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Maurizio Zamparini, quinze ans de folie chiffrée

Adrien Candau
Maurizio Zamparini, quinze ans de folie chiffrée

C'est bien connu, entre la folie et le génie, la frontière est mince. De juillet 2002 à février 2017, la tornade Zamparini a emporté Palerme, balayant la ville entre recrutements inspirés et une consommation boulimique et invraisemblable d'entraîneurs. Un ouragan qui a pris fin lundi dernier avec la démission du mythique président palermitain. L'heure de faire le bilan comptable d'un règne qui ne sera pas oublié de sitôt.

29. Le nombre d’entraîneurs qui se sont assis sur le banc de Palerme en quinze ans de présidence de Zamparini : Ezio Glerean, Daniele Arrigoni, Nedo Sonetti, Silvio Baldini, Francesco Guidolin, Gigi Delneri, Giuseppe Papadopulo, Rosario Pergolizzi & Renzo Gobbo, Stefano Colantuono, Walter Zenga, Delio Rossi, Stefano Pioli, Serse Cosmi, Devis Mangia, Bortolo Mutti, Giuseppe Sannino, Gian Piero Gasperini, Alberto Malesani, Gennaro Gattuso, Giuseppe Iachini, Viviani, Giovanni Bosi, Guillermo Schelotto, Walter Novellino, Roberto De Zerbi, Eugenio Corini et enfin Diego López. Un nombre qui pourrait monter à quarante si l’on considère que sept d’entre eux ont effectué deux mandats ou plus au sein du club sicilien.

En tout, Palerme compte ainsi quarante changements d’entraîneur depuis 2002. Un record en Serie A ces quinze dernières années. Une instabilité que Zamparini a largement alimentée, en incendiant ses entraîneurs à la moindre crise de résultats. Parmi les punchlinesassassines à destination de ses Mister, on peut citer celle adressée à Giuseppe Iachini, qualifié d’ « abruti, qui ne comprend rien et fait mal jouer son équipe » . Ou encore celle visant Davide Ballardini, qui se plaint du manque de profondeur de son effectif : « Il veut des recrues ? Il devrait apprendre à fermer sa gueule et à laisser le terrain parler pour lui. » Maurizio, président, mais poète dans l’âme avant tout.


4. Le nombre de fois où Francesco Guidolin a été appelé par Zamparini pour reprendre l’équipe première du club palermitain, entre 2003 et 2007. Après avoir contribué à faire remonter le club sicilien dans l’élite, Guidolin réussit l’exploit de se maintenir à la tête des Rosaneropendant une saison entière en Serie A. Puis il quitte le club pour une expérience d’un an à l’AS Monaco. Il reviendra prêter main forte aux Siciliens le temps de trois apparitions aussi mouvementées qu’éphémères (dont deux lors de la même saison), où son président le couvre de compliments avant de le licencier brutalement. C’en est trop pour Francesco, qui jure qu’on ne l’y reprendra plus, au grand dam de Zamparini : « C’est l’un de mes plus gros regrets… Il a décidé de partir et de ne plus jamais revenir. »


8. L’apogée de la folie zamparinienne. Lors de l’exercice 2015-2016, Zampa, comme il est parfois surnommé, réussit l’exploit de changer huit fois d’entraîneurs lors de la même saison. Un record absolu en Serie A. « C’est le meilleur des présidents du mardi au samedi » , synthétisait en 2016 Francesco Guidolin. « Puis, si les choses vont mal, les samedi et dimanche, il a la mauvaise habitude d’attaquer publiquement ses coachs. » Et de les virer dans la foulée.


5. Le nombre de qualifications de Palerme pour la Coupe de l’UEFA (puis la Ligue Europa) entre 2002 et 2017. Symbole, s’il en faut, que, malgré ses excès en tous genres, Zamparini a aussi fait vivre au club sicilien les plus belles heures de son histoire. Avant son arrivée, les Rosaneron’avaient jamais pu humer le doux parfum de la Coupe d’Europe.


65. Le record historique de points de Palerme en Serie A, atteint en 2009-2010. Cette saison-là, Zamparini fait venir un Argentin inconnu du grand public, un certain Javier Pastore, et fait revenir de prêt un habitué de la maison palermitaine, Salvatore Sirigu. Deux arrivées inspirées, qui permettent à Palerme d’aligner l’un des effectifs les plus sexy de son histoire, où l’on retrouve notamment Edinson Cavani, Simon Kjær, Federico Balzaretti, ou encore le mythique Fabrizio Miccoli. Les Rosaneroterminent à la cinquième place de la Serie A, meilleur classement de leur histoire, une place qu’ils avaient déjà atteinte lors des exercices 2005-2006 et 2006-2007.


1. Le Palermo de Zamparini a disputé une seule et unique finale sous sa présidence, celle de la Coppa Italia 2010-2011. Si les Siciliens sont aisément dominés par l’Inter de Leonardo en finale (3-1), ils offrent une double confrontation mémorable face à l’AC Milan en demies, arrachant le nul 2-2 à San Siro à l’aller, avant de s’imposer dans un stade Renzo Barbera en fusion, portés par un Pastore au sommet de son art. Une rencontre qui symbolise aussi la fin de l’âge d’or de la présidence Zamparini. Les saisons suivantes, Palerme fera l’ascenseur entre la Serie A et la Serie B, loin de ses exploits de la fin des années 2000.


134. Les bénéfices*, en millions, retirés des dix ventes les plus onéreuses de l’histoire du club sicilien, toutes conclues sous la présidence de Zamparini. Le président a su s’entourer de deux directeurs sportifs virtuoses en la présence de Rino Foschi, de 2002 à 2008, puis de Walter Sabatini, jusqu’à la fin de l’année 2010. Une période où Palerme fait figure de petit génie de la Serie A en matière de repérage, valorisation, puis revente des jeunes talents. Parmi les plus beaux coups de l’écurie palermitaine, on peut citer Javier Pastore, acheté 7 millions, revendu 42, Andrea Barzagli, acquis pour 1,5 million, vendu 14, Amauri, acheté 8,5 millions, cédé pour 23 etc. Un modèle économiquement sain, mais qui a montré ses limites sur le plan sportif, l’équipe se séparant chaque année de ses meilleurs éléments, à la plus grande déception de ses tifosi.


12. En millions d’euros, la somme qu’a eu les tripes de payer Zamparini au club argentin de l’Instituto AC Córdoba pour s’offrir les services d’un gamin de dix-neuf ans complètement inconnu en Europe. Son nom ? Paulo Dybala. Après une première saison compliquée en Serie A, l’attaquant de poche s’affirme comme l’une des sensations de la Botte. Zamparini s’en va donc le refourguer à la Juve pour la coquette somme de 32 millions, plus huit de bonus. Son dernier très gros coup sur le marché des transferts.


20. En millions d’euros, le montant qu’a payé Zamparini à l’heure d’acheter Palerme, à l’été 2002. Selon ses dires, Zampa est à la recherche de repreneurs depuis le début des années 2010. Après avoir tenu une conférence de presse surréaliste avec des cheikhs saoudiens en février 2012, assurant que les nouveaux propriétaires étaient prêts à investir pas moins de 5 milliards d’euros dans le club et à « viser le Scudetto à partir de l’année 2015 » , le président palermitain a fait état de contacts avec des investisseurs chinois. Avant d’annoncer vendre le club à un fond anglo-américain lundi 27 février. De quoi mettre définitivement fin au tourbillon Zamparini. Sûrement le plus éprouvant et mémorable qu’ait connu l’US Palerme dans toute son histoire. Pour le meilleur, comme pour le pire.

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Adrien Candau

*Différence entre les prix d'achat et de revente des joueurs sus-cités

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