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Martín Felipe Castagnet : « Maradona, c’est le grand iconoclaste vivant »

Propos recueillis par Léo Ruiz
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Ce dimanche, Diego Maradona disputera son premier match en tant qu’entraîneur de Gimnasia La Plata, lanterne rouge du championnat argentin, face à Racing. Martín Felipe Castagnet, considéré comme l’un des jeunes écrivains latino-américains les plus prometteurs, mais surtout fan du Lobo, décortique les multiples facettes de cette petite révolution.

Tu es né en 1986, juste avant que Maradona offre le titre mondial à l’Argentine.Je suis même né le jour exact du début du Mondial, j’ai encore le journal que ma mère avait gardé. J’ai grandi dans la légende de Maradona et j’ai pu le voir jouer sa dernière Coupe du monde, aux États-Unis, qui était ma première. Pour moi, Maradona c’est le leader qui fête son but contre la Grèce en criant face à la caméra, euphorique et énervé, et aussi celui qui un an plus tard revient à Boca Juniors avec les cheveux teints, une raie blonde sur le côté droit du crâne, comme s’il s’agissait d’une moitié de couronne. Je ne l’ai jamais vu avec la couronne entière sur un terrain de football.

Pour son premier entraînement avec Gimnasia La Plata au Bosque, dimanche dernier, il y avait 30 000 supporters. Malgré sa décadence et toutes ses années passées à l’extérieur, il suscite toujours la même passion chez les Argentins ? Maradona a toujours à la fois construit et démoli sa propre image. C’est le grand iconoclaste vivant… quand il le souhaite.

Les Argentins, dans leur majorité, se voient représentés dans le héros qui gagne et qui perd, mais toujours avec le cœur sur la main.

C’est le grand ami et ennemi du pouvoir, ce qui a inévitablement des répercussions sur son image et la dévotion footballistique qu’il mérite incontestablement. Les plaintes pour violence domestique qu’il a reçues sont préoccupantes et ternissent les actions positives réalisées par le club. Son image n’est pas restée intacte, mais la passion qu’il engendre l’est restée, peut-être précisément parce que son image n’est pas intacte et que les Argentins, dans leur majorité, se voient représentés dans le héros qui gagne et qui perd, mais toujours avec le cœur sur la main.

Gimnasia est un club habitué à la disgrâce, mais il est le doyen de l’Amérique avec ses 132 ans d’existence. Que représente la venue de Maradona dans sa longue histoire ?Que Maradona ait choisi Gimnasia confirme d’une certaine façon le sentiment que nous les supporters triperos avons : que nous sommes un club spécial, traversés par un amour inconditionnel qui ne se mesure pas par le succès ou l’échec, mais par l’identification à nos couleurs et à ce qu’elles signifient.

Diego arrive dans un état physique inquiétant et sans vraiment de références en tant qu’entraîneur. Que peuvent attendre les supporters de lui ? La figure de mythe ou de héros l’emporte sur tout le reste ?Le Maestro Óscar Tabárez n’est pas non plus dans un état physique privilégié, et ça ne l’empêche pas de très bien entraîner. Je suis davantage préoccupé par le déclin verbal d’une des personnes les plus aiguës de notre temps, mais j’ai confiance en Maradona pour trouver les moyens de s’exprimer et de convaincre les joueurs.

Un supporter s’est fait passer pour un journaliste prestigieux sur les réseaux sociaux et a annoncé la nouvelle sur le ton de la blague. Cela a causé tellement de remous que Maradona lui-même a fini par dire que personne ne l’avait appelé, mais qu’il était disponible.

Le club est dans une situation financière délicate et au bord de la relégation. Le choix de Maradona, qui a déjà fait vendre des milliers de maillots et d’abonnements, est-il celui de la raison économique plus que sportive ?Personnellement, je pense que c’est un choix court-termiste des dirigeants, comme c’est le cas depuis plusieurs années, comme quand ils ont viré Pedro Troglio, coéquipier de Maradona lors du Mondial 90 en Italie, alors qu’il avait atteint la finale de la Coupe d’Argentine, juste parce qu’il avait connu une série de défaites. Ce fut pareil avec ceux qui suivirent. Il n’y a pas de projet à long terme et la menace de la relégation en deuxième division accélère cette recherche de solutions rapides. La situation économique est elle aussi asphyxiante, et la présence d’une des planètes de la galaxie du football nous offre un peu d’air. Toutefois, l’origine de toute cette révolution est symptomatique : l’arrivée de Maradona à Gimnasia est née d’une des dénommées fake news. Un supporter s’est fait passer pour un journaliste prestigieux sur les réseaux sociaux et a annoncé la nouvelle sur le ton de la blague. Cela a causé tellement de remous que Maradona lui-même a fini par dire que personne ne l’avait appelé, mais qu’il était disponible. Les dirigeants, très réactifs, lui ont offert le poste. C’est le nouveau monde dans lequel on vit, et il est aussi incroyable que déconcertant.

Maradona a changé l’histoire de Naples, un club traditionnel et populaire, mais sans trophée majeur jusqu’à son arrivée. Les supporters du Lobo font-ils le parallèle entre les deux clubs ?Bien sûr, même les couleurs se ressemblent ! En plus, une des idoles de Gimnasia l’est aussi à Naples : Roberto « Pampa » Sosa. Il est arrivé à Naples alors que le club évoluait en Serie C et il l’a laissé en Serie A, avant de revenir à Gimnasia. Le hasard de la vie fait qu’il a été le dernier joueur à porter le numéro 10 du Napoli, malgré le fait que ce numéro avait été retiré en hommage au Diez.

Le grand rival de Gimnasia est Estudiantes de La Plata, dont le président, Juan Sebastián Verón, s’est embrouillé avec Maradona. Cela donne-t-il une touche dramatique supplémentaire au Clásico de la ville ?Vu de l’extérieur, probablement. Pour les supporters de Gimnasia, rien ne peut donner plus grande importance à ce Clásico. Cela fait longtemps qu’on ne le gagne pas et l’arrivée de Maradona, même improvisée, nous remplit une fois de plus d’espoir. Même touchés, on ne perd jamais cet espoir. C’est la maladie d’être supporter du Lobo pour toute la vie.

C’est la maladie d’être supporter du Lobo pour toute la vie.

On résume souvent le foot argentin aux villes de Buenos Aires et Rosario. L’arrivée de Maradona à Gimnasia situe-t-elle La Plata sur la carte ?Je ne suis pas le mieux placé pour le dire, mais il était temps !

Maradona revient en Argentine alors que semble se terminer le cycle de Mauricio Macri, l’un de ses nombreux ennemis, à la tête du pays. Et il revient à Gimnasia, club populaire, lié à la famille Kirchner. La sœur de Cristina, l’ancienne présidente et probable prochaine vice-présidente de l’Argentine, est venue le saluer à son arrivée. Ce retour a-t-il une dimension politique ?Avec Maradona, c’est impossible qu’il n’y ait aucune dimension politique car lui-même en fait, depuis sa place et avec son influence. C’est possible que la politique soit une des raisons pour lesquelles il a choisi d’entraîner Gimnasia, oui. Malgré ses difficultés pour communiquer, il reste très habile pour faire des déclarations : si ce n’est pas avec des mots, il s’exprimera toujours par l’intermédiaire d’un ballon de foot.

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