- Jeux paralympiques 2024
Lucas Mazur : « J’ai regardé la causerie de Dupraz avant ma finale »
De nouveau champion paralympique aux Jeux de Paris, comme il y a quatre ans, à Tokyo, le parabadiste français Lucas Mazur est aussi un ultra du Téfécé, fidèle membre actif des Indians Tolosa.
Même à l’autre bout du monde pour ses compétitions, Lucas Mazur reste un fervent supporter de Toulouse, où le double champion paralympique a passé toute son enfance et où il revient souvent. Amoureux de la ville rose et du Téf, il garde toujours un œil sur les matchs, une passion qui l’accompagne même dans sa carrière de sportif de haut niveau.
Raconte-nous tes premiers souvenirs de supporter.
Ça remonte à 2005-2006, j’avais 8 ans, on a emménagé avec mes parents à Toulouse. Notre première fois au Stadium, les tribunes, les animations, les tifos, les drapeaux, les chants, j’ai trouvé ça hyper cool, et je suis devenu très demandeur. Je voulais tout le temps aller voir les matchs, et ma maman venait avec moi. Je lui demandais de m’acheter des écharpes, la tenue officielle… J’avais tous les maillots, j’en ai donné plein, mais il m’en reste une dizaine.
C’est lequel ton préféré ?
J’aime bien le noir, avec la skyline de Toulouse, et les monuments de la ville. Mais mon préféré, je ne le mets pas. C’est celui de la saison du sponsor qui est un casino (en 2006, 888.com, numéro un mondial du casino et du poker en ligne, s’engage pour deux ans comme sponsor maillot du TFC, NDLR). Il est collector. C’était l’époque d’Elmander, une phase charnière. Plus tard, on a eu Gignac, Ben Yedder, des attaquants qui nous ont sauvés. Mais Elmander nous a envoyés en tour préliminaire, il a marqué le club. Le mec était un boucher, il allait au charbon, et c’est ma mentalité au bad, donc je l’aimais bien.
Pourquoi es-tu devenu un ultra ?
Je pars du principe qu’il faut supporter le club de ta ville, car il se déplace partout en France, et que c’en est la vitrine. Et que moi, Toulouse fait partie de mon identité, de ma vie. Quand je rentre, que je suis au centre-ville avec mes potes, je ressens de l’émotion. C’est une ville unique, chaude, avec des monuments comme la basilique Saint-Sernin, le Capitole, et une culture propre. Et la brique rose, il n’y en a pas ailleurs.
Comment tu as rejoint les Indians Tolosa ?
J’ai commencé en virage ouest, on était une vingtaine, et l’asso de supporters s’est arrêtée car le président voulait nous changer de virage. Je suis allé avec les Indians et c’est là que mon supportérisme s’est accentué. En fait, je ne conçois pas un match sans être à fond, d’ailleurs, impossible de rester assis au stade.
IL CONSERVE SON TITRE 🥇
Après Tokyo 2020, Lucas Mazur obtient un nouveau titre paralympique en para badminton après une finale impériale 👑#AllezLesBleus #Paris2024 pic.twitter.com/Xf4NxEOTno
— Equipe France (@EquipeFRA) September 2, 2024
Ton meilleur souvenir de déplacement ?
La finale de la Coupe de France. Ça, c’était un moment fabuleux. Déjà, j’ai ce souvenir d’être sous le pont à proximité du stade avec 4 000 ou 5 000 autres supporters. Par un miracle, le bus des joueurs arrive, et on était tous là pour porter l’équipe. C’était magique. Le match m’a aussi fait penser à ma finale de Paris 2024, parce que j’ai ultradominé. Dans les deux cas, j’aurais aimé que ça dure un peu plus. (Rires.)
Les ultras ne se sentent pas toujours considérés dans le monde du foot, tu en penses quoi ?
(Il coupe.) Ce qui m’énerve, c’est que dans les spots pub sur DAZN ou beIN, pour vendre les matchs, on montre l’ambiance, les tifos, des fumigènes. Sauf que derrière il y a des sanctions contre les groupes de supporters, des interdictions de déplacement… On oublie que sans nous, il n’y a pas cette ambiance.
Il paraît que tu es attendu à Toulouse ces prochains jours…
Oui, les Indians m’ont encore écrit, et j’ai eu le droit à une banderole dédicacée avant ma finale, et ça m’a fait trop plaisir. Normalement, il doit y avoir une célébration bientôt. Quand j’ai gagné mon titre paralympique à Tokyo, j’avais ramené la médaille au virage et il y a eu un coup d’envoi. Retrouver le Stadium, que je connais par cœur, et les gens qui m’ont vu grandir, ça a été super émouvant pour moi.
Tu vas encore souvent aux matchs ?
Je reste abonné, et mon frère vient de reprendre un appartement sur Toulouse, donc je vais continuer d’y aller une fois par mois. Je vais aussi reprendre une licence pour jouer, parce que ça me manque beaucoup. J’ai commencé gardien et j’ai fini attaquant parce que j’en avais marre de crier sur les défenseurs. Là, sinon, je suis dég’ d’avoir raté Toulouse-Marseille. En plus, on s’est pris une pilule (1-3, NDLR).
C’est vrai que tu regardes encore souvent la causerie de Dupraz ?
Ah oui, cette semaine de Paralympiques, le speech du maintien, je l’ai regardé juste avant ma finale, et ça m’a galvanisé. Ça m’a donné la chair de poule ! Ça me fait toujours le même effet.
Pas trop compliqué, à l’autre bout du monde, de ne pas pouvoir être au Stadium ?
À l’aéroport, au resto, je regarde les matchs sur mon tel, sur l’iPad… L’an dernier, le Toulouse-Marseille, je l’ai regardé en train d’attendre mes bagages. Mon pote de l’équipe de France Charles Noakes (aussi médaillé d’or, NDLR) supporte Nantes, donc on se chambre toujours un peu, surtout qu’on leur a roulé dessus en Coupe de France, mais bon, depuis, je me suis calmé. (Rires.)
Propos recueillis par Assia Hamdi