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Lopes, hommage réussi

Par Théo Denmat
Lopes, hommage réussi

Anthony Lopes voulait « faire une grosse performance » pour rendre hommage à Joël Bats. Résultat : il n'aurait tout simplement pas pu mieux faire. Dans un match placé avant même son coup d'envoi sous le signe des gardiens, c'est la performance de l'un qui a mis son équipe sur de bons rails, et celle de l'autre qui a fait prendre le mauvais train aux siens.

Il a commencé sa soirée en nouant une écharpe lyonnaise dans les filets devant la tribune des Bad Gones, clin d’œil humide à ce soir de derby où ce même geste avait enflammé le public stéphanois. Et puis il l’a terminé dans les bras de Bruno Génésio, rendant hommage à « cette aventure extraordinaire » longue de 17 ans où rarement un poste si ombragé aura autant été mis en lumière. Pendant qu’Adil Rami livrait son interview d’après-match au micro de Laurent Paganelli, le vieil ours blanc de l’Olympique lyonnais était là-bas, sous les tribunes, bras dessus bras dessous avec l’homme du match du soir, Anthony Lopes. Son disciple. Celui qui le désignait il y a peu comme son « mentor » , son « père » , et qui l’a entraîné dans un tour d’honneur et d’adieux devant ce public du Groupama Stadium qui lui a rendu hommage à l’heure de jeu. Une chose est sûre : au regard du match de Lopes, Joël Bats, le « taulier des portiers » , peut partir avec le sentiment du devoir accompli.

Lopes désigné homme du match, évidemment

On attendait un match d’attaquants, les héros du soir furent finalement gardiens. Mandanda d’un côté, coupable d’une faute de main que l’on pensait réservée à Yohann Pelé sur un coup franc piégeux de Nabil Fekir. Si l’on souhaitait pinailler, il s’agirait d’ailleurs tout autant d’une faute de demain que d’une faute de corps, rare geste condamnable au cœur d’une saison une nouvelle fois exemplaire. Le reste de son match est pour autant à l’image de cette dernière, puisque le portier marseillais a multiplié les arrêts devant Mariano avant de craquer sur un second ballon propulsé de l’extérieur de la semelle de Cornet sur la tête du blondinet lyonnais. Mais l’important était surtout de l’autre côté du terrain. Lopes, désigné homme du match, a réalisé six arrêts décisifs au cours de la rencontre, hurlant sa joie à la gueule des Bad Gones – qui fêtaient leurs 30 ans – au coup de sifflet final. « Je perds mon poulet, a-t-il glissé au micro du Canal Football Club à l’évocation de son entraîneur de toujours,j’ai voulu faire une grosse performance pour lui. » Pour cet examen de fin d’apprentissage, le portier portugais a fait étalage d’une palette ultra-complète, histoire de montrer que les leçons avaient bien été retenues. Se jeter au sol sur cette tête dans les pieds de Rami, étape une. Se coucher avec rapidité sur une reprise d’Ocampos, étape deux. Faire confiance à son poteau sur une frappe de Sanson et se détendre les lombaires jusqu’au point de corner pour repousser un missile de Gustavo, étapes trois et quatre. Puis, histoire d’être bon élève jusqu’au bout, montrer la réactivité de ses appuis en détournant une nouvelle tentative de Gustavo sur corner, avant de se jeter au sol en fermant les genoux pour garder la clean-sheet (90e+2). 20/20.

« Il m’a amené tout en haut »

C’est finalement le propre des départs d’êtres aimés, qui, lorsque le sort le veut bien, rendent une dernière copie à la hauteur de la tendresse qui leur est portée. Tout comme Eden Hazard devait marquer pour son dernier match sous le maillot lillois, Bats devait se démarquer, faire quelque chose, par pitié, offrez-lui un départ en fanfare ! C’est donc par l’intermédiaire de son prolongement sur le terrain que le monsieur aura serré la main des 59 000 supporters présents ce soir au stade, ayant en tête les mots récents de Lopes à 20 Minutes : « J’ai appris qu’il partait quand j’étais en sélection, racontait-il. On a passé pas mal de temps au téléphone. C’est difficile, ça fait partie de la vie d’un footballeur. Il va falloir passer à autre chose. Mais pour moi, c’est compliqué, c’est vraiment mon papa au sein du club. Il m’a amené tout en haut. » C’était quasiment écrit, Grégory Coupet prendra donc sa suite dans le staff lyonnais une fois la mythique figure envolée pour l’Impact Montréal, succursale rhodanienne où il retrouvera Rémi Garde. La gueule change, les méthodes peut-être aussi, mais une chose s’en va, surtout : le saut par-dessus le plateau de fromages. Il faudra désormais s’entraîner à survoler les poutines.

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