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Mais que se passe t-il en Touraine ?

Par Florian Lefèvre
Mais que se passe t-il en Touraine ?

L'information a fait le tour des médias. Vendredi soir, deux journalistes du quotidien La Nouvelle République ont été interdits de stade, sur ordre du président du Tours FC Jean-Marc Ettori. Mais alors, comment en est-on arrivé là ?

Il n’est pas encore 20h00, vendredi 29 juillet, au stade de la Vallée du Cher. Installé en tribune de presse, Frédéric Launay s’apprête à couvrir le début de la saison du Tours FC pour le quotidien régional la Nouvelle République. Sauf que le journaliste est sommé de quitter les lieux. « Soit vous achetez un billet, soit vous sortez du stade » , lui indique le responsable de la sécurité. La raison ? « On respecte les ordres » , répond le molosse. Le journaliste s’exécute bon gré mal gré. Un peu plus tôt, son confrère et chef de service à la Nouvelle République, Jean-Éric Zabrodsky, s’est vu lui-aussi refouler de l’enceinte. Les ordres viennent de Jean-Marc Ettori, le président du club.

Situation tendue depuis plusieurs mois

Deux heures avant le coup d’envoi de Tours FC – AC Ajaccio (0-0), Frédéric Launay et Jean-Éric Zabrodsky sont bloqués une première fois devant la grille du stade. Pas vraiment surpris. La veille, déjà, les deux journalistes n’avaient pas été conviés à la conférence de presse, pour évoquer le premier match de la saison avec l’entraîneur Fabien Mercadal, le successeur de Marco Simone sur le banc tourangeau. Le délégué LFP se démène finalement pour les faire rentrer dans l’enceinte. Frédéric Launay rejoint la tribune presse, Jean-Éric Zabrodsky est victime d’un malaise vagal – « sûrement dû au choc émotionnel » , expliquera t-il dans L’Équipe -, direction l’hôpital.

La suite, c’est Frédéric Launay, « écœuré » , qui se fait virer du stade quand les joueurs rentrent sur le terrain. Le résultat d’une situation tendue depuis la démission d’Olivier Pantaloni, en 2014, explique le journaliste. Qui dérape lorsque la NR met le nez dans les comptes du club avec un dossier intitulé « TFC : des finances qui préoccupent » , paru le 7 juin dernier. « Les chiffres cités ne sont pas inventés, pas susurrés par une âme mal intentionnée. Ils sont tirés de documents émis par la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG). Le but de l’enquête était simple : sortir du flou au sujet de la situation financière du TFC et répondre aux nombreuses questions de nos lecteurs » , précise Launay dans une tribune parue sur le site de son journal.

« La liberté, en tant que Corse, je sais ce que c’est et j’y suis attaché » , ose Jean-Marc Ettori. Adepte du bouddhisme, ancien enseignant, normalien, l’homme cite René Char et manie la langue française avec brio. Quand on lui demande des explications, il se lance dans une longue tirade pour exposer ses griefs : « J’ai donné corps et âme pour ce club, je l’ai sauvé en arrivant en 2013, j’en ai perdu la santé – un cancer – et la famille – un divorce. Ce n’est pas pour me faire trahir du matin au soir » . Le président du Tours FC reproche aux deux journalistes de la Nouvelle République « mensonges et calomnies » . Sur sa gestion – « Ils ont écrit que les joueurs n’ont pas été payés alors que tous les salaires, du staff aux joueurs, ont été versés » -, sur la situation financière du club (la commission d’appel de la DNCG a validé le budget du club le 27 juillet dernier), ainsi que de d’avoir pris parti en faveur de Marco Simone dans le conflit qui les opposait la saison passée. 

Reste qu’Ettori a des moyens légaux à sa disposition.

«  J’ai peut-être tiré une bombe nucléaire »

S’expliquer devant la justice ? « Je suis le patron de 400 employés, j’ai autre chose à faire » , tonne le patron du tour-opérateur Corsicatours, qui multipliait jusque-là les réponses sur le site du club (comme ici) ou sur le blog Tours FC (comme ici). Interdire de stade Launay et Zabrodsky, c’est une manière pour lui d’attirer les projecteurs pour faire entendre ses positions, quitte à se faire sanctionner par la Ligue. « La méthode est terrible, mais mes enfants me disent qu’il faut faire le buzz » confie Ettori, en précisant : « avec colère, mais sans haine » . Et de conclure : « J’ai peut-être tiré une bombe nucléaire pour un conflit local… » .

La LFP a indiqué que la Commission de Discipline va se saisir du dossier ce jeudi 4 août. « De mémoire de chroniqueur sportif jamais, en France, des journalistes n’ont été exclus d’un stade, même avec les présidents les plus excessifs » , a condamné l’Union des Journalistes de Sport en France dans un communiqué. Pour autant, au quotidien, nombre de clubs français n’hésitent pas à réserver l’exclusivité des interviews au(x) plus conciliant(s) des reporters attitrés au suivi du club. Une manière plus fine de dissuader ceux qui voudraient mettre les mains dans des dossiers épineux, sous peine de se voir blacklister. Mais c’est vrai que ça fait moins de bruit qu’une bombe nucléaire.

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Par Florian Lefèvre

Propos recueillis par FL, sauf mentions.

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