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Marseille nage en plein Vélodrame

Par Théo Denmat
Marseille nage en plein Vélodrame

On annonçait « du jamais-vu », ça n'en était pas loin. L'OM jouait ce soir contre Monaco et contre ses supporters, dans une atmosphère explosive et orageuse... qui se sera terminée par des discussions au pied des travées du Vélodrome. Jamais bon signe.

Par où commencer ? Probablement par là, puisque c’est le plus parlant : « Humiliés en Europe, Coupe de la Ligue et Coupe de France. Dirigeants, coach, joueurs, vous êtes la honte de Marseille ! » Puis celle-ci, pour peu de lever les yeux sur le virage Sud du Vélodrome : « Une escroquerie en bande organisée » . Encore au-dessus : « Tous coupables » , et « Arrêtez de nous enfumer, on sait le faire nous-mêmes » . Au moment de poser les pieds sur la pelouse aux alentours de 20h58, les joueurs de l’Olympique de Marseille avaient toutes les raisons de faire demi-tour. Pour le quidam qui zappait d’une chaîne à l’autre, ça n’avait rien d’un match de foot, d’un choc du dimanche soir face à Monaco : c’était une rediffusion de Platoon. Des fumigènes – qui vont par ailleurs engendrer de nouvelles sanctions pour le club –, des sifflets, des banderoles…

Le public des virages l’avait annoncé, il voulait une défaite. Une défaite pour officialiser quelque chose, pouvoir enfin placer le mot « crise » sur des résultats tiédasses qui ont plongé depuis trop longtemps le club dans une mélasse que personne jusqu’à cette semaine n’osait remuer. Une défaite pour fragiliser Rudi Garcia, aussi, un peu plus. Ce même Garcia qui, alors qu’il traversait la pelouse pour rejoindre ses joueurs à la fin du match, a essuyé autant d’insultes que de doigts d’honneur.

« Olé ! »

C’est donc logiquement sous le nez de ce dernier que Laurent Paganelli est allé caler son micro en après-match. La voix sautait par moment : émotion ou cordes vocales usées, on ne saura jamais. « C’est très important qu’on soit solidaires.(…)Ce soir, on méritait plus, on n’a pas montré le visage d’une équipe malade, mais celui d’une équipe qui joue, qui en veut, qui garde confiance. Il faut garder la tête froide. Ce groupe ne renonce pas, il joue. » C’est une certitude : le groupe, lui, ne renonce pas. Payet et Mandanda en premiers, pas les plus en vue sur le terrain, mais manches relevées quand il a fallu aller à la rencontre des supporters, tirer les joueurs hors du vestiaire par le collet, se confronter à la vindicte populaire.

L’OM de ce soir n’avait pas la tête des mauvais jours, c’est une certitude, mais repart quand même chez lui avec un seul point acquis à domicile face à l’avant-dernier du championnat. Loin d’être une bonne performance. Pas vraiment une mauvaise non plus, vu le contenu, vu les circonstances, vu la VAR. Que retiendra-t-on finalement de cette rencontre ? Que la rupture est consommée. C’est la première fois depuis très longtemps que le Vélodrome a été contre son équipe. Pas seulement en huant Germain, entré à une minute du terme, ou en sifflant Thauvin après son but à l’arrachée finalement refusé, mais en soulignant de multiples « Olé ! » les échanges de passes monégasques. Et en foutant la sono à fond à la place de ses encouragements. Triste, compréhensible, attendu. Sur ses quatre derniers matchs de Ligue 1, l’OM a empoché trois points.

Anti-Eyraud

Jacques-Henri Eyraud, lui, est resté en retrait. À l’abri du fracas, planqué dans la cale de son navire quand le capitaine de son club déployait les voiles sous la tempête. Steve Mandanda est peut-être moins bon qu’avant, mais il est toujours aussi indispensable. Il est le tampon et le porte-parole, à la fois juge et partie. Sa soirée avait commencé par un hommage vidéo, seul sur la pelouse, histoire de saluer sa 500e cape sous le maillot olympien, glanée à Amiens le 25 décembre dernier.

Elle s’est terminée bien entouré en bas des travées puis dans le couloir des joueurs, en discussion avancée avec un représentant des supporters qui n’était probablement pas là pour lui faire souffler ses bougies. Drôle de soirée, dans tous les sens du terme. Mais pour cela, il faut savoir reconnaître les beaux traits d’esprit quand ils se présentent : « Vous avez tous beaucoup d’argent ; achetez-vous des couilles ! »

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