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Magnin, l’heure de la collation

Par Julien Duez
Magnin, l’heure de la collation

Ludovic Magnin a 39 ans et entraîne le FC Zurich depuis un an, là où il n’a pas laissé une grande trace en tant que joueur. Éternel insatisfait, le Romand est pourtant à la tête du dernier club suisse présent en Coupe d'Europe, moins de deux ans après sa remontée en première division. Une belle réussite pour un homme qui a une revanche à prendre sur la vie : « À l’école, j’étais toujours le petit à qui on volait son goûter. »

Lorsque le tirage au sort désignait le Napoli comme adversaire du FC Zurich pour les seizièmes de finale de la Ligue Europa, le quotidien suisse Le Temps avait titré « Voir Naples et grandir » . Une manière élégante de rappeler que le Züri ne part pas favori contre le géant de la Botte, mais qu’il y a forcément quelque chose de positif à tirer d’une telle double confrontation, qu’importe l’issue finale. « Pour nous, tous les adversaires sont difficiles. Mais certains sont plus attractifs que d’autres. Autant remplir le stade » , confiait le président zurichois Ancillo Canepa en décembre dernier. « Nous sommes très fiers d’être le dernier club suisse encore en course » , ajoutait-il, en référence à la dernière place à laquelle ont terminé les Young Boys de Berne en Ligue des champions.

Travail et discipline

Si le FCZ reçoit Naples avec de grandes ambitions, c’est parce qu’il sait qu’il ne doit avoir peur de personne. Parce qu’il n’a rien à perdre et tout à gagner. Actuellement quatrièmes de Super League (leur classement à la fin de la saison dernière), les Zurichois sont loin de l’enfer de la relégation concédée à la fin de l’exercice 2015-2016. Champions de Challenge League dans la foulée, les Bleu et Blanc comptent de nouveau parmi les équipes de haut de tableau. À leur tête, un ancien de la maison : Ludovic Magnin. Pourtant, « Ludo » n’a pas particulièrement brillé pendant ces deux saisons qui ont constitué le point d’orgue d’une carrière de latéral gauche international (64 sélections avec la Nati) : « À Zurich, je n’ai pas gagné de titre en tant que joueur » , résume-t-il simplement. Quelques mois après sa nomination sur le banc de l’équipe première, en février 2018, il remporte la Coupe de Suisse.

Ses faits d’armes sur le terrain, il les acquiert en Bundesliga avec Brême et Stuttgart (un titre de champion remporté avec chaque club). Mais côté banc, c’est chez les jeunes, son dernier amour, qu’il apprend son nouveau boulot. Sans perdre de temps : « Après ma carrière, je voulais être un vrai petit homme au foyer. Il était prévu que ma femme puisse travailler davantage. Mais après deux semaines, tout a volé en éclats. Je lui ai dit : « Désolé chérie, mais on va devoir changer nos plans. » Je devais à nouveau avoir quelque chose à faire dans le football. »

Le voilà donc d’abord comme coach individuel, puis adjoint et enfin, huit ans plus tard, entraîneur principal de l’équipe première, en remplacement d’Uli Forte. Le tout grâce à une méthode simple : « Travailler dur et une certaine discipline. » Deux concepts qui l’intéressent davantage qu’être mis en lumière. « Mon devoir est toujours celui de prouver ici. Mais je ne veux pas mentir[…]: il y a des clubs de Bundesliga qui s’intéressent indirectement à moi. Mais je ne suis pas prêt.[…]Je ne veux pas abandonner ce que j’ai ici. »

Confiance et ambition

Et pourtant, lorsqu’on lui pose la question, Magnin ne rechignerait pas un jour à prendre les rênes d’un club de l’élite allemande. Quoi de plus logique pour celui qui considère Lucien Favre comme son deuxième père ? Cette confiance et cette ambition personnelles font pleinement partie de lui, qu’importe le terrain : « À la maison, c’est évidemment la même chose : je pense que je peux faire la cuisine, le ménage et le rangement. Bon après, la cuisine, je la fais vraiment. » Comme une manière de concilier ses « deux professions » , celle d’entraîneur et celle de père de famille. Si la seconde ne regarde que lui, force est de constater qu’il se débrouille plutôt bien dans la première. Qualifié pour le tour suivant dès la quatrième journée de la phase de groupes, le FC Zurich passera l’hiver avec le statut européen pour la première fois depuis onze ans.

Une performance agréable, mais qui ne pousse pas Magnin à se reposer sur ses lauriers pour autant. Lorsque son FCZ se fait battre sur le fil au match retour (1-0), la qualification est déjà dans la poche. Or, personne n’a vraiment le cœur à la fête. « On ne peut pas vraiment se réjouir » , déclarait ainsi le jeune défenseur Kevin Rüegg. Même son de cloche chez son capitaine Alain Nef : « Nous nous attendions à mieux. La déception est là. » Ludovic Magnin est un homme simple qui veut proposer un beau football qui soit reconnu à sa juste valeur. « Mon moteur a toujours été de faire taire ceux qui me critiquent » , conclut-il. « À l’école, j’étais toujours le petit à qui on volait son goûter. Pour moi, c’est une satisfaction quand les gens qui riaient de moi appellent mes parents des années plus tard pour demander un autographe. Il faut juste faire attention à ce que la confiance en soi ne se transforme pas en arrogance. » Rendez-vous après la victoire contre Naples ?

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Par Julien Duez

Tous propos de LM recueillis par la NZZ

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