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Mais qui sont ces tarés de supporters de Cologne ?

Par Julien Duez
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Mais qui sont ces tarés de supporters de Cologne ?

Ils n'avaient que 2900 places dans le parcage de l'Emirates Stadium, ils sont venus à 20 000. Tout l'après-midi, on ne parlait que d'eux. Les supporters du FC Cologne ont retourné Londres presque sans aucun incident. Parce que retrouver la Coupe d'Europe après une absence d'un quart de siècle, ça se fête comme il se doit.

Lorsque le Celtic tape le Effzeh 3-0 en 1992, Timo Horn n’est pas encore né. Vingt-cinq ans plus tard, il est l’un des meilleurs gardiens d’Allemagne et s’apprête à défendre les perches de la cité à la cathédrale pour son retour sur la scène européenne. Derrière lui, une bronca se fait entendre. C’est le parcage de son club qui va assurer le spectacle.

À 17 000 places près

À l’heure où le public anglais est arrivé aux antipodes du modèle qu’il était jadis pour l’Europe entière, Cologne débarque à Londres avec la ferme intention de rappeler ce que signifie vraiment supporter son équipe : la suivre partout, qu’importe la distance. À l’annonce du calendrier, le club a reçu 20 450 demandes pour assister à la joute. Avec 2900 places disponibles, ce sont donc 17 000 déçus qui ont dû se résoudre à trouver une alternative : marché noir, achat de cartes de membre d’Arsenal pour se procurer un ticket avec les locaux… D’autres savent pertinemment qu’ils n’entreront pas, mais cela n’a pas suffi à les décourager de traverser la Manche.

Sur les coups de midi, Trafalgar Square commence à se remplir de blanc et de rouge. Mais pas de Gunner en vue, au contraire : c’est l’un des publics les plus chauds d’Allemagne qui est en tournée. Une population aussi extravagante que ne l’est la capitale allemande du carnaval. Pas de cagoules noires à signaler, ni de dégâts causés en chemin. On est loin d’une armée de hooligans ultra-violents et prêts à en découdre. La Wilde Horde, les Coloniacs et les Boyz ont su faire le ménage de leurs éléments les plus sulfureux et affichent désormais des messages en soutien aux réfugiés ou contre les partis d’extrême-droite.

Ken Loach et les anonymes

Cologne, c’est une ville où le football fait partie intégrante du quotidien et où, à l’image du carnaval, chacun est mis sur un pied d’égalité. Dans la foule, on retrouve des stars de la chanson et même des médaillés olympiques. Tous arborent la même tenue. Parce que la vraie vedette, c’est l’équipe. Londres découvre alors un échantillon de ce à quoi ressemble la cathédrale du RheinEnergieStadion une semaine sur deux, lorsque 50 000 passionnés communient sans discontinuer, de l’hymne d’avant-match jusqu’au coup de sifflet final. Le spectacle produit son petit effet auprès des passants. Des anonymes jusqu’aux célébrités, à l’image du réalisateur Ken Loach qui ne manque pas d’immortaliser ce fragment de culture populaire :

En attendant l’ouverture des portes de l’Emirates Stadium, la tension commence à monter. Certains rangent leur maillot, car ils ont un billet côté Gunners. S’ils se font pincer, ils seront expulsés manu militari et il n’est pas question d’échouer si près du but. Les consignes du service d’ordre sont claires : quiconque n’a pas d’entrée pour le parcage est invité à repartir. C’est là que les premières échauffourées éclatent : tirs de fusées, jets de bouteilles, de barrières, une cinquantaine de fans tente de passer les tourniquets en force… C’est remuant, mais c’est du football. En dépit de trois arrestations, la police elle-même reconnaît ne pas avoir fait face à de graves incidents. Au total, ils étaient 4000 Colonais à se présenter à l’entrée du bloc visiteur. Un bon millier devra donc rebrousser chemin et tracer la route jusqu’au centre-ville, les pubs environnants ayant entre-temps été fermés pour éviter tout incident.

Les chèvres sont de retour

Et pourtant, le coup d’envoi est reporté d’une heure, pour « raisons de sécurité » . Dans les deux camps, on se dit qu’Arsenal a failli en pensant que le « problème » allait se résoudre de lui-même. La taille du parcage est certes la même pour tous, mais dans ce cas précis, n’aurait-on pas pu faire une exception en augmentant sa capacité ? Le geste n’aurait pas coûté grand-chose, si ce n’est du stress en moins et, pour les hôtes, de l’argent en plus ! Heureusement, la foule patiente dans la discipline. Rares sont les insultes, et sur place, point de catastrophe à déplorer. La rencontre a lieu comme prévu car, selon les organisateurs, relâcher tout ce beau monde dans la nature aurait pu conduire à l’émeute.

Défaits sur le terrain, les visiteurs ont été vainqueurs en tribune. Une bataille pacifique qui s’est en réalité traduite par l’infiltration massive de l’Emirates Stadium par le public d’outre-Rhin. L’ouverture du score par Jhon Córdoba a suffi à prouver à quel point les tentatives de séparation des deux camps se sont soldées par un échec. Plusieurs sources parlent d’environ 10 000 Colonais présents au total, tranchant avec l’habituelle passivité de l’Emirates.

Ce week-end, Cologne ira chez son voisin de Dortmund. Les deux équipes étant amies, nul doute que le Mur jaune accueillera triomphalement les héros de Londres, qui ont fièrement représenté tant la Ruhr que le supporterisme à l’allemande. Que Borisov et Belgrade se tiennent prêtes : les chèvres sont de retour et prêtes à tout dévorer sur leur passage.

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