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Marseille, la sobriété heureuse ?

Par Quentin Jeannerat
Marseille, la sobriété heureuse ?

Malgré des finances au plus bas ayant débouché sur un mercato orienté vers les départs, l’Olympique de Marseille est encore largement en course pour accrocher le podium d’une Ligue 1 où seule la tête du PSG dépasse. Et si, grâce à un groupe bien protégé par le charisme d’André Villas-Boas et qui semble bien vivre malgré les résultats en dents de scie, l’OM pouvait finalement s’épanouir dans la sobriété ?

Selon Wikipédia, la sobriété heureuse – ou simplicité volontaire – consiste à « rechercher le bonheur dans l’appréciation pour améliorer la véritable « qualité de vie ». Elle s’oppose donc au discours économique et social dominant au XXIe siècle qui tend à considérer tout progrès technique et développement de la consommation comme des améliorations de la qualité de la vie. Cette philosophie de vie est née de l’opinion que la consommation n’apporte pas le bonheur et accroît l’aliénation. » Si la sobriété n’est ni volontaire ni habituelle du côté de l’Olympique de Marseille, le résultat est le même : les caisses sont vides et il faut faire avec, les dirigeants n’ont pas arrêté de le répéter tout l’été. Le club a donc dû réfréner sa fièvre acheteuse lors du dernier mercato estival, davantage tourné vers les départs que les arrivées. Pour ses standards habituels, l’effectif olympien s’est ainsi retrouvé limité tant en qualité qu’en quantité.

Cette précarité n’a nullement effrayé André Villas-Boas au moment où il a décidé de lier son destin à celui de l’OM. « Là où il a été bon, c’est que dès le départ, il a dit qu’il ne fallait pas rêver, estimait pour So Foot Élie Baup juste avant le dernier Clásico face au PSG. Il a mis les supporters en face de la réalité du club. Il n’a construit aucune forme d’illusion. Avant, à l’OM, on avait du mal à dire qu’on n’avait pas les moyens. Lui, il le fait, il dit à tout le monde qu’économiquement, en ce moment, c’est plus serré, mais il dit aussi que l’objectif, parce que tu es l’OM quand même, c’est d’être sur le podium. Il connaît l’exigence du club, mais assume la réalité. Lui, au milieu de tout ça, il s’adapte. C’est intelligent. »

Villas-Boas, un côté philosophe qui tombe à pic

Dès ses premiers pas dans les Bouches-du-Rhône, le rouquin et son français parfait ont su séduire joueurs, supporters et journalistes. Le Special Two analyse les matchs avec lucidité, et avec son franc-parler, son recul, sa capacité à prendre ses responsabilités en cas de défaite et son affabilité naturelle. AVB est l’anti-Rudi Garcia par excellence. De plus, le Portugais raconte à qui veut l’entendre qu’il a très bien vécu sa période loin des terrains entre 2017 et 2019, et ne cache pas son ambition de reprendre un jour la présidence du FC Porto, son club de cœur. Anecdotique, mais pas anodin, car cela laisse deviner qu’il n’a aucunement l’intention de prendre en otage le club phocéen en s’accrochant à son poste si les choses devaient partir en cacahuète. Là aussi de quoi rassurer des supporters encore traumatisés par la fin de l’ère Garcia.

Si l’on interprète correctement les petits signaux de fumée qui s’échappent par les fenêtres de la Commanderie – comme la vidéo de la haie d’honneur organisée pour AVB à l’occasion de son anniversaire le 17 octobre dernier -, le nouveau boss et ses joueurs semblent avoir trouvé un joli brin de symbiose malgré les résultats en dents de scie. Loin d’être une habitude à Marseille, où « le groupe vit bien » ne rime habituellement qu’avec l’enchaînement des victoires.

On l’a dit : dans le football des indemnités de transfert à sept chiffres, qui dit sobriété dit marge de manœuvre minime pour recruter, et donc effectif relativement stable. Mandanda, Thauvin, Payet, Sarr, Sanson, Sakai, Lopez et Kamara commencent ainsi doucement à accumuler les saisons au club, constituant un noyau dur auquel les supporters ont fini par s’attacher. Quant aux recrues Rongier et Benedetto, elles ont le profil parfait pour une procédure d’adoption accélérée aux abords du Vieux-Port.

Le paratonnerre Jacques-Henri Eyraud

Les supporters eux-mêmes, et Dieu sait qu’il vaut mieux les avoir avec soi quand on défend les couleurs de l’OM, semblent avoir compris la situation actuelle du club, et faire contre mauvaise fortune – au sens premier du terme donc – bon cœur. Leur courroux dirigé contre le seul Jacques-Henri Eyraud – plutôt bon dans le rôle de paratonnerre -, ils ont visiblement décidé de laisser Villas-Boas et ses troupes progresser à leur rythme. Très nombreux à se déplacer à Louis-II en Coupe de la Ligue trois jours après la gifle reçue au Parc, les ultras marseillais ont poussé fort derrière leur équipe tout au long de la rencontre malgré une prestation indigente. Samedi dernier, ils ont été plus de 53 000 à se déplacer au Vélodrome pour voir la nouvelle sentinelle Kamara et ses potes joliment relever la tête face à Lille (2-1). Avant d’enchaîner dans une ambiance bouillante ce dimanche face à l’OL pour définitivement refermer les plaies de l’ère Rudi Garcia ?

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