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Manchester dissout l’Ajax

Par Théo Denmat
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Manchester dissout l’Ajax

Il n'y a pas eu finale. Ou presque pas. Étouffé par des Mancuniens bien plus expérimentés, l'Ajax peut repartir la queue entre les jambes en se demandant ce qui n'allait pas, à part le manque d'expérience. Manchester United remporte le seul trophée qui manquait à son palmarès, se qualifie pour les poules de la prochaine Ligue des champions, mais surtout rend hommage à sa ville. Bravo Mourinho.

Ajax 0-2 Manchester United

Buts : Pogba (18e) et Mkhitaryan (48e) pour Manchester United

José Mourinho n’a jamais perdu une finale européenne dans sa carrière. Jamais. L’Ajax était plus que prévenu au coup d’envoi, et l’adage est pourtant clair : un homme averti en vaut deux. Seulement ce soir, c’était plus qu’une histoire de nombre. On a souvent loué la fougue, la jeunesse, des Néerlandais : étaient-il trop jeunes ? Trop naïfs ? Pas assez méchants ? Bouffé dans les duels et crucifié par deux coups de sang-froid de Pogba et Mkhitaryan, l’Ajax peut repartir au pays les mains vides avec un sentiment d’impuissance. On n’y a jamais vraiment cru, et peut-être qu’eux non plus, finalement. Manchester remporte la première Ligue Europa de son histoire juste histoire de faire joli dans l’armoire à trophées, et retrouvera la Ligue des champions l’année prochaine.

Et le loup souffla, souffla, souffla…

Au coup d’envoi, ce sont donc deux équipes au complet qui s’avancent l’un contre l’autre. Et si Manchester aligne Mata, Valencia, Mkhitaryan et autres quasi-trentenaires, l’Ajax se présente avec un effectif de 22 ans et 282 jours de moyenne d’âge. Une équipe qui n’a jamais gagné la Ligue Europa d’un côté, contre une autre qui n’a plus remporté de titre européen depuis sa dernière victoire en C1 en 1995. Pas le même malheur. Logiquement, c’est donc l’expérience récente qui parle d’entrée : United attaque fort et Pogba balance dès la première minute sa volée hebdomadaire à gauche des cages d’Onana. Fellaini aurait même pu marquer de la tête sur cette passe en retrait de Mata, mais il lui manquait le cou d’Almany Touré (10e). Les Ajacides tentent de se rebiffer, mais comme dans le conte des petits cochons, la troisième est la bonne : à l’entrée de la surface, Paul Pogba déclenche une frappe du gauche contrée par le tibia de Sànchez, qui prend Onana à contre-pied. La montre de Mourinho sonne dans la seconde : 1-0 United, l’heure de jouer en contre. Les Anglais reculent et permettent à quelques individualités de se mettre en avant, comme Ziyech ou Bertrand Traoré sur ce joli slalom (37e). En phase offensive, la charnière de l’Ajax se retrouve même parfois à blanchir ses champions de la craie de la ligne médiane : logique, Manchester ne presse pas. À vrai dire, tandis que le niveau technique n’est pas folichon sur le terrain, Mourinho fait simplement du Mourinho : c’est moche, c’est défensif, Rashford court tout seul devant et, sacrilège, Mata défend, mais ça mène à la mi-temps. Et c’est bien là l’important.

Et la maison s’envola

Et… but ! But à Stockholm ! Bien décidés à croquer Nouf-Nouf, les Red Devils soufflent dès l’entame de seconde période sur la maison de bois du petit porcidé, qui cède cette fois-ci sur corner : Smalling place sa tête et remet un subtil ballon pour Mkhitaryan, qui conclut d’un petit retourné moyennement acrobatique (48e). À partir de là, c’est comme si les hommes en rouge et blanc étaient aspirés dans la tactique mancunienne : alors que la solution se trouve visiblement sur les ailes, toutes les actions s’engouffrent dans le cœur du jeu, où Herrera, Darmian, Blind et Smalling contrôlent les arrivées et sorties. De vrais douaniers.

ManU n’a pas la possession, mais remporte la quasi-totalité de ses duels, et croque littéralement son adversaire du soir. À vrai dire, il n’y a même pas de suspense, si ce n’est celui de savoir si Justin Kluivert va entrer et battre un quelconque record de précocité détenu par João Moutinho. Le bloc défensif des Anglais est hyper-bas, l’Ajax bute dessus, point. La tension monte l’espace d’un tacle trop appuyé de Juan Mata, mais là encore, rien de nature à réveiller un tempérament de guerrier trop enfoui. Rooney entre pour le geste, Fellaini envoie une tête puissante sur Onana (65e), Lingaard se fait bien rattraper par Sànchez avant un un-contre-un (86e)… Le piège a marché. José Mourinho n’a jamais perdu une finale européenne dans sa carrière, certes, mais mieux : il les a toutes remportées.

Mourinho, le maître des finales

Par Théo Denmat

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