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Marseille, place au coup de balai

Par Clément Gavard
Marseille, place au coup de balai

Si l'OM n'a pas encore perdu l'espoir d'accrocher une place sur le podium d'ici la fin de saison, la mission s'annonce très compliquée. La conséquence d'un exercice globalement raté, en championnat comme dans les coupes, qui doit pousser le club à réfléchir à la suite à donner au projet de Frank McCourt. Et si le temps était venu de se séparer du duo Jacques-Henri Eyraud-Rudi Garcia pour donner un nouveau souffle à cette histoire ?

La scène se déroule dans les coulisses du centre d’entraînement Robert Louis-Dreyfus, et elle peut prêter à sourire. Ce lundi 17 octobre 2016, Jacques-Henri Eyraud, le nouveau président de l’OM, veut certainement faire bonne impression à l’occasion de son premier discours devant les joueurs marseillais. L’homme d’affaires décide donc de se présenter devant ses troupes muni du trophée de la Ligue des champions, remporté par le club en 1993, afin de planter clairement le décor de l’ère McCourt et du fameux OM Champions Project. « Voilà notre objectif, vous l’avez sous les yeux » , lance-t-il au cours d’une entrevue d’environ trente minutes racontée dans la foulée par plusieurs médias nationaux, trois jours avant d’annoncer la nomination de Rudi Garcia.

Le technicien, lui, est déjà biberonné au discours ambitieux de la nouvelle direction du club phocéen. « Gagner la C1 ? L’ambition compte pour moi, affirme l’ancien entraîneur de la Roma lors de sa première conférence de presse. Dans le bureau de Jacques-Henri, j’ai croisé la coupe aux grandes oreilles. » Une communication plutôt étrange, l’OM étant scotché à la douzième place après un début de saison compliqué. Près de mille jours et une finale de Ligue Europa – qu’il faut aussi mettre au crédit des deux hommes – plus tard, le duo n’a toujours pas réussi à ramener le club en Ligue des champions (dernière participation en 2013-2014) et la mission ne devrait toujours pas être accomplie cette année. Et s’il était déjà l’heure de partir ?

Eyraud à contre-courant

À moins d’un mois de la fin d’une saison longue et difficile pour Marseille, le décalage n’a jamais semblé aussi important entre les habitués du Vélodrome et les dirigeants. À commencer par Jacques-Henri Eyraud. Mais est-ce vraiment une surprise ? Le frisson du printemps dernier est vite retombé, et les résultats sont globalement décevants cette année. Surtout, la communication du boss de l’OM laisse parfois à désirer. Dernier exemple en date cette semaine, lors du Sommet des start-up d’Aix-en-Provence organisé par le magazine Challenges lors duquel l’homme de 51 ans s’est interrogé sur d’éventuelles innovations pour le football actuel. Visionnaire pour certains, à côté de la plaque pour beaucoup, Eyraud aura encore réussi à faire parler de lui et à rendre un peu plus légitime une interrogation toute simple : est-il vraiment l’homme de la situation pour l’Olympique de Marseille ? A-t-il vraiment la carrure, la connaissance et le tempérament pour diriger ce club à part ?

Outre le bilan sportif mitigé, il y a une relation fluctuante avec les groupes de supporters, les multiples erreurs de communication et des couacs comme les nouveaux slogans grotesques ornant désormais le tunnel du Vélodrome. Mais au-delà de l’image renvoyée, il y a la gestion des derniers mercatos qui pose question. La masse salariale a littéralement explosé (elle représente plus de 66% du budget, selon les chiffres de la LFP), Andoni Zubizarreta ressemble plus à un fantôme qu’à un directeur sportif et le dossier Balotelli illustre certainement le manque de clarté d’un projet qui semble déjà à bout de souffle. Pas sûr que l’amour dure trois ans, donc.

Tourner la page

Le constat est le même pour Rudi Garcia. Le technicien marseillais a, lui aussi, eu droit à son quota de banderoles contestataires et de « Garcia démission » depuis plusieurs mois. Notamment lors de la période de turbulences au Vélodrome, au début de l’année civile. La conséquence de certains choix sportifs douteux, d’un jeu stéréotypé sans progression et d’une communication lassante pour des supporters souvent nostalgiques de la folie Bielsa. Chaque défaite est une occasion pour l’ancien coach lillois de taper sur l’arbitrage et la VAR – qu’il réclamait haut et fort la saison dernière –, ou de blâmer le manque de chance de son équipe. Et quand un de ses joueurs, Thauvin en l’occurrence, met des mots sur la frustration d’une saison ratée, il « manque de lucidité » et raconte « des bêtises » . Les amoureux de l’OM ont clairement besoin d’autre chose : ils ont besoin de nouveauté, pour le bien du club.

Alors, avant de parler du mercato à venir, avant de se lancer dans un nouveau feuilleton Balotelli, avant de chercher à expliquer pourquoi l’OM a encore échoué à se qualifier pour la prochaine Ligue des champions, le club ne devrait-il pas tourner la page ? Mettre fin au premier cycle de l’ère McCourt ? Les probabilités d’un tel coup de balai sont minces, le propriétaire américain ayant été convaincu par Eyraud de racheter Marseille à l’époque. Et si Garcia est probablement le fusible le plus simple à faire sauter – même si un licenciement aurait un coût important –, rien ne devrait changer dans les hautes sphères du club phocéen cet été. C’est bien ça le problème.

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