- France
- LOSC
LOSC : une vie sans Luis Campos, vraiment ?
Conseiller du président Gérard Lopez depuis 2017 et chef de la méthodologie qui a permis au LOSC de retrouver les hauteurs, Luis Campos est annoncé depuis quelques jours sur le départ. Mais faut-il vraiment y croire ?
Jusqu’ici, tout allait bien. Début avril, dans un entretien donné à Maisfutebol, Luis Campos ouvrait même son cœur à Lille, une ville « spectaculaire » à ses yeux, qu’il semblait vouloir faire découvrir au plus grand monde. Difficile de trouver meilleur VRP : « Le LOSC n’était pas très connu au Portugal avant qu’il y ait autant de joueurs portugais, mais je vous assure que Lille est une ville dynamique, très belle, remplie d’étudiants. En plus, il y a un stade magnifique, le plus beau du pays, un centre d’entraînement formidable, des supporters qui vivent intensément pour leur club… C’est une ville qui respire le foot. » Puis, lancé comme Maurice Greene en février 1998 à Madrid, celui qui est aux manettes de la direction sportive nordiste et passe sa vie à avaler des kilomètres (en 2018, Luis Campos a parcouru 390 400 kilomètres en avion au cours de l’année, soit l’équivalent de 22 jours passés dans les airs ou de dix tours du monde, N.D.L.R) lâchait ceci : « C’est vrai que j’ai eu des propositions pour donner une nouvelle orientation à ma carrière, mais la vérité est que je me sens bien ici. Ce sera très difficile de me faire partir de Lille. » Mais que s’est-il passé pour qu’en quelques semaines à peine, tout change à ce point ?
Voilà où on en est : selon plusieurs sources, Campos aurait demandé il y a quelques jours à être libéré du contrat qui le lie non pas au LOSC (le Portugais n’est pas un employé du club, N.D.L.R.), mais à Scoutly, la filiale londonienne de Victory Soccer, la holding de Gérard Lopez, le président lillois. La raison ? Toujours selon ces sources, l’homme fort du projet sportif nordiste n’accepterait pas le fait de ne pas avoir les pleins pouvoirs sur certains dossiers, à commencer, comme le soulignait mercredi L’Équipe, par celui de Julien Mordacq, le directeur administratif et juridique du LOSC, envers qui Campos est assez critique. Mais de là à foutre le camp, vraiment ? Cela n’est pas impossible, en effet, et cela aurait plusieurs conséquences pour le projet lillois.
Le cycle olympique et le joli mystère
Lors d’une rencontre en janvier, Luis Campos l’assurait pourtant : son objectif était de rester à Lille pendant encore quelques années et d’y laisser « un héritage fort ». « Je parle en cycle olympique, glissait-il alors. J’aimerais qu’au bout de quatre ans, le LOSC soit un club différent de celui que j’ai récupéré. On me vire un salaire à la fin du mois pour améliorer chaque jour les choses. C’est ma mission. Quatre ans, ça t’offre une vision large, c’est comme pour un athlète qui part d’un certain niveau et qui doit arriver, quatre ans plus tard, aux JO, avec un pic de forme optimal. C’est ce que j’ai vécu à Monaco. Je suis arrivé en 2013, le club venait de remonter en Ligue 1, l’effectif était à construire, Kylian Mbappé voulait presque partir et, en 2017, au bout de ce cycle olympique, l’ASM a été championne de France et demi-finaliste de la Ligue des champions. » Durant cet entretien, le conseiller du président Lopez affirmait aussi que « le LOSC n’est pas une entreprise qui vend des patates » et qu’il cherchait avant tout à faire avancer les choses. Aujourd’hui, Campos, resté proche de Gérard Lopez, estime ne plus être en capacité de le faire pleinement.
Selon lui, le LOSC serait actuellement ralenti par certains employés, et Luis Campos se serait notamment accroché avec le directeur général du club, Marc Ingla, au sujet de Julien Mordacq, qui ne possède pas la licence UEFA. Ce qui aurait pu, comme le rappelle L’équipe, conduire à des sanctions. Dans le même temps, le Portugais estime que certains engagements pris auprès des recrues du dernier mercato estival n’ont pas été tenus. Enfin, alors qu’il a été reçu une offre énorme de Newcastle il y a quelques jours, Campos n’aurait pas du tout apprécié le fait que Christophe Galtier ait été approché par l’OM pour éventuellement remplacer André Villas-Boas. Pour rappel, l’entraîneur du LOSC a pourtant assuré à son président qu’il n’avait jamais été sollicité par les dirigeants marseillais. Sacré bordel, donc, auquel il faut ajouter la colère de Luis Campos face à l’arrêt de la Ligue 1, qu’il a jugé prématuré et qui a empêché le LOSC de potentiellement se qualifier pour la prochaine Ligue des champions, vitale pour le projet nordiste et qui permet notamment au responsable sportif de mettre en avant ses jeunes promesses.
Dans un premier temps, Campos ne souhaitait pas quitter Lille, mais face à la réticence de certains administrés à ne pas lui laisser tout le contrôle, il aurait revu sa position, relançant au passage la machine à rumeurs. Il a alors été annoncé à l’OM, ce qui semble infondé, à Monaco ou à Tottenham. Il semble aussi que Gérard Lopez lui aurait transmis, selon La Voix du Nord, une nouvelle proposition financière. Ce qui est sûr, c’est que, bien qu’il ne soit pas contractuellement lié au club, Campos est l’homme de base du projet du LOSC, aussi discuté et discutable soit-il, et que les choses pourraient changer sans lui. Il est le cerveau derrière les arrivées d’Ikoné, Yazici, Renato Sanches, Bamba, José Fonte, Osimhen ou encore Çelik, qui n’était jamais apparu en première division dans son pays, la Turquie, avant de débouler en France. Il est aussi celui qui a permis au club de battre des records de vente et de remonter la pente sportivement. Ainsi, jusqu’ici, tout allait bien. Mais demain, sans Campos, qui était déjà annoncé partant en novembre, quelle tournure prendrait cette histoire ? Joli mystère.
Par Maxime Brigand
Propos recueillis par MB, sauf mention.