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Mais qui es-tu, Valentin Vada ?

Par Florian Lefèvre
Mais qui es-tu, Valentin Vada ?

Devant, il y a Malcom et Nicolas de Préville pour allumer la mèche. Derrière, Benoît Costil tient la baraque. Et qui, au milieu, pour prendre bientôt en main les clés du jeu girondin ? Un visage de poupon cajolé depuis longtemps par Jean-Louis Triaud : Valentin Vada. Focus.

Les pralines de Cavenagol, le café crème de Yoann Gourcuff face à Sammy Traoré et Sylvain Armand, la victoire du titre à Caen… Dans la tête du jeune Argentin, les images se bousculent. À l’hiver 2010, quand Valentin Vada traverse l’Atlantique depuis Santa Fe, c’est avec la fierté de signer pour le champion de France en titre. Destination : Bordeaux. Les Girondins viennent de signer le joueur de quatorze ans à la faveur d’un partenariat avec le Proyecto Crecer, un centre de formation en Argentine. « Je venais déjà à Bordeaux deux ou trois fois par an depuis l’âge de neuf ans, rembobine l’intéressé. Ce qui fait que lorsque j’ai déménagé avec ma famille, je connaissais déjà le club, les personnes, les installations. J’étais déjà acclimaté. Les six premiers mois, l’Argentine me manquait beaucoup, mais j’ai toujours voulu jouer pour Bordeaux depuis les premières fois où je suis venu ici. » Mais il va devoir d’abord ronger son frein.

Interdit de jouer par la FIFA

Valentin Vada en a bouffé des matchs en tribune, derrière la main courante ou sur les bancs de touche des stades champêtres de l’Aquitaine. À son arrivée en France, la FIFA refuse pendant près de deux ans de lui accorder une licence chez les Girondins. En cause : son statut de mineur et extracommunautaire. S’ensuivent alors plusieurs allers/retours en Suisse où Vada est auditionné par la FIFA pour défendre sa cause : jouer au football. « J’avais un petit papier sur lequel j’avais inscrit quelques mots. Je paniquais un peu, expliquait-il à L’Équipe l’année dernière.

« Je disais à mon père avant de me rendre à la commission : « Je ne veux pas y aller ! » Je leur ai aussi expliqué qu’on venait en France par rapport à la crise économique que vivait l’Argentine, pour que mes parents trouvent du travail ici. Mais pour eux, on n’était ici que pour le football et c’était un peu la vérité… » Il est vrai que la lutte contre les transferts de jeunes joueurs pourrait être une croisade louable si l’instance du foot mondial l’appliquait de manière universelle… Sauf qu’elle paraissait à l’époque bien moins regardante sur le sujet du côté du Barça ou de Chelsea.

La pépite de Montaigu

Alors, qu’est-ce qui a retenu l’adolescent de rentrer au pays pendant ce combat juridique de longue haleine ? « Quand j’étais jeune, j’étais déjà sollicité par de très grands clubs européens, mais le club et le président qui ont toujours cru en moi, c’est Bordeaux et le président Triaud » , répond Vada avec aplomb. Outre l’affection d’un président paternaliste, le jeune homme n’est pas insensible non plus à la connexion argentine des Girondins. « Fernando Cavenaghi, il m’invitait chez lui. Je passais des moments avec sa femme et ses enfants. C’est un mec extraordinaire. Il me disait toujours que Bordeaux était un club familial, que je ne m’étais pas trompé en venant ici. » Les Girondins finissent par obtenir gain de cause devant le tribunal arbitral du sport en janvier 2013. Entre-temps, le prodige argentin a éclaboussé de son talent le tournoi international de Montaigu : si les U17 Bordelais repartent de Vendée avec le trophée en poche, c’est grâce à leur pépite, élu meilleur joueur et meilleur buteur de l’histoire de la compétition avec sept réalisations.

Depuis, le milieu relayeur tente de rattraper les deux années perdues à regarder ses potes depuis la tribune. Lancé en pro par Willy Sagnol en Ligue Europa face au Rubin Kazan – il délivre ce soir-là une passe décisive à Gaëtan Laborde, l’autre vitrine de la formation girondine – voilà presque deux ans, Vada s’est forgé une place de titulaire au cœur du jeu bordelais lors de la première saison de Jocelyn Gourvennec en Gironde. En 2017-2018, son temps de jeu est pour l’instant plus intermittent. Mais il s’en accommode. Quand on a attendu deux ans sans pouvoir jouer, on est armé de patience.

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Par Florian Lefèvre

Propos de Valentin Vada recueillis par FL, sauf mention.

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