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Mais c’est quoi alors un bon troisième gardien ?

Par Raphael Gaftarnik
Mais c’est quoi alors un bon troisième gardien ?

Après la promotion de Stéphane Ruffier au poste de remplaçant d'Hugo Lloris, Mickael Landreau connaît les conditions dans lesquelles il embarquera pour le Brésil : numéro 3, il sera. Quasi assuré de ne pas disputer la moindre minute, le futur retraité partira pourtant avec un rôle bien défini dans le groupe.

Regarder sans participer. Désirée par quelques adeptes du voyeurisme, voire de l’échangisme, la situation n’en demeure pas moins subie par le 3e gardien en sélection. Dernière roue d’un carrosse qui avancera dans la compétition sans sa participation, le remplaçant du remplaçant jouit d’une place traître. Assuré de ne pas atteindre la gazon, sauf cataclysme, ce membre différent prend son mal en patience et vit l’expérience de son spot isolé. En conférence de presse, Didier Deschamps abondait en ce sens, avant de tempérer : « Le n°3 a un rôle particulier. Au départ, sur les 23, c’est le seul qui est quasi certain de ne pas jouer. (…) Mais sa présence compte énormément dans la vie de groupe, notamment à l’échelle du travail spécifique des gardiens. » Puisqu’il fait partie d’une épopée, le Charbonnier, Ramé, Carrasso ou Landreau, du groupe ne doit ainsi pas se voir sous-estimé. Tout au plus doit-il accepter son statut et s’en satisfaire. Lors des dernières grandes compétitions internationales, les sélectionneurs ont d’ailleurs hésité, oscillant entre le vieux loup bénéfique à la vie du groupe et le jeune premier à qui donner de l’expérience. Si DD a fait son choix pour le voyage brésilien de cet été, tous ne s’accordent pas à embrasser cette philosophie.

« Il faut accepter le deal »

10 juin 1978. Dominique Dropsy s’installe entre les bois pour le dernier match de poule contre la Hongrie. La France déjà éliminée, le sélectionneur Michel Hidalgo en a profité pour placer son 3e gardien dans le 11 titulaire. C’est la dernière fois qu’un homme du rang de Dropsy s’immisce sur le terrain lors d’une grande compétition disputée par les Bleus. Depuis, 36 ans se sont écoulés sans que le dernier membre du trio enfile les gants. Pourtant, ceux qui ont goûté à cette place de titulaire du poste de numéro 3 ne parlent aucunement de frustration. Placé dans ce cas de figure en 2000 et 2002, Ulrich Ramé ne nourrit ainsi aucune rancœur : « Il faut accepter le deal comme ça et la sélection quand elle vient. » L’accepter pour mieux agir. Car dans les faits, son job est réel : « C’est un rôle d’ordre psychologique. Après, le 3e gardien est tout de même reconnu pour ses qualités footballistiques, sinon il n’y serait pas. Mais il est un fédérateur, un enthousiaste, dans le camp des gardiens. Justement, quand je dis fédérateur ou liant vis-à-vis du reste du groupe, ça correspond au sens collectif du groupe. Il sert dans les séances de frappe, donne des conseils… »

Lionel Charbonnier, champion du monde 98 dans les mêmes conditions, racontait il y a quelques jours son implication, notamment lors de ce France-Croatie où il avait harangué les foules : « Après ça, on m’a présenté comme le boute-en-train, alors que pas du tout, c’est juste que j’ai senti qu’on était en train de perdre le Mondial. Et moi, comme tout le monde, j’étais derrière mes titulaires. Il ne manquait pas grand-chose pour que l’on communie tous ensemble dans ce Stade de France, donc j’ai tout fait pour que ça prenne. Et ça a pris. Après, il y en aura toujours pour dire que j’étais un peintre, mais je pense avoir fait le job à côté de ça. » Quelque part entre le GO, l’oreille attentive et l’entraîneur adjoint, le 3e gardien est censé porter une multitude de casquettes. Pour Ramé, répondre à ces attentes est d’ailleurs chose normalement aisée : « Si le 3e gardien est considéré comme sélectionné, il a peut-être un rôle plus difficile que les titulaires, dans le sens où il ne participe pas à proprement parler dans les premiers temps. Il sait que pendant 30 ou 45 jours, il va être là pour accompagner et si catastrophe suppléer. Ce sont des discussions qui sont déjà entamées. Parfois, certains ont besoin d’entendre les choses, d’autres le comprennent quand ils voient les choses. »

Young vs MILF

En ce sens, Mickael Landreau, meilleur 3e gardien à défaut d’être le 3e meilleur gardien de France, dispose d’une place toute trouvée au sein des Bleus. Pas de vagues, de l’expérience, une aura de pacificateur : le futur retraité semble convenir parfaitement au poste. En conférence de presse, Landreau n’explique d’ailleurs pas autre chose : « Il faut être capable d’apporter des remarques, des réflexions, pour le groupe et pour l’ensemble. Cela aurait pu être un très jeune numéro 3 qui soit là pour découvrir. Aujourd’hui, la sélection est plutôt jeune, et a besoin de gens d’expérience sur qui elle peut s’appuyer, et c’est aussi pour cela que j’ai un rôle important à jouer. » En son temps, Michel Hidalgo n’abondait pourtant pas dans ce sens, préférant une autre approche : « Le 3e gardien n’a pas un rôle spécifique ou spécial, on le prend parce qu’il le mérite. De mon temps, c’était une question de hiérarchie. Le 3e est en principe un bon gardien, mais un jeune a qui on donne de l’expérience. » Mais entre-temps, quelques démons sont venus hanter les rangs Bleus. Souvent critiquée pour son manque de cohésion lors des 10 dernières années, l’équipe de France préfère désormais s’appuyer sur des éléments d’expérience. Penser groupe plutôt que de sélectionner les 23 meilleurs n’est désormais plus un scandale. Libéré de ses obligations sur le terrain, le 3e gardien peut en outre s’adonner pleinement à cette tâche.

Le remplacement de Mandanda par Ruffier est d’ailleurs l’exemple le plus criant exemple de cette réalité. Ulrich Ramé tient pourtant à tempérer : « Je ne sais pas si c’est propre à la France mais les deux se défendent. Ça dépend aussi de l’influence et de l’expérience du numéro 2. Lui n’est pas un remplaçant mais un numéro 1bis. Dans le cas où celui-ci dispose d’une grosse expérience internationale, il peut être judicieux de faire appel à un jeune gardien d’avenir. Dans l’autre cas, le numéro 3 expérimenté est défendable » , avant de renchérir : « Même en club, la situation existe. À Paris et Monaco, les 3e gardiens sont expérimentés et pourtant, ce n’étaient pas des entraîneurs français. Des coachs comme Ranieri et Ancelotti, qui ont l’expérience internationale, font appel a des gardiens comme Le Crom ou Roma qui se déplaçaient sur tous les matchs. » Potiche non dénuée d’intérêt, le 3e gardien est donc un joueur à part pour qui tout espoir de jouer n’est pas mort. Chez nos amis belges, Mignolet (n°2), Casteels (n°3) et Proto (n°4) se sont tous blessés en l’espace de quelques semaines. Si le gardien de Liverpool devrait être en pleine possession de ses moyens pour le Brésil, cette série rappelle que l’hécatombe n’est jamais loin.

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