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Mais qui es-tu Emma Thaume, la préparatrice physique du PSG ?

Par Théo Denmat
Mais qui es-tu Emma Thaume, la préparatrice physique du PSG ?

Elle serait celle qui a « bousillé Neymar ». Et plus récemment, Cavani, Mbappé, Draxler, Herrera, et à peu près la moitié de l'effectif du PSG, toujours plus écrémé au fil des semaines. Critiquée en interne, l'aura de celle que Thomas Tuchel voulait absolument à son arrivée semble se ternir drastiquement. Focus.

La première chose qui frappe, ce sont ses cheveux : bleus. Elle a le visage angelot d’une jeune première et des jambes si fines que lorsqu’elle marche, on dit d’elle qu’elle tricote. C’est donc tout naturellement que pour son premier jour au centre d’entraînement Ooredoo, début août 2018, personne ne s’est méfié de la ride du lion qui barrait le front d’Emma Thaume. Ce jour-là, il pleuvait. Alors la nouvelle préparatrice physique du PSG, arrivée sur demande express de Thomas Tuchel, a organisé un entraînement intérieur dont tous ceux présents ce jour-là se souviennent encore.

« Elle a sorti trois médecine balls, et nous a demandé de faire une brésilienne, se souvient Sébastien Cibois, troisième gardien du club. Le truc était lesté de cinq kilos. Presnel est tombé quand il a cherché à faire une remise de la tête. Assommé. On s’est tous regardés. Et là, au lieu de vérifier qu’il allait bien, elle a dit : « Il y en a d’autres qui veulent faire la sieste ? » Puis elle a mis un low-kick à Marquinhos pour qu’il relance le jeu. En six minutes, on était tous par terre. »

Une inconnue dans le milieu

Liste non exhaustive : Herrera (mollet), Kehrer (aponévrose plantaire), Mbappé (cuisse), Cavani (aine), Diallo (pommette), Draxler (voûte plantaire) et Kimpembe (pubalgie). Voilà, après trois journées de championnat seulement, le nom des luxueux patients qui croisent le plâtre tous les matins dans l’infirmerie parisienne. Une anomalie pointée dimanche soir par Thomas Tuchel au sortir de la raclée collée à Toulouse (4-0), largement ternie par ce bilan médical : « C’est trop ! Ce sont des blessures différentes. On cherche toujours des explications. À la fin de la saison dernière, on a cherché et on va chercher encore.(…)Mon expérience me fait dire qu’il n’y a pas une seule explication. » En interne, pourtant, beaucoup n’en soufflent qu’une seule : Thaume. Car dans le monde de la préparation physique, la femme est un OVNI. Si le nom d’Eva Carneiro fait sens depuis son travail à Chelsea sous Mourinho, personne n’avait jamais entendu parler d’une autre femme dans le métier avant que l’entraîneur allemand ne souffle son nom à l’oreille de Nasser Al-Khelaïfi. Peu de références, peu de certitudes. Mais donnons son orge à Bucéphale, engageons l’inconnue. Aujourd’hui critiquée jusque dans son propre camp pour ses méthodes, elle a tenu à rétablir quelques vérités par téléphone au lendemain d’un nouvel épisode malheureux, et commence par une lapalissade : « Se faire une place dans ce métier quand on est une femme, ça n’est pas chose facile. »

Né à Hébécrevon, une petite commune de 1000 habitants située dans la Manche, Thaume évoque une enfance heureuse marquée par le premier choc visuel de sa vie : la série télévisée H. « Je me suis très vite identifiée au professeur Strauss, dit-elle. J’avais dix ans, une vraie éponge. Je m’exerçais à appliquer ses conseils sur mes animaux de compagnie. En tout, on a eu 39 lapins. On avait un cimetière au fond du jardin, ça faisait une bosse. » À l’adolescence, elle découvre le cinéma d’action et se passionne pour les films de Bruce Lee, qu’elle dévore comme des Tic Tac. La Fureur du dragon, Le Jeu de la mort, Fist of Legend… Elle décide ainsi de rejoindre l’université de Lyon pour obtenir son DUEPP (diplôme universitaire européen de préparation physique), et tombe dans la classe de Luc Sassion, son futur homologue monégasque, chapeautée par l’illustre René Kimose, qui la prend sous son aile. Aucun doute possible pour le vieux monsieur, dont Teddy Tamgho dit un jour qu’il était « la chantilly de sa Dame-Blanche » : elle est un génie. Elle doit partir découvrir de nouvelles méthodes d’entraînement. Et voilà la jeune Thaume, 21 ans, débarquant de l’avion quelques semaines plus tard à Saariselkä, Finlande. Nous sommes en octobre 1997, au-dessus du cercle polaire. Le soleil ne se lèvera qu’en avril prochain.

« Le bleu est au cœur de sa méthode d’entraînement »

Là-bas, dans la forêt lapone, elle fait la connaissance de Thor Tikkoli, figure locale et mystérieuse connue pour avoir offert ses premiers skis à Michael Schumacher. « J’ai redécouvert le monde à ses côtés, explique-t-elle émue. On construisait des igloos à l’aveugle jusqu’à avoir les mains violettes, puis on faisait du ski avec un masque opaque. En rentrant, on cassait les stalactites qui avaient poussé durant la nuit dans notre cabane avec nos coudes. » Pendant près de vingt ans, la jeune femme va s’imprégner de méthodes inconnues, apprenant que l’esprit doit toujours dominer le corps. Elle y fera même la rencontre de celui qui partage désormais sa vie, un certain Nathan Dinith, au détour d’une partie de couteau entre les doigts qui lui fera perdre son annulaire gauche. Elle porte désormais sa bague de mariée en boucle d’oreille. Et puis, à l’été 2018, elle reçoit le fameux appel de Thomas Tuchel, dont le nom lui a été soufflé par l’émérite professeur allemand Klaus Trofauby, qu’il a côtoyé à Dortmund. La chance d’une vie.

« Le bleu est au cœur de sa méthode d’entraînement, soupire Layvin Kurzawa, longtemps blessé l’an passé. Elle est obsédée par ça. Pour elle, si l’on ne ressort pas d’un entraînement avec la jambe indigo, c’est que l’on s’est pas donné à fond. L’an dernier, Thomas (Meunier) a été out un mois après un exercice où on devait taper des poteaux de bois avec le tibia et péter des plaques de béton avec le tranchant de la main. Elle lui disait : « T’as vu Bruce Lee chialer dans la Fureur de vaincre ? Tape bordel, je veux que ton échasse ait la couleur de Megamind. » Colin Dagba, traité pour une entorse à la cheville gauche cet été, confie en privé son ras-le-bol quant à la situation actuelle, évoquant notamment « la boule au ventre » qui le scie au réveil : « J’en peux plus. J’ai mal partout. Le pire, c’est qu’elle est persuadée de bien faire. En équipe de France, Bernardoni m’appelle le Schtroumpf. Ça saoule. » Au bout du fil, pourtant, Emma Thaume soutient mordicus le bien-fondé de sa méthode. « On est dans une phase un peu compliquée, là, mais c’est normal. J’ai prévu un pic de forme en janvier. » Puis, constatant probablement le même scepticisme de l’autre côté du combiné que dans ses propres rangs, elle se sent obligée d’ajouter : « Bon, je dois vous laisser, j’ai la séance de demain à préparer. Je vais leur diffuser Le Grand Bleu. »

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Par Théo Denmat

Ceci est évidemment une fiction, toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existé doit conduire à un signalement de celle-ci aux autorités médicales.

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