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Marotta : et si c’était lui, le secret de la Juve ?

Par Valentin Pauluzzi
Marotta : et si c’était lui, le secret de la Juve ?

En huit saisons à la Sampdoria, Giuseppe Marotta avait montré toutes ses qualités de dirigeant. À la Juventus depuis 2010, il s'est affirmé comme le meilleur dirigeant de la Botte. Excellent gestionnaire, recruteur averti, « Beppe les bons tuyaux » a une part prépondérante dans le retour de la Vieille Dame en haut de l'affiche.

Si l’Italie est réputée pour sa capacité à sortir des entraîneurs compétents à la pelle, elle n’est pas en reste concernant les dirigeants. Dans la Botte, la figure du directeur sportif, technique, général ou encore de l’administrateur délégué est fondamentale au sein d’un club. Et les meilleurs d’entre eux sont des personnages connus et reconnus, parfois autant que les joueurs et entraîneurs. Italo Allodi pour la Grande Inter des années 60, Luciano Moggi pour le Napoli de Maradona ou encore la Juventus de Lippi, Adriano Galliani pour l’ère Berlusconi au Milan. Des profils de gestionnaires couplés à une grande connaissance du football et un point commun : une carrière de footballeur professionnel inexistante. Giuseppe Marotta pourrait bientôt rejoindre ce gotha.

Un CV en béton armé

Avant d’officier à la Juve, l’actuel directeur général des Bianconeri s’est formé à travers de multiples expériences, dont la première à seulement 21 ans à Varese, le club de sa ville natale. C’est à la fin des années 90 qu’il commence à faire parler de lui avec le Venise de Zamparini qui monte en Serie A. S’ensuivent deux années avec l’Atalanta et des records de points établis, puis surtout la Sampdoria. Des portes de la Serie C1 à la qualification aux barrages de la C1. En huit années passées sur la rive blucherchiata de Gênes, Marotta s’affirme définitivement comme un des meilleurs dirigeants italiens. C’est de façon méritée qu’il obtient une « promotion » à l’été 2010. Andrea Agnelli vient de reprendre les choses en main à la Juventus, il fait appel à lui, à son bras droit Paratici et l’entraîneur Gigi Delneri.

On l’oublie souvent, mais ce nouveau cycle avait démarré par une année désastreuse. Une 7e place, la seconde d’affilée, des flops retentissants comme Miloš Krasić et Jorge Martinez, beaucoup d’argent dépensé, zéro résultat. On peut tout juste parler de bases posées pour la renaissance avec les recrutements de Bonucci, Quagliarella, Barzagli et Matri. Ça ira mieux avec Antonio Conte et surtout Max Allegri. « Surtout » , parce que c’est bien Marotta qui opte l’été dernier pour ce choix très impopulaire auprès du peuple bianconero. Un pari gagné, un de plus. Comme le fait de relancer Pirlo, de miser sur Tévez malgré ses nombreuses casseroles, de croire encore en Évra, d’aller chiner Pogba à Manchester United. Et puis des coups de maître, Vidal recruté pour 10 millions d’euros, Matri revendu 15 au Milan. Des onze titulaires actuels de la Juve, il en a recruté huit pour environ 70 millions d’euros. Même pas un James Rodríguez.

Pas épargné par les siens

#MRTTDMTT, ce hashtag signifiant « Marotta démission » a longtemps été en vogue sur Twitter et est relancé à la moindre occasion. Malgrè un quasi sans-fautes, Beppe travaille dans un scepticisme quasi ambiant. Et les reproches sont contradictoires, une prétendue avarice, démentie par les 300 millions investis sur le marché des transferts en cinq ans. Mais de l’argent « mal dépensé » disent justement les sceptiques. On ne s’en sort plus et on oublie volontairement les comptes en excellente santé. D’autres lui reprochent de manquer de caractère. Marotta a tout simplement du style, très rarement embringué dans les polémiques arbitrales stériles. En outre, il ne fuit pas devant ses responsabilités, toujours en première ligne pour défendre une Juve matraquée par les médias au moindre faux pas. Tout ceci sans jamais hausser le ton ou tomber dans le vulgaire, voire le grotesque, même quand il se fait chambrer sur son strabisme. Bref, très proche du « stile Juve » de l’Avvocato Agnelli. Une insatisfaction qui peut s’expliquer en partie par la nostalgie d’un Luciano Moggi plus efficient, mais sûrement très loin du style Juve.

Contrairement à ce dernier, il n’a que faire des insupportables luttes de pouvoir à l’italienne. Dans l’opposition, que ce soit au sein de la Lega Calcio ou de la Fédération, Marotta défend ses idées, mais n’y passe pas des plombes. On peut très bien gagner sans se préoccuper de qui contrôle quoi. Beppe a d’autres chats à fouetter, comme veiller sur les meilleurs jeunes italiens déjà sous contrôle, Berardi, Rugani, Zaza ou Sturaro (ce dernier étant déjà rentré à Turin). Pas de Marotta sans Paratici d’ailleurs. Le premier est administrateur délégué, le deuxième directeur sportif et chef de la cellule de recrutement. Le premier a formé le second. Un duo complémentaire. Ajoutez à cela Pavel Nedvěd pour la petite touche de « juventinità » et le cadre est complet. Tout ce beau monde vient d’ailleurs d’être reconduit jusqu’en 2018 et accompagnera le président Andrea Agnelli, probablement vers d’autres succès. À commencer par un quatrième Scudetto consécutif, dès ce soir, sur la pelouse de… la Sampdoria ? Tiens donc…

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