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Luc Holtz : « Je crois n’avoir gagné que trois matchs en tant que joueur »
Le Luxembourg a réussi un des plus beaux coups de son histoire en s’imposant (2-0) en Bosnie-Herzégovine mardi soir, lors de la 4e journée des qualifications pour l’Euro 2024. Un succès que Luc Holtz, le sélectionneur des Roud Léiwen, a pris le temps d’analyser en ce jour de fête nationale au Grand-Duché.
La victoire du Luxembourg en Bosnie-Herzégovine (2-0), dans un stade – celui de Zenica – où les Bosniens sont souvent intraitables, est-elle la plus belle de la dernière décennie ?
Cela fait 13 ans que je suis le sélectionneur du Luxembourg. On a obtenu de très bons résultats contre des équipes plus fortes : le nul en Italie en amical en 2014 (1-1), celui en France en 2017 (0-0) en qualifications pour la Coupe du monde 2018, la victoire contre l’Eire à Dublin en 2021 (1-0) pour celles de la Coupe du monde au Qatar… Mais je pense effectivement que ce match en Bosnie, face à un adversaire très performant à domicile, est sans doute le plus abouti.
Quel était l’objectif avant cette rencontre ?
Nous venions de battre le Liechtenstein (2-0), portant notre total à quatre points. Un match nul nous semblait être une bonne opération. Comme j’avais imaginé que la Slovaquie allait gagner au Liechtenstein, ce qu’elle a fait (1-0) et que le Portugal pouvait s’imposer en Islande (1-0), un nul nous plaçait dans une situation assez confortable au classement. J’avais dit aux joueurs que la Bosnie allait nous mettre une grosse pression lors du premier quart d’heure pour marquer rapidement, comme elle l’avait fait face à l’Islande en mars (3-0). Les Bosniens, qui jouent souvent en 5-3-2, évoluaient en 4-4-2. Mais nous avons eu la chance de marquer au bout de 4 minutes grâce à Borges Sanches. Et cela a surpris notre adversaire. Nous étions bien en place, bien organisés. La Bosnie a manqué un penalty, et je pense que si elle avait égalisé, cela aurait été compliqué pour nous mentalement. Mais on a non seulement réussi à ne pas prendre de but, mais aussi à en inscrire un second par Sinani, et cela a mis un coup sur la tête aux Bosniens.
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Avec 7 points, le Luxembourg peut-il envisager de se mêler à la lutte pour la qualification ?
Au Luxembourg, c’est devenu un sujet. Moi, je veux rester calme et serein. Nous avons pris 7 points en 4 matchs, ce qui est un bon bilan. Au classement, nous sommes devant l’Islande et la Bosnie-Herzégovine, qui nous sont potentiellement supérieures. Dans ce groupe, le grand favori est le Portugal. En septembre, nous recevrons l’Islande avant d’aller au Portugal, où ça sera très compliqué. Prenons les matchs les uns après les autres. Si on bat l’Islande, sachant que nous recevrons la Bosnie et la Slovaquie et que nous irons au Liechtenstein, on aura peut-être quelque chose à jouer. Mais on verra aussi où en seront les joueurs en septembre, octobre et novembre, en fonction des blessures, des suspensions, des méformes, etc.
Le Luxembourg a gagné en Bosnie-Herzégovine alors que deux joueurs, Gerson Rodrigues et Vincent Thill, n’étaient pas présents à Zenica. Deux absences qui ont beaucoup fait parler…
Ce sont deux cas différents. Gerson Rodrigues, qui avait marqué et délivré une passe décisive face au Liechtenstein, j’ai pris la décision de l’exclure pour le déplacement en Bosnie, pour des raisons disciplinaires, et qui n’étaient pas les premières. Quand on arrive en retard plusieurs fois à l’entraînement, au déjeuner, c’est un manque de respect pour le groupe et le staff. Des joueurs ont été agacés par cette attitude. Il y a des règles à respecter dans un collectif. Gerson, on connaît ses qualités, on sait que c’est un joueur important, mais je pars du principe qu’un individu ne peut pas être plus important que le groupe. Il voulait venir à Zenica, mais je ne pouvais pas admettre cette attitude durant le stage. Cela ne veut pas dire que Gerson ne jouera plus en sélection. Je vais en discuter avec lui, avec Paul Philipp, le président de la fédération, et avec les joueurs.
Et pour Vincent Thill, remplacé à la mi-temps du match face au Liechtenstein ?
C’est la première fois que je vois un joueur quitter le stage sans un mot, comme il l’a fait. C’est inadmissible. Je crois que Vincent Thill fait de la politique par rapport à son frère Olivier, que j’avais exclu définitivement de la sélection (fin 2022, NDLR). La sélection luxembourgeoise n’appartient pas à la famille Thill, ou alors, il faut choisir un autre coach. Je crois que Vincent Thill n’est pas très bien conseillé… Son attitude est inacceptable, très égoïste. Je sais des choses que je ne peux pas dire ici. D’autant plus que ses performances, ces derniers mois, et que ce soit en club ou en sélection, n’ont pas toujours été très convaincantes. On ne gère pas une sélection comme on gère un club de village. Autant avec Gerson Rodrigues, les choses peuvent s’arranger, autant avec Vincent Thill, ce sera beaucoup plus compliqué…
Vous avez été critiqué, après la gifle reçue face au Portugal en mars (0-6), puis celle contre Malte en amical (0-1) le 9 juin. Dans la presse locale, il a été question de crispations entre certains joueurs et vous…
Être critiqué, c’est normal pour un sélectionneur. N’oublions pas que les résultats du Luxembourg s’améliorent depuis des années. Quand je jouais pour cette équipe, je crois n’avoir gagné que trois fois ! (Deux fois, en réalité, à chaque fois contre Malte en 1995, NDLR.) Lors de nos 15 derniers matchs, on perd seulement à 4 reprises. On progresse, mais on est le Luxembourg, et quand on affronte des équipes comme le Portugal, on sait que nous n’avons pas beaucoup d’illusions à nous faire. Les problèmes avec des joueurs ? J’en ai parlé avec Laurent Jans, le capitaine, notamment. Il m’a dit que ce qu’il lisait ne correspondait pas à la réalité. On a besoin de sérénité, et je pense que ces deux dernières victoires vont nous faire du bien.
Propos recueillis par Alexis Billebault