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Ludovic Nanzioli : « Si seulement j’avais pu craquer une torche à côté de Laurent Ruquier »

Propos recueillis par Florent Caffery
Ludovic Nanzioli : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Si seulement j’avais pu craquer une torche à côté de Laurent Ruquier<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Ce mardi soir, l’ultra lensois a brillé par son discours en prime time, lors de l’émission Le Grand Oral. En trois minutes face à Laurent Ruquier et d’autres célébrités, il a mis tout le monde d’accord sur les supporters. Artisan carreleur au quotidien, cet enfant de l’Artois, 38 ans, a vécu une aventure de dingue où il aurait pu craquer un fumigène sur le plateau de France 2. Au lendemain de la diffusion et entre deux bouchées de kebab pour sa pause du midi, il revient sur ce moment où il a délocalisé Bollaert à Paris.

Ludo, comment as-tu pu passer de la Marek à un prime time sur France 2, aux côtés de Laurent Ruquier ?C’est la production qui est venue me chercher. Il y a deux ans et demi, j’ai participé à la pièce de théâtre Stadium consacrée aux supporters de Lens. France 2 cherchait des candidats atypiques pour Le Grand Oral, et quelqu’un qui avait vu la pièce m’a contacté. Je me suis dit : « Pourquoi pas, ça fera une expérience de plus… » Et tout s’est enchaîné !

C’est-à-dire ?J’ai dû envoyer une vidéo où je parlais de mon amour pour Lens, de ce que ça représentait pour nous tous qui allons à Bollaert. Sur les 1000 vidéos envoyées, la mienne a été retenue. Du coup, je me suis retrouvé à un casting avec une trentaine de personnes. En définitive, seules neuf allaient vraiment participer à l’émission.

Tu avais préparé un texte particulier pour le casting ?Tu rigoles ? Pas du tout. J’y suis allé tranquillement, à l’arrache, mais j’étais face à des mecs qui ont bac+3, bac+4, des juristes, etc. Je me demandais vraiment ce que je faisais là. (Rires.) Ils avaient tous soigneusement écrit leur texte, un truc de plus de deux minutes, mais je ne savais même pas qu’il fallait faire ça. J’ai donc parlé pendant 15 minutes. Quand je suis rentré chez moi, j’ai dit à mes proches que c’était sympa et que, de toute façon, je n’allais pas être sélectionné.

Les caméras, les lumières etc, ça ne m’a rien fait. Quand je parle de Lens, moi le petit-fils de mineur, je me fous de tout le reste. Je n’ai vu que le public à qui je devais transmettre ce qu’est véritablement un supporter, qui plus est à Lens.

Mais quelques jours plus tard, tu es rappelé par la production et tu vas tourner à Paris, en studio, alors que tu n’as jamais fait de télévision…Je n’y croyais pas. Me voilà à Paris pour un tournage. Mais je n’étais pas stressé. Franchement, quand tu es face à 4 000 bonhommes dans le kop à Lens, là il y a de la pression, tu ne peux pas te rater. Les caméras, les lumières etc, ça ne m’a rien fait. Quand je parle de Lens, moi le petit-fils de mineur (son grand-père Mario est arrivé d’Italie pour travailler dans les mines de l’Artois, N.D.L.R.), je me fous de tout le reste. Je n’ai vu que le public à qui je devais transmettre ce qu’est véritablement un supporter, qui plus est à Lens.

D’où les débuts de ton passage où tu casses les clichés…J’en ai ras-le-bol que l’on nous considère comme des alcooliques, des chômeurs, des personnes violentes. Pour moi, Lens, c’est notre blason, c’est notre histoire, c’est la fraternité que tu vois dans nos tribunes. Quand tu vas au stade, pendant 90 minutes, tu coupes de tout, du quotidien qui peut être compliqué et tu profites, avec des gens que tu ne connais pas, mais qui ont la même passion. Finalement, j’ai dit ce que j’avais à dire. Je n’y suis pas allé en tant que Ludo, mais plutôt pour le peuple lensois que je souhaitais représenter de la meilleure des manières.

À quel moment tu t’es dit que ça valait le coup de faire un clapping avec tout le public et le jury (composé entre autres de l’actrice Isabelle Nanty, de l’avocat Eric Dupont-Moretti et de l’humoriste Kheiron, N.D.L.R.) ?Je cherchais la bonne manière de terminer mon discours. J’ai dit à un mec de la production que je souhaitais emmener tout le monde au stade et qu’un clapping serait la meilleure manière de le faire. La production m’a répondu : « Si tu y arrives, tu es un génie. » Si ça ne marchait pas, ça aurait pu être coupé au montage. Mais là, tout le monde a suivi. J’ai fait faire un clapping en gueulant Lens à des Lillois, des Marseillais, des bobos parisiens qui ne vont jamais au stade. C’est la plus belle des victoires, non ? On se serait cru en tribune. (Rires.) Voir des bobos gueuler Lens comme des dingues, c’est inimaginable. Je pense que tout le monde a compris l’importance de mon message.

Mais là, tout le monde a suivi. J’ai fait faire un clapping en gueulant Lens à des Lillois, des Marseillais, des bobos parisiens qui ne vont jamais au stade. C’est la plus belle des victoires, non ?

Un message aussi en faveur des ultras, régulièrement critiqués…On en prend plein la gueule constamment. Les gens ont tellement de préjugés. Quand tu dis que tu es un ultra, les gens ont peur. C’est aussi pour ça que j’y suis allé, c’était une possibilité rare d’expliquer ce que représente le stade pour nous. Oui, parfois, nous faisons des erreurs, mais venez parler avec nous au lieu de nous taper sur la figure sans que l’on puisse se défendre. J’ai aussi glissé le fait que l’on nous pensait homophobes, ce qui est tellement infondé. L’un des capos de Lens a d’ailleurs été interdit de stade. Je tenais à lui faire passer ce message qu’on le soutient. Et au passage faire comprendre à la Ligue que la manière dont elle agit est honteuse.

Il ne manquait plus qu’un petit fumigène sur le plateau…Franchement, j’y ai pensé, mais je pense que niveau sécurité incendie, ça aurait pu être compliqué ! Si seulement j’avais pu craquer une torche à côté de Laurent Ruquier, ça aurait été le pied. C’est dommage. (Rires.)

Le pire dans tout ça, c’est que ce mardi soir, tu étais au stade (Lens s’est imposé face à Troyes, N.D.L.R.) et tu n’as même pas vu la diffusion de l’émission…J’ai bien quitté la fête de mon mariage pour aller voir un Lens-Paris, alors rater l’émission n’était pas un problème ! Je me devais d’être au stade.

Dans les heures qui ont précédé ce match, les images de ton passage au Grand Oral avaient déjà été visionnées plus d’un million de fois sur les réseaux sociaux. Comment s’est passée l’arrivée à Bollaert ? C’était la folie. Ça fait 18 ans que je suis en Marek, c’était la première fois que des gens voulaient se prendre en photo avec moi. J’ai reçu des dizaines de coups de fil. D’autres me filmaient en disant : « Si si, c’est lui qui est passé sur France 2 ! » C’était fou, je ne suis pas une vedette, moi. Je voulais juste défendre le peuple lensois et je pense, vu les retours, que j’y suis bien arrivé. C’est magnifique.

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