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Maradona, l’OM, Hidalgo et la villa de Cassis

Par Pierre Sankowski avec Damien Jeannes et Rico Rizzitelli
Maradona, l’OM, Hidalgo et la villa de Cassis

C’est l’histoire d’un transfert qui a fait fantasmer toute une génération. Maradona à l’OM ! Une légende urbaine ? Une rumeur en bois ? Même pas. À l’été 1989, l’Argentin aurait bien pu quitter Naples pour Marseille. Diego se voyait même déjà vivre du côté de Cassis.

« Maradona à Marseille ? » C’est ce qu’on découvre avec joie/stupeur dans la rubrique transfert de L’Équipe, à l’aube de la saison 1989/1990 avec ce fameux point d’interrogation qui fait rêver, des comptoirs aux cours de récré. La nouvelle fait rapidement le tour des médias, qui se prennent à rêver d’une attaque Waddle-Papin-Francescoli-Maradona, tu m’étonnes. L’OM dément un peu au début, puis plus du tout au bout de quelques jours. « Maradona, c’est cadeau », confiera même Tapie, avec l’arrogance qu’on lui connaît. Michel Hidalgo, alors directeur sportif du club, a été aperçu du côté de Naples, et pas seulement pour se faire une calzone. C’est lui qui, un matin du printemps 1989, aurait proposé l’idée de génie à un Tapie en pleine conquête. C’est en tout cas ce qu’il confirme aujourd’hui. « C’est simple, on cherchait « le » joueur qui allait faire passer un palier à l’OM. Et à cette époque, « le » joueur, c’est Maradona. On savait qu’il n’était plus heureux à 100% avec son club, des informations avaient filtré. Tapie est parti au quart de tour, m’a expliqué que ce n’était pas une question d’argent et m’a proposé de prendre son avion privé pour aller rencontrer Maradona chez lui à Naples. Sur un avion de ligne, on se serait fait repérer tout de suite. »

Joint au téléphone, Bernard Tapie n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet avec la discrétion qu’on lui connaît : « Le transfert de Maradona, t’en sais certainement plus que moi, bonhomme ! Et puis le foot, c’était une autre vie, hein, allez au revoir » et il raccroche. Heureusement, il y a ce bon vieil Hidalgo. « Chez Maradona, c’était une maison pas mal, mais pas la maison qu’on imaginait. Il y avait quand même deux Ferrari, je me souviens. Il venait d’avoir une petite fille, et il était en train de se faire prendre en photo avec elle pour des journaux argentins. Très gentiment, il m’a fait patienter. Il venait me voir tous les quarts d’heure :« Je suis désolé, Monsieur Hidalgo, je suis à vous tout de suite. »Le soir nous avons été dîner avec trois de ses amis. Je lui ai dit qu’on l’attendait à Marseille, qu’il aurait une villa magnifique à Cassis, en bord de mer, avec une piscine et un grand jardin. J’avais appris par son agent qu’il ne supportait plus sa maison de Naples, dans laquelle il se sentait un peu enfermé, m’a-t-il-dit. Ce soir-là, Maradona, dans sa tête, il était à Marseille. Mais il savait que ça serait très difficile. Il m’a dit qu’il faudrait tordre le coup au président du Napoli, Ferlaino, en faisant le geste avec sa main. Puis on s’est quittés. À la sortie du restaurant, au moment de me dire au revoir, Maradona m’a reparlé de la maison à Cassis, c’est quelque chose qui l’intéressait beaucoup.« Cassis maison, mer, piscine, Monsieur Hidalgo », il m’a dit. »

Tapie revient à la charge en 1992

Au retour d’Hidalgo, Tapie s’implique. Un rendez-vous a lieu dans un hôtel de Milan, avec Maradona et ses émissaires du Napoli, sans résultat. Ferlaino est buté. « On a su très vite que ça ne serait pas possible. Je crois que Bernard Tapie a fait traîner un peu l’histoire dans les médias, parce que ça faisait parler du club en Europe et que c’était bon stratégiquement, d’être un club qui peut se payer Maradona », explique l’ancien président napolitain. Puis on n’entend plus parler de Maradona à l’OM jusqu’en 1992. Suspendu pour quatorze mois (la coke), il s’est réfugié en Argentine. Cette fois, c’est Tapie qui revient à la charge, mais Maradona est moins chaud, même s’il déclare de Buenos Aires qu’il apprécierait jouer aux côtés de Rudi Völler. C’est surtout l’un de ses agents, Marco Franchi, qui freine un peu, considérant qu’au fond l’affaire n’est pas très sérieuse.

L’OM remportera pourtant la Ligue des champions cette année-là, seul titre manquant à Diego. Maradona paraphera finalement au FC Séville, qu’il quittera en 1993, encore des problèmes de dope. On parlera alors, mais vraiment pas sérieusement, du PSG ou de Monaco. C’est Fernando Signorini, ami et préparateur physique de Dieguito, qui s’est confessé entre deux portes à France Football : « Pour que Diego retrouve l’ambition perdue, il lui faut trouver un club de premier plan, mais sans la pression des grandes écuries du Calcio ou de la Liga. Pour cela, je le verrais bien au PSG, voire à Monaco… » Il était bien le seul, Signorini.

Par Pierre Sankowski avec Damien Jeannes et Rico Rizzitelli

Papier publié dans le hors-série Maradona sorti en décembre 2007

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