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Mais c’est quoi cette folie Sivasspor ?

Par Maxime Renaudet
Mais c’est quoi cette folie Sivasspor ?

Leader de Süper Lig depuis le début du mois de novembre, Sivasspor n'est plus une surprise. Et, toujours invaincue à domicile avant de recevoir l'Istanbul Başakşehir dimanche, la troupe de Rıza Çalımbay a encore plus d'un tour dans son sac pour arracher un titre qui ne lui était pas promis.

Le 13 décembre 2008, alors qu’on joue la quinzième journée de Süper Lig, Sivasspor vient enfin à bout de l’Hacettepe Spor grâce à un but d’Hervé Tum dans les dernières minutes. Si l’équipe de l’ancien attaquant messin prend alors les commandes du championnat turc, personne ne la voit capable de les garder jusqu’à la fin. Pourtant, leader jusqu’à la 30e journée, Sivas est tout proche de déjouer les pronostics, avant de craquer dans les cinq dernières journées du championnat et de laisser s’envoler le titre au détriment du Beşiktaş. Pas de regrets car cette saison, l’occasion d’aller au bout s’est représentée. « L’équipe d’aujourd’hui est bien meilleure qu’à l’époque, car elle n’avait qu’un ou deux joueurs d’expérience. Le nouveau Sivasspor de Rıza Çalımbay a une belle alchimie collective, ce qui est le meilleur chemin vers la gloire » , explique Ahmet Emre Çolak, reporter pour De Marke Sports. Mais avant d’atteindre cette gloire suprême, celle de remporter un trophée trusté depuis 70 ans par les mastodontes du football turc, Sivasspor va encore devoir batailler.

Cappadoce connection

Avant d’affronter l’Istanbul Başakşehir dans un match à six points ce dimanche, Sivasspor a de toute façon déjà réussi sa saison. « On ne nous a pas donné d’objectifs à atteindre en début de saison. Mais on m’a toujours dit qu’à Sivas, on joue généralement le maintien » , rembobine Mamadou Samassa. En déménageant dans le Nord-Est de la Cappadoce cet été, l’ancien portier troyen ne pensait pas jouer les premiers rôles en Turquie. Pourtant, l’équipe de Rıza Çalımbay est bel et bien la plus régulière de Süper Lig. Intraitable dans son antre, elle a battu Beşiktaş à deux reprises, Trabzonspor et Fenerbahçe chacun une fois. Mieux encore, elle a marqué au moins un but lors de tous ses matchs de championnat. Une performance que seuls le Bayern Munich et Liverpool ont réalisé parmi les cinq grands championnats européens.

Pour expliquer une telle réussite, Ahmet Emre Çolak insiste avant tout sur le jeu mis en place par Rıza Çalımbay, natif de Sivas et joueur le plus capé de l’histoire de Beşiktaş : « Il tient à ce que son équipe attaque et presse haut. On peut dire qu’il a réussi ce qu’il désirait car ils ont Mustapha Yatabaré, l’un des meilleurs buteurs du championnat, et qu’ils ont déjà marqué 39 buts. Leur défense n’est pas très solide, mais ils sont toujours capables de marquer plus de buts qu’ils n’en concèdent, car ils sont aussi très efficaces dans le contre-pressing et les phases de transition. » Une philosophie de jeu assimilée à merveille par un effectif qui ne contient aucune star depuis le départ de Robinho en janvier 2019. Cet hiver, avec les blessures de son maître à jouer Emre Kilinc, celle d’Arouna Koné ou Fernando Andrade, le club de Sivas a obtenu la signature de Samba Camara (Le Havre), ainsi que les prêts de Petar Škuletić (Montpellier) et Claudemir (Braga). Un recrutement malin à l’opposé des trois ogres stambouliotes, encore malades, mais prêts à dévorer Sivas.

Virement dimanche prochain

Si Sivas est leader depuis dix journées, et ce, malgré une lourde défaite le week-end dernier à Gaziantep (5-1), le Big 4 turc n’y est pas étranger. La faute à une politique de recrutement irréfléchie qui les a empêchés de performer en début de saison. Rien d’étonnant quand on sait qu’en février dernier, la dette totale des clubs turcs avoisinait les 2,5 milliards d’euros. Dans la foulée, la Fédération turque de football (TFF) avait échafaudé un plan de restructuration de cette dette, détenue à 86 % par les trois grands d’Istanbul et Trabzonspor, les obligeant à se serrer la ceinture. Sauf pour le champion en titre Galatasaray, qui s’est offert une nouvelle équipe cet été. « Mais Nzonzi, Babel et Mor ont déjà quitté le navire, et l’alchimie collective n’était pas bonne, donc le club se retrouve sixième à cinq points de Sivas » , remarque Ahmet Emre Çolak. Le constat est le même pour Beşiktaş et Fenerbahçe, qui ont drastiquement modifié leur effectif sans réussir à trouver la bonne formule.

En revanche, Trabzonspor, provisoirement leader à égalité avec Sivasspor à la suite de sa victoire contre Gençlerbirliği ce samedi, a opté pour une stratégie différente : recruter des joueurs relativement peu méconnus, puis des joueurs plus attractifs comme John Obi Mikel et Daniel Sturridge. Pas encore tout à fait suffisant pour décrocher Sivasspor, « club familial et structuré qui n’a pas de retard au niveau des paiements » , un atout non négligeable selon Mamadou Samassa. Dans la région de Sivas, les performances et l’attitude de l’équipe ont même créé un enthousiasme inédit. Preuve en est, le gouverneur Salih Ayhan a apporté tout son soutien aux joueurs de Rıza Çalımbay, arguant au passage que les gros clubs du pays devraient s’en inspirer. Sivasspor n’est d’ailleurs pas la seule équipe à avoir profité du bégaiement des cadors, puisque Alanyaspor a été en tête du classement pendant six journées, avant de lâcher du lest et de revenir dans la course au titre. Vice-champion de Turquie en 2017 et 2019, Istanbul Başakşehir est le dernier outsider d’un championnat qui n’a échappé au Big 4 qu’une seule fois depuis 1959. C’était il y a dix ans, et l’heureux élu avait été Bursaspor. De quoi donner des idées à une équipe de Sivas prête à tout pour rebattre les cartes du football ottoman.

Par Maxime Renaudet

Tous propos recueillis par MR.

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