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L’orage Vélodrome
La première rencontre à domicile de l'année civile s'annonce particulière pour Marseille. En crise de résultats et humilié par Andrézieux en Coupe de France, l'OM va se présenter dans une ambiance délétère au Vélodrome pour y affronter Monaco. Les groupes de supporters marseillais ont appelé à la contestation générale et tout le club se retrouve dans l'œil du cyclone, à commencer par Rudi Garcia. Chaud bouillant.
Le Vélodrome n’est pas un stade comme les autres. Souvenez-vous le printemps dernier, l’Olympique de Marseille faisait vibrer son enceinte au rythme de ses performances sur la scène européenne. Pas vraiment passionnés par les matchs de la phase de poules, les supporters marseillais s’étaient pris au jeu et l’Orange Vélodrome – puisqu’il faut l’appeler ainsi désormais – s’était rempli au fil des tours passés par l’OM, devenant l’emblème de la folie des jeudis soir dans la cité phocéenne.
Une épopée qui s’était terminée par une défaite en finale au Groupama Stadium, mais qui avait surtout été marquée par des ambiances incandescentes au Vel’ lors des rencontres face au RB Leipzig (5-2) et contre Salzbourg (2-0), faisant tomber deux fois le record d’affluence pour un match européen à Marseille (61 882 contre Leipzig et 62 312 contre Salzbourg). « La fierté, c’est de voir un Vélodrome en feu toute la soirée, avait lâché Rudi Garcia devant la presse après le quart de finale aller. On se rend compte combien ce stade et ce public peuvent être spéciaux. Ce soir, il a été chaud comme la braise. » Mais voilà, neuf mois plus tard, la donne a changé. L’euphorie a décampé pour laisser place à la grogne et au dépit.
Avis de tempête
Plus qu’ailleurs, le Vélodrome est le reflet parfait de la forme sportive de l’OM. Ainsi, quand la crise commence à pointer le bout de son nez – une situation récurrente ces dernières années –, le stade commence tout doucement à se vider. Depuis la réception du PSG fin octobre, la barre des 50 000 spectateurs n’a plus été franchie. Pire, ils sont même nombreux à être restés chez eux pour les deux derniers matchs à la maison, contre Limassol en C3 (moins de 5000 personnes) et face à Strasbourg en Coupe de la Ligue (8200). Christopher Rocchia, un défenseur de 20 ans né à Marseille, aurait alors vidé son sac dans le vestiaire phocéen cette semaine selon L’Équipe : « Je suis un pur Marseillais, je bande pour l’OM. Petit, j’allais au Vélodrome. Aujourd’hui, quand je viens au stade, c’est vide, il ne se passe rien, jusqu’à me dire que je préférerais regarder le match à la maison. Comment on est passé de la folie d’avril-mai à ce néant ? » La politique de l’indifférence peut fonctionner, mais elle ne dure qu’un temps.
La réception de Monaco dimanche soir est donc l’occasion pour les fadas de l’OM de faire leur retour au stade pour exprimer leur mécontentement. Fini les sièges vides, plusieurs groupes de supporters ont appelé à la contestation générale sur les réseaux sociaux cette semaine, la défaite contre Andrézieux en Coupe de France (2-0) ne passant pas du tout. « C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, ont écrit les Dodger’s sur Facebook. Montrons à ces pseudos joueurs, cet entraîneur désemparé et cette direction inerte que la force du peuple olympien est toujours présente. Face à cette situation catastrophique, nous appelons tous nos membres(…)à venir manifester leur mécontentement dimanche. » Même son de cloche chez les South Winners sur Twitter : « Un avis de tempête s’annonce dans les travées du stade. Du jamais-vu… un typhon arrive ! »
— South Winners 1987 (@Winners1987) 7 janvier 2019
Garcia dans le viseur
Des dirigeants aux joueurs, personne n’est épargné. Mais l’entraîneur Rudi Garcia est particulièrement visé. Prolongé jusqu’en 2021 en octobre dernier, le technicien français n’est plus en odeur de sainteté à Marseille. Les performances médiocres de l’équipe et sa communication parfois douteuse ont eu raison de lui. Au point de voir apparaître plusieurs tags ( « Rudi dégage » , « Garcia dehors » …) sur les murs du centre Robert Louis-Dreyfus depuis quelques semaines. Les ultras déplorent notamment de ne pas avoir pu échanger avec l’ancien coach de la Roma plus tôt, malgré leurs multiples demandes. « Garcia a fait le malin depuis le début, il nous a ignorés, il nous a méprisés, il nous a écrasés, il nous a fait honte, a déploré Rachid Zeroual, vice-président des South Winners, au micro de France Bleu Provence cette semaine. J’espère que dimanche on ne gagne pas, comme ça Rudi Garcia dégage. On en est à ce point. Sinon, même un match nul risque de lui sauver la tête. »
La réponse du principal intéressé à cette fronde ? « Qu’ils supportent leur équipe, a lâché Garcia en conférence de presse. On en a besoin dès l’échauffement. Même si on ne l’a pas mérité ces derniers temps, on a besoin du Vélodrome. » Dans son jardin, l’OM n’a perdu qu’une seule fois cette saison en Ligue 1 (contre Paris) pour 5 victoires en 8 matchs. Mais les échecs dans les trois autres compétitions ont pris le dessus sur un championnat dans lequel Marseille est loin d’être largué. Mais le menu s’annonce copieux au Vel’ d’ici la fin de saison avec les réceptions de Lille, Bordeaux, Saint-Étienne, Nice, Lyon ou encore Montpellier. En attendant, tout le monde à Marseille, de Jacques-Henri Eyraud à Rudi Garcia, en passant par les joueurs, va devoir se faire une raison : l’union sacrée est terminée.
Par Clément Gavard