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Marseille et l’Europe, un amour à sens unique

Par Mathieu Rollinger
Marseille et l’Europe, un amour à sens unique

Censé être LA place forte du foot français en Europe, Marseille a plutôt réaffirmé son statut de chat noir ce mercredi soir à Lyon. Car face à l'Atlético, c'est une quatrième défaite en cinq finales que l'OM a concédée. Et si, au lieu de n'être qu'« à jamais les premiers », les Phocéens devenaient ceux qui indiquaient le chemin à suivre pour se retrouver à ce stade de la compétition, tout en signalant les embûches à éviter ? Cela rendrait un fier service à tout un pays.

Quelles cartes Marseille avait-il dans sa main avant d’aborder cette finale face à l’Atlético de Madrid ? Une dynamique idéale malgré l’accroc à Guingamp samedi (3-3), un esprit de groupe insufflé par Rudi Garcia, un peu d’expérience apporté par ses cadres (Mandanda, Rami, Gustavo, Payet), un soutien populaire, d’autant plus que ce match se jouait en France, mais surtout un passif. Car dans l’esprit des Français, si l’OM ne fait pas toujours consensus, beaucoup de monde peut s’accorder sur le fait que les Phocéens ont l’Europe dans leurs gènes. Une aura que le club possède grâce à ses cinq finales européennes, dont la plus grande remportée en 1993.

Mais le coup de bluff n’a pas été suffisant pour rafler la mise face à des Colchoneros qui avaient l’envergure d’un postulant aux places d’honneur en Ligue des champions. Un morceau, peut-être trop gros, qui permettra au moins de réfléchir à la suite. Car ce revers, aussi logique que rageant soit-il, rappelle malheureusement que la marche qui sépare les clubs français d’un nouveau titre continental est encore bien trop haute. Et d’autant plus quand on se retrouve en bas de l’escalier en même temps que nos voisins espagnols. Le constat est implacable. Depuis 2002, l’Espagne a remporté 16 finales européennes. Les quatre seuls échecs de ses ressortissants étaient à déplorer lors de confrontations hispano-hispaniques. Une efficacité clinique. Sur la même période, la France n’a envoyé que trois émissaires dans cette épreuve du feu (Monaco 2004, Marseille 2004 et donc Marseille 2018), sans jamais redescendre de la tribune présidentielle avec le trophée sous le bras.

Qui l’OM les suivent

Pour l’OM, c’est une quatrième désillusion en cinq essais, après celles de 1991 face à l’Étoile rouge de Belgrade (0-0, 5-3 tab), de 1999 contre Parme (3-0), et 2004 face à Valence (2-0). Et en cinq matchs, il n’y a que Basile Boli qui a pu trouver le chemin des filets. Suffisant certes pour construire la légende de l’OM, mais cette singularité montre une nouvelle fois que les mots « finale » et « français » sont difficilement conciliables. Au Parc OL, Marseille avait besoin de faire un exploit pour permettre à cette épopée d’entrer dans l’histoire, tant les tours précédents ont été passés face à des seconds couteaux. Ce parcours doit encourager ses homologues de Ligue 1 à jouer cette compétition à fond, à assurer lors de déplacements aux confins de l’Europe dès l’été, avant de jouer crânement leur chance face à des grosses écuries au printemps. Mais il doit aussi dès à présent poser des questions sur leur capacité à pouvoir faire autre chose que de la figuration.

La France du foot ne peut pas attendre que la locomotive parisienne arrive enfin à destination dans un dernier carré annoncé saison après saison. D’autant plus que le retard sur le tableau d’affichage ne fait qu’augmenter. Elle ne peut pas non plus espérer uniquement que Monaco ne réussisse à passer par un trou de souris pour redorer le blason tricolore. Malgré la déception de ce mercredi soir, Marseille doit rester un bel exemple pour ses congénères, que ça soit par ses succès ou ses erreurs. C’est comme cela qu’on apprend à redevenir les premiers.

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