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L’Union fait la farce

Par Julien Duez
L’Union fait la farce

Les supporters de l’Union Saint-Gilloise avaient lancé un crowdfunding pour acheter la demi-finale retour de Coupe de Belgique. C’est raté. Le club bruxellois de D2 s’est incliné (1-2) ce mardi soir face à sa bête noire de la saison : Malines.

Ils s’appellent Igor de Camargo et Clément Tainmont. Ils jouent tous les deux pour le KV Malines et ce sont les bourreaux de l’Union Saint-Gilloise. Ce mardi soir, les deux pensionnaires de deuxième division belge s’affrontaient en Coupe dans une demi-finale retour pleine de suspense. La finale de ce qui s’appelle aujourd’hui la Croky Cup, les Bruxellois l’ont vécue pour la dernière fois en 1914. Mais ils devront encore patienter pour fouler la pelouse du stade Roi-Baudouin. Dans les tribunes du Parc Duden, le surnom donné au stade des Unionistes, les traits étaient évidemment tirés au coup de sifflet final. Surtout pour les initiateurs d’un crowdfunding pas comme les autres, qui visait purement et simplement à se cotiser pour acheter la rencontre. Une bonne blague à la bruxelloise qui révélait un malaise profond vis-à-vis du club malinois.

À moitié drôle

« Je serai content quand le New York Times en parlera » , répétait avant le match Samuel, l’un des organisateurs du projet, puisque, comme il est précisé à la fin de la vidéo d’illustration, le crowdfunding n’en était pas un et tous les dons allaient être restitués à terme. Malheureusement pour lui, le buzz brusseleir n’a pas percé outre-Atlantique, mais l’histoire a pas mal fait parler d’elle sur le Vieux Continent. À commencer par la Belgique elle-même, où – en off –, un Diable rouge aurait même fait part de son amusement à un journaliste de la RTBF, le service public audiovisuel francophone du Royaume. « Cela a commencé comme un délire éthylique après la demi-finale aller (0-0, deux buts refusés et un carton rouge côté USG, N.D.L.R.) » , sourit Kostas, responsable merchandising des Union Bhoys, le groupe à l’origine du crowdfunding. « L’idée, c’était d’attirer l’attention sur le fait que l’Union était systématiquement désavantagée lorsqu’elle jouait contre Malines cette saison. On avait l’impression d’être les seuls à s’en plaindre, il nous manquait un écho médiatique. »

Celui qui faisait partie des 7000 spectateurs présents lors du match retour (un record pour le petit stade Joseph-Mariën, lequel affichait complet pour l’occasion) refuse de tomber dans la paranoïa, mais reconnaît que dans ses rangs, nombreux sont ceux qui se sont sentis lésés par les décisions du corps arbitral lorsqu’il s’agit d’affronter les Rouge et Jaune, actuellement empêtrés dans une affaire de matchs truqués. « Le sentiment général qui dominait lorsque Malines est descendu à la fin de la saison dernière, c’est que leur relégation agaçait les officiels, selon lesquels un tel club historique avec autant de supporters n’avait rien à faire en D2 » , grince Kostas, dont la barbe fournie était promise au premier donateur prêt à lâcher 10 000 euros. « Les ultras malinois ne l’avoueront évidemment jamais, mais en discutant avec des supporters lambda, certains admettent qu’ils sont parfois avantagés. Alors qu’ils n’en ont même pas besoin, puisqu’ils ont le meilleur effectif du championnat ! Ils remonteront sans problème à la fin de la saison. » Au bout du compte, le crowdfunding des Bhoys a provoqué pas mal de sourires en coin, à l’image de cette zwanze typique de la capitale belge, et d’aucuns y associeront même une conséquence visible : lors du match retour entre l’Union et Malines, c’était la première fois cette saison que le duel entre les deux équipes était arbitré par des francophones. Cela n’a pas changé grand-chose à la donne : pour leur sixième affrontement de cet exercice, l’Union n’est toujours pas parvenue à s’imposer face aux Malinois.

Le droit d’y croire

Au-delà de la vanne, il faut retenir que l’USG continue sa marche en avant, en témoigne cette demi-finale de Coupe historique, que les Jaune et Bleu avaient atteinte pour la dernière fois il y a tout pile cinquante saisons. Depuis l’été dernier et la reprise du club par Tony Bloom, également propriétaire de Brighton en Premier League, les joueurs du technicien slovène Luka Elsner n’en finissent plus de titiller les gros poissons de la D1B que sont le Beerschot Wilrijk, Westerlo et évidemment Malines, à qui les Saint-Gillois ont abandonné la première tranche du championnat (qualificative pour les barrages de montée en D1A) pour six points qui restent encore en travers de la gorge de beaucoup.

« Ici, comme on dit, on prend les matchs les uns après les autres et tout le monde s’est énormément réjoui du match de mardi soir » , rassure Kostas. « À titre personnel, je pense que nous ne sommes pas encore prêts pour la première division. Il faudrait plutôt suivre l’exemple de Saint-Trond : survoler le championnat une saison entière, plutôt que de monter à l’arrache et d’exploser en vol à l’étage supérieur. Et puis au vu de nos résultats cette saison, honnêtement, si l’on était promu, ce ne serait pas mérité » , conclut-il, histoire de rappeler que charité bien ordonnée commence par soi-même.

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Par Julien Duez

Propos recueillis par JD

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