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Lukaku, Sex Bomb

Par Maxime Brigand
Lukaku, Sex Bomb

Alors que Manchester United reçoit mercredi soir Burton Albion en troisième tour de la League Cup, ses supporters ont été vivement bousculés lors des dernières heures. En cause : un chant vantant l'engin de Romelu Lukaku et des stéréotypes raciaux qui dansent avec le racisme.

D’un côté, la communication, les piles de statistiques, la bulle spéculative, ce qu’ils aiment appeler l’entertainement. De l’autre, les hommes : ceux qui se déchirent pour payer une place, qui gueulent pour le moindre tacle et qui resteront aussi à jamais les meilleurs paroliers de l’histoire du foot. Sacré cocktail que la Premier League. Dans le shaker, le dimanche qui vient de s’écouler ne devait donc être qu’une goutte comme une autre avec un Chelsea-Arsenal pour se chauffer l’estomac, et un Manchester United-Everton pour se terminer au bout du comptoir. Sur son siège de season ticket holder à Old Trafford, Ian Brown, dont le This is the One accompagne l’entrée des joueurs sur la pelouse, n’attendait pas autre chose. Son pote Gary Mounfield non plus. Puis, le match qui avance, les hommes de Mourinho qui commencent doucement à fatiguer les Toffees et le dérapage.

Sur une reprise de Made of Stone de The Stone Roses, dont Ian et Gary sont les leaders : « Romelu Lukaku, he’s our Belgian scoring genius with a 24 inch penis, scoring all our goals, bellend by his toes » – ce qui pourrait donner en VF ceci : « Romelu Lukaku, c’est notre génial buteur belge avec un pénis de 24 inch (soit exactement 60,96 centimètres, ndlr), qui marque tous nos buts, et dont le gland touche les orteils. » Au-delà de la poésie, un point mathématique s’impose d’abord, le Guinness Book des records ayant statué que le plus grand pénis appartenait à Roberto Esquivel Cabrera, un Mexicain d’un peu plus de cinquante ans, et ses 48,21 centimètres au repos. Difficile aussi d’imaginer le sexe de Lukaku toucher ses orteils. Mais fallait-il attendre plus de finesse de la part d’un public qui a demandé à de nombreuses reprises aux supporters de Liverpool d’avaler des rats et qui résumait parfois Park Ji-sung aux expressions « canard rôti » et « bouffeur de chiens » ? Pas vraiment.

Vidéo

Comptines et Adebayor

En mars dernier, Greg Clarke, le président de la Fédération anglaise (FA), avait déjà dû sortir les deux pieds en avant après les chants de supporters anglais lors d’un déplacement en Allemagne (1-0) où certains groupes avaient notamment lancé quelques comptines, datant des Première et Deuxième Guerres mondiales. Extraits : « Lors de ces vingt dernières années, les fans anglais se sont construits une réputation mondiale grâce à leur soutien passionné et vocal. Malheureusement, bien peu de l’imagination et de l’esprit que nous mettons dans nos chansons de club se reflète lors des matchs de l’Angleterre. » Difficile de contredire Greg Clarke, quand on se souvient de l’épisode Adebayor de 2009 (le Togolais avait été insulté après son transfert à City sous les paroles « Adebayor, Adebayor, ton père lave des éléphants, et ta mère est une prostituée » , ndlr), impliquant avant tout les supporters de Tottenham, mais aussi ceux d’autres clubs, dont United. Si l’on se souvient d’abord du mythique derby MU-City (4-3) cette année-là pour le but historique d’Owen, il faut aussi se rappeler que des réunions entre les deux clubs avaient eu lieu avant la rencontre pour étouffer les choristes.

« On ne peut plus rire de tout »

Début septembre, Álvaro Morata avait à son tour levé le doigt pour demander aux supporters de Chelsea d’arrêter de le citer dans une chanson antisémite, initialement chantée pour faire un bras d’honneur à Tottenham. Le dossier Lukaku n’est donc qu’un nouvel épisode, mais un épisode qui a fait réagir toute l’Angleterre dans la journée de mardi, alors que le Royaume attend toujours les retombées d’une enquête qui vise actuellement le sélectionneur de l’équipe nationale féminine anglaise, Mark Simpson, accusé de racisme par deux de ses joueuses. L’association Kick It Out, qui lutte contre ce fléau dans le foot, a alors agité le cocotier dans un communiqué publié dans la journée de mardi avec le soutien du club mancunien : « Les paroles de ce chant sont choquantes et discriminatoires. Les stéréotypes racistes ne sont pas acceptables, irrespectueux même pour supporter un joueur. » Ce chant a été entendu dimanche à Old Trafford, comme cinq jours plus tôt lors la réception du FC Bâle en Ligue des champions (3-0), et le refrain a été le même dans toutes les bouches : « Aujourd’hui, on ne peut plus rire de tout. » Peut-être simplement parce qu’un stéréotype racial est du racisme, même quand il s’agit de vanter la taille de la verge de son meilleur buteur, et même lorsqu’il sort des supporters les plus vanneurs d’Europe.

Par Maxime Brigand

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