangers sur le terrain, et lui avait déjà 4 Africains. Il m’a proposé de continuer à m’entraîner avec eux, mais j’ai intégré le Saïgon Hotshots, une équipe d’expatriés sur Hô-Chi-Minh qui joue dans une ligue de 12 équipes. C’est assez international, il y a autant des équipes d’expats que des locaux, tu peux croiser d’anciens pros… Le niveau est plus ou moins relevé, mais c’est pas non plus ce que je jouais en France, en PH.

Mais c’est comme ça que tu es repéré…

En fait, une agence de pub cherchait un « westerner » , un Européen pour jouer dans leur pub. Donc ils ont appelé toutes les équipes d’expats sur Hô-Chi-Minh pour trouver des bons profils. On est une quarantaine à avoir participé au casting, il y avait quand même 800 dollars à se faire ! On a dû jongler, jouer un peu techniquement, puis faire des pauses, se faire shooter en photos… Finalement, ils m’ont choisi pour tenir le rôle à côté de la grosse star de l’équipe vietnamienne, Lê Công Vinh.

Comment se passe le tournage ?

Ça a duré 2 jours, un truc assez soutenu, 32 heures de tournage, on commençait à 5h du mat’, on finissait à 22h, il y avait une grosse équipe derrière. Et le mec est ultra-sympa, hyper abordable, on a parlé de tout, de ses expériences au Portugal (Leixões SC, 6 mois, ndlr), au Japon… Le mec, c’est le seul joueur vietnamien à avoir évolué dans un championnat européen quand même ! Entre chaque scène, on jouait à 2, il t’envoie des sacrés trucs, c’est techniquement impressionnant. Tu sens qu’il est professionnel, quoi. Après, il m’a aussi raconté comment ça se passait avec l’équipe nationale. Un mois après le tournage, ils jouaient en amical contre Manchester City à Hanoï et lui m’a invité pour ce match. Malheureusement, je n’ai pas pu y aller, c’était un lundi soir, y a 2 heures d’avion entre Hô-Chi-Minh et Hanoï, et moi j’ai mon business, avec du boulot à ce moment-là. On doit aller se faire une bouffe ensemble, dans sa villa… Mais j’ai pas encore intégré la jet-set vietnamienne ! (rires)

Le mec est vraiment une idole ?

En tant qu’Européen, on connaît pas trop le football d’ici, mais carrément, lui, c’est vraiment une star locale. Quand les Vietnamiens que je connais voient la pub, ils hallucinent tous ! Le mec, c’est le capitaine de la sélection, il est 3 fois Ballon d’or vietnamien… Ce qu’il faut savoir, c’est que les gens sont à fond dans le foot ici. Quand il y a un match de l’équipe nationale, la ville s’arrête. Lui, quand il sort dans la rue, il y a attroupement direct. Sa femme est encore plus connue que lui, c’est une star de la chanson locale, ils sont surnommés les Beckham vietnamiens.

Et du coup, toi, tu peux encore te balader sans postiche ?

La pub passe sur les 2 chaînes principales d’ici et dans tous les cinémas du pays. Donc tu vas au cinéma, t’es sûr de voir ma gueule sur l’écran ! (rires) Y a des gros affichages publicitaires dans la ville, mais là, c’est plutôt lui, donc je reste tranquille. Mais le championnat va reprendre bientôt, je crois que je vais me faire chambrer sur les terrains… Bah ouais, j’ai le rôle du Français crassou ! Déjà là, on m’invite souvent à aller me laver les cheveux, ça fait plaisir (rires).

Propos recueillis par Eric La Charpente

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