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Mais qui es-tu donc le joueur emblématique?

Par Raphael Gaftarnik
Mais qui es-tu donc le joueur emblématique?

Il suffit de prononcer leur nom pour tout de suite les identifier à un club avec lequel ils sont unis pour le meilleur et le pire. Ils s’appellent José Saez, Nicolas Dieuze, Arnaud Le Lan, Sammy Traoré ou encore Pancho Abardonado et ils sont emblématiques d’un club. Leur club.

Ils ne sont pas les meilleurs, ils ne sont pas les plus médiatiques, mais le public les aime. Enfin, leur public. Dans leur club, ils ont glané un statut enviable de chouchou, d’icône, voire d’emblème. Eux ne partiront jamais dans un grand club, nivelés à la base mais surtout, trop attachés à des supporters qui leur offrent un amour tendre et bienveillant. Eux, ce sont les joueurs emblématiques, des joueurs « normaux » qui sont parvenus à s’imposer dans les cœurs en étant à l’image d’un club, d’un public. Un talent que décrivait en son temps Bernard Giraudeau : « La vraie séduction de l’acteur, c’est faire admettre au public qu’il est vraiment le personnage. » . Un amour fusionnel que certains ont vécu ou vivent encore avec joie et passion.

Arnaud Le Lan : le humble

Comme son nom l’indique, Arnaud le Lan n’a jamais été une flèche sur les terrains. Pourtant, le tout jeune retraité (il a mis fin à sa carrière cette saison) a marqué de son empreinte la Bretagne. Lorient, Rennes, Guingamp puis à nouveau Lorient ont été tant de destinations pour ce Morbihannais de naissance. Sans jamais se départir de sa région, Arnaud a laissé un souvenir impérissable à Dan, membre de Lorient Foot-Supporter : « Il a tout donné, autant quand il est arrivé que quand il est revenu. Il était apprécié par le travail qu’il apportait sur le terrain, il ne lâchait rien. Ce gars-là a même souvent démarré avec des blessures. » . Sans éclairs ni frasques, Le Lan est avant tout un bosseur qui s’est fait une place en toute discrétion, loin des standards du footballeur show off : « Il arrivait à l’entraînement avec sa voiture toute cabossée quand ses potes venaient déjà avec des grosses cylindrées, des Mercedes et des voitures de sport. À un moment, il avait une 4L toute pourrie, c’était assez folklo. Même le gardien du stade avait une meilleure voiture que lui. » . Aujourd’hui entraîneur des jeunes du club, Arnaud poursuit son parcours au sein du FCL avec pour seul moteur, l’humilité du fidèle qui a passé onze saisons sous ce maillot orange.

Jacques « Pancho » Abardonado : le guerrier

Brut et entier. Deux qualificatifs qui collent sans peine cette tignasse blonde mal désépaissie et rappellent aux supporters niçois des heures de bataille acharnée. Car Abardonado fut l’un des guerriers du Stade du Ray. Jamais avare d’efforts, il raconte pourtant ne pas être arrivé en terre sainte lors de la saison 2002-2003 : « Jean-Christophe Marquet, un de mes anciens coéquipiers à l’OM, m’avait prévenu que les supporters de l’OGN n’aimaient pas trop les Marseillais. » . Une défiance et un a priori que Pancho a mis à mal pour devenir l’une des icônes du club : « Dès le début, les fans ont vu que je n’étais pas venu en touriste. J’étais toujours à 100%, que ce soit à l’entraînement ou en match. Peu importe le bureau sur lequel je signe un contrat : je viens toujours pour jouer avec mon cœur. Et que j’ai été bon ou pas, il faut que je puisse me regarder dans un miroir le lendemain » . En six saisons sous le maillot rouge et noir, il a su gagner la confiance d’un public exigeant par son engagement sans limite. Et se souvient avec émotion des hommages qui lui ont été rendus : « Chaque année, avant le début de la saison, il y avait un apéro organisé avec les supporters pendant lequel ils remettaient un prix au joueur qui représentait le plus le club. Cet Aiglon d’Or, je l’ai eu et je garde toujours ce trophée, qui compte énormément, chez moi. Lors du dernier match, j’ai entendu le stade chanter « Pancho, Pancho » durant toute la rencontre. Vraiment toute la rencontre ! » . De quoi définitivement briser l’aversion niçoise pour ce Marseillais de naissance.

Nicolas Dieuze : L’heureux sacrifié

Pour son TFC, Nicolas Dieuze a accepté de reculer. Pour mieux sauter. Attaquant lors de ses premières années au club, il revient de son exil à Bastia en 2003 et se plie aux besoins de son équipe. Formé en tant que buteur, Nico renonce aux paillettes et endosse le rôle de récupérateur au milieu de terrain, voire parfois de défenseur central. Un mal dont il se remettra vite, avec en point d’orgue, une qualification en Ligue des champions à l’issue de la saison 2006-2007. Ce sacrifice lui vaut une réputation de fidèle parmi les fidèles : « Je sais le joueur que je suis, mais je sais aussi ce que représente pour moi le maillot du TFC. Au-delà de l’aspect footballistique, je pense qu’il y a une relation qui s’est nouée avec les supporters. » . Cet attachement, Dieuze et les fans du club ne le perdront jamais. Car le joueur n’est pas qu’un vague souvenir oublié sur l’autel du nouvel effectif : « Il y a une vraie connivence qui s’est créée, que ce soit des supporters qui sont devenus des amis, ou des gens que je rencontrais juste dans les locaux de groupes de supporters du TFC en partageant un apéritif en toute décontraction. L’année dernière, je suis allé entraîner l’équipe des supporters du TFC, qui voulaient que je vienne. Je les ai coachés. Ils étaient contents de se faire coacher par un pro. » . Un pro toujours prêt à dépanner.

José Saez : Le besogneux

José n’est pas le genre de footballeur à laisser son navire à la dérive. Pourtant cet hiver, il a quitté ses partenaires pour rejoindre Caen, lassé du peu de temps de jeu accordé par Ariel Jacobs. Un déchirement pour des supporters qui ont vu partir l’un des rouages essentiels de l’équipe de ces dernières années : « Ce n’était pas le meilleur joueur du club mais c’est un mec qui mouillait tout le temps le maillot » explique Gabriel, membre de l’association VA supporter. « Quand il entrait sur le terrain, il ne lâchait rien. Je me souviendrai toujours de ce but contre l’OM à la dernière minute (2007). C’est une grosse perte. » . Onze ans de bons et loyaux services, deux montées consécutives, une coupe au pento indémodable et un style de Gattuso nordiste : nul doute, Saez va certainement laisser une trace indélébile au Hainaut. En témoignent ses adieux, dans un stade entonnant le simple mais émouvant « I Love you José, lalala » : « J’ai pleuré trois fois dans ma vie, à mon mariage, à la naissance de mes enfants et là, maintenant » . Des larmes tombées sur une pelouse qui a vu tant de fois son mètre 70 s’épuiser sans retenue.

Sammy Traoré : Le symbole d’une époque

Des chevauchées folles, des compas désarticulés et une langue bien pendue : nul doute, Sammy Traoré reste dans les mémoires parisiennes. Le géant malien débarque au PSG en 2006 en provenance de Nice avec pour intention d’imposer son gabarit dans l’axe parisien. Barré par Mario Yepes, Sammy profite de la blessure du Colombien pour gratter du temps de jeu dans une saison compliquée pour le club. Malgré un exil d’un an à Auxerre, il revient à Paris et s’exprime encore au gré des absences des titulaires. Parfois moqué mais toujours présent, prêt à finir le crâne en sang, Traoré compense une maladresse souvent moquée par un engagement de tous les instants. Certaines de ses montées fantastiques lui vaudront même le surnom de « SammyMaradona » , savant mélange d’ironie et de tendresse. L’histoire s’arrêtera en 2011 après quatre ans sur l’un de ses plus grands souhaits : « Je veux terminer ma carrière ici. Ce serait pour moi la plus belle fin dont je puisse rêver. C’est chez moi. » . Une histoire d’amour d’un autre temps.

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