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Mais qui es-tu, le Panama ?

Par Alexandre Pauwels
Mais qui es-tu, le Panama ?

Le Panama vit le moment le plus intense de son histoire footballistique. Actuel troisième de la zone CONCACAF, il est en pole position pour une qualification directe au Mondial. Ce qui serait une première pour la sélection. Et une curiosité, dans la mesure où ses atouts sont loin des standards de l'invité surprise. Un pas de plus pourrait être franchi la nuit prochaine en cas de bon résultats aux États-Unis.

Quand on pense Panama, on pense canal. On pense – à tort, c’est équatorien, finalement – à un chapeau. Ou encore au général. Et surtout, à un paradis fiscal et ses multiples scandales. Heureusement, le football pourrait bientôt s’ajouter à la liste pour donner un aspect un peu plus sympa à ce pays d’à peine 4 millions d’habitants. Devenue un outsider classique en zone CONCACAF, la Marea Roja est en course pour une qualification directe à sa première Coupe du monde. Il lui faudra certes glaner des résultats positifs face aux États-Unis, ce vendredi soir à Orlando, et au Costa Rica. Mais elle a son destin en mains, et y croit très sérieusement. C’est là encore une nouveauté.

Une nation jeune en constante progression

Si le Panama n’avait encore jamais fait parler de lui sur la scène internationale, c’est qu’il a de bonnes raisons. Il est jeune, il fut instable. Indépendant de la Colombie depuis 1903 seulement, le pays de Noriega a mis du temps à mettre en place et développer son football. Le premier championnat national date de 1988. La sélection, elle, n’a pu concourir pour un Mondial qu’à partir de l’édition 1978, après des participations éparses à des compétitions disparues depuis. Voilà de quoi expliquer une ascension relativement récente, entamée au milieu des années 2000.

Première finale de Gold Cup, première accession au dernier round qualificatif pour un Mondial, l’année 2005 est un tournant. Depuis, les Canaleros ne cessent de monter en puissance. L’unique ligne de leur palmarès – une Copa Centroamericana – est remportée en 2009. Une autre finale a suivi en 2013, puis une participation à la Copa América l’année dernière, entrecoupée de deux nouvelles accessions au 5e tour de la zone CONCACAF pour caresser l’espoir d’une Coupe du monde. Il y a quatre ans, le Panama n’était pas passé loin. À deux minutes, disons. Le temps qu’il a fallu aux Yankees pour marquer par deux fois dans les arrêts de jeu, et ainsi le priver d’une place de barragiste. Aujourd’hui, la Marea est en position de force avant la revanche. Et la jeune nation le doit… à ses vieux.

Une nation de vétérans

La progression panaméenne s’explique finalement assez simplement : les joueurs qui fréquentent la sélection sont globalement les mêmes depuis ce fameux milieu de décennie 2000. C’est donc paradoxal, mais le Panama s’appuie sur une vieille génération, qui a emmagasiné de l’expérience sur une bonne dizaine d’années avant d’atteindre aujourd’hui son top niveau et obtenir des résultats. Dans les faits, neuf des dix joueurs les plus capés de son histoire – le dixième étant Amilcar Henriquez, mort assassiné en avril dernier – sont toujours des éléments clés de l’effectif en place. Des types qui avoisinent ou dépassent les 35 balais. Pas banal.

Le sélectionneur Hernan Dario « El Bolillo » Gómez, qui a déjà un exploit mondial à son actif à la tête de l’Équateur en 2002, a pourtant bien tenté d’enrayer la vieillissante machine. Les vétérans eux-mêmes, conscients de l’urgence d’un renouvellement générationnel, étaient allés jusqu’à refuser de prendre part à la dernière Gold Cup pour permettre aux jeunes de se faire les dents. Sans succès. Et le technicien colombien de refaire toujours appel aux mêmes Canaleros pour composer son équipe basée sur la solidité défensive, tels que le portier Jaime Penedo, les très costauds centraux Felipe Baloy et Roman Torres, le milieu Gabriel Gómez, les attaquants et buteurs historiques Luis Tejada et Blas Pérez.

Eh oui, ne pas chercher un éventuel nom qui porterait le groupe avec une expérience internationale, tel un Dwight Yorke de la surprise CONCACAF de Trinité-et-Tobago en 2006. Ne pas chercher non plus une ossature partie tôt se biberonner au football européen. Dans un pays où tout désigne l’ancien Parisien aux dents en or Júlio César Dely Valdés comme le meilleur de son histoire, la plupart des éléments se sont éparpillés aux quatre coins du continent américain, de la MLS au Pérou, en passant par le Guatemala. Une autre caractéristique de ce Panama décidément atypique, dont l’opportunité présente face à lui, la plus importante de son histoire, pourrait bien se résumer à un « maintenant ou jamais » . Aller au Mondial avec une bande de vétérans baroudeurs anonymes, là oui, il y aurait de quoi dire « chapeau ! »

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