- CDM 2018
- 8es
- Uruguay-Portugal (2-1)
L’Uruguay, le Super Saiyan portugais
Le Portugal quitte donc la Coupe du monde dès les huitièmes de finale après cette défaite face à l'Uruguay (2-1), avec la sensation d'avoir été éliminé par son jumeau de l'Euro 2016. Un jumeau qui est tout de même passé à la salle de musculation et qui a enchaîné les exercices devant le but avant de se rendre en Russie.
Agité, Fernando Santos harangue ses joueurs depuis le banc de touche. Mais il n’y a pas besoin d’avoir un bac +5 en psychologie pour apercevoir l’inquiétude dans les yeux du sélectionneur portugais. De l’inquiétude, mais aussi, et surtout, de l’agacement de voir que ses protégés n’arrivent pas à trouver la faille une seconde fois dans cette défense uruguayenne. Un sentiment que ses homologues autrichiens, croates, polonais, gallois et français ont ressenti lors de l’Euro 2016. Car oui, cette équipe d’Uruguay n’est rien d’autre que la jumelle de la Selecção. Une jumelle plus solide défensivement, et plus efficace offensivement.
Le frère plus costaud
« Je comprends que cela puisse vous préoccuper de savoir si ce match va être ennuyeux, mais cela ne nous passe même pas par la tête. Si c’est ennuyeux et qu’on gagne, on ne se plaindra pas ! C’est vrai qu’il y a de grands joueurs, des équipes compactes, des joueurs d’expérience et il est possible que ce soit équilibré. » En avant-match, Óscar Tabárez avait donné le ton de cette rencontre. Un discours quasiment copié/collé de celui répété à chaque conférence de presse de Fernando Santos lors de l’Euro 2016. Mais le patron de la Céleste a beau jouer les modestes, son Uruguay reste actuellement plus forte que cette Selecção.
La paire Godín-Giménez est plus solide que le duo vieillissant Pepe-Fonte, la paire Suárez-Cavani est plus efficace que le trop esseulé Cristiano Ronaldo. Surtout, les Uruguayens avalent plus de kilomètres que les Portugais et sont bien plus hargneux sur chaque contact. Résultat, les hommes de Fernando Santos ont semblé incapables de faire la différence, comme tétanisés à l’idée d’affronter leur reflet de 2016. Alors oui, l’Uruguay ne pratique pas forcément le football le plus sexy de ce Mondial 2018, mais ce n’est pas le Portugal qui va venir critiquer cette tactique.
Et maintenant, on fait quoi ?
Obligé de faire le jeu face à l’Uruguay, qui avait même offert le contrôle du ballon à l’Arabie saoudite lors de la phase de groupes, le Portugal n’a pas forcément livré une mauvaise partition. Problème, alors que leur défense était censée être son point fort, la Selecção s’est montrée trop perméable en Russie. Que ce soit face à l’Espagne, l’Iran et ce soir contre l’Uruguay, qui a finalement marqué deux buts sur deux accélérations. Une en début de match, et une autre après l’égalisation de Pepe. Avant de retourner défendre.
Conscient qu’il y avait désormais meilleur dans son domaine défensif, le Portugal va pouvoir tourner une page de son histoire avec les probables départs de Pepe, Fonte, Quaresma, voire de Fernando Santos et de Cristiano Ronaldo, qui a sûrement disputé son dernier Mondial. Et vu la deuxième période de Bernardo Silva, futur patron de cette Selecção, il est probable que l’après-CR7 se fasse par le jeu. Un domaine dans lequel le Portugal a toujours excellé avant de troquer son esthétisme pour son pragmatisme afin de remporter un premier titre international. Et pendant que les Portugais vont réfléchir à leur futur, l’Uruguay, lui, va faire réapparaître des vieux démons à l’équipe de France, qui aura, quelque part, droit à sa revanche avec le Portugal de 2016.
par Steven Oliveira