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Loïc Puyo : « On s’attendait à galérer »

Propos reccueillis par Florian Lefèvre
Loïc Puyo : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On s’attendait à galérer<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Après avoir gravi les échelons - CFA, National, Ligue 2 - un à un, Loïc Puyo, vingt-huit ans, découvre la Ligue 1 cette saison. Le gaucher alterne les titularisations sous le maillot nancéien (quatorze en 2016-17) et les matchs en tribune, comme le week-end dernier face à Lorient. Entretien avec un joueur qui aime prendre la plume pour raconter son quotidien de footballeur.

Il y a quelques semaines, l’ASNL a failli faire un joli coup au Parc des Princes (défaite 1-0 finalement). Mais toi, est-ce que tu as réussi à choper le maillot de Javier Pastore ?Ouais, j’ai réussi à l’avoir grâce à Diallo Guidileye, donc ça a été ma seule satisfaction de la journée finalement. Pastore, c’est sûr que c’est mon joueur préféré dans le championnat, maintenant, c’était loin d’être ma priorité. Mais c’est vrai que ça m’a quand même fait plaisir.

Pour toi, qui supportes le PSG depuis que tu es jeune, c’était spécial de jouer au Parc des Princes pour la première fois, d’autant que tu n’avais pas disputé le match aller à Marcel-Picot…Au match aller, je n’étais pas dans le groupe. Ça avait été une frustration, comme tous les matchs où je ne suis pas convoqué. Ces matchs font rêver. Ma carrière est un petit peu particulière, et je n’ai pas souvent eu l’opportunité de jouer des équipes comme ça, donc maintenant que ça se présente, je ressens ça comme une chance, un privilège.

Tu as été formé à Auxerre, où tu as atteint la finale de la Coupe Gambardella en 2007. Mais pour avoir ta chance chez les pros, tu es parti à Amiens. Et tu as dit dans une interview pour La République du Centre : « Auxerre m’a appris le foot, et Amiens la vie de footballeur » . Explique-nous. À Auxerre, c’est vrai que je suis arrivé assez jeune (à quinze ans, ndlr). C’est là où j’ai vraiment franchi des paliers. Malheureusement, pas suffisamment pour goûter au monde professionnel. Toutes mes bases, je les ai apprises à Auxerre. Ensuite, à Amiens, ça a été la découverte du monde pro : la vie d’un vestiaire, avec ses avantages et ses inconvénients, le fait de vivre dans un groupe qui n’était pas forcément hyper sain. Donc ça m’a permis de mûrir, de grandir et d’anticiper les comportements que j’allais pouvoir rencontrer dans le reste de ma carrière.

C’est-à-dire ? Tout ce qui est un peu hypocrisie, concurrence malsaine… Tout ça, je l’ai vécu pour la première fois dans la mesure où jusqu’alors, j’avais été plus confronté à des équipes de jeunes, ou à l’équipe réserve, où c’est encore « bon enfant » , entres potes. Et là, j’ai découvert les inimitiés, le côté un peu malsain de la concurrence. Ça a été un peu dur pour moi de l’appréhender au départ, mais j’ai réussi à m’y faire.

Si j’étais là, c’est parce que mon niveau ne méritait pas autre chose, donc j’ai toujours accepté ma situation. Je ne me suis jamais dit que ce n’était pas normal que je me retrouve là.

Toujours dans cette interview pour La République du Centre, tu déclarais qu’à Auxerre, « (Jacques) Santini ne s’occupait pas des jeunes. Et quand (Jean) Fernandez est arrivé, il regardait ceux qui étaient plus jeunes. Il y a eu une génération qui a été sacrifiée. » Pourquoi ? En fait, Santini, il est arrivé en tant que manager à l’anglaise (en 2005, ndlr). Et nous, notre génération (il est né en 1988, ndlr), on était encore trop jeunes pour débuter. Donc, ce n’est pas trop Jacques Santini le souci. Après, quand Jean Fernandez est arrivé, je pense qu’il a voulu faire une rupture avec l’ancienne école. Finalement, c’était un peu nous la dernière génération de Guy Roux, et on n’a pas été beaucoup à être exposés. Après, c’est aussi nous, peut-être, qui n’étions pas au niveau, mais je pense qu’il y a quelques joueurs, qui ont été mis de côté, qui auraient dû faire une meilleure carrière.

Tes anciens coéquipiers, avec qui tu as réalisé le parcours en Coupe Gambardella, tu les recroises sur les pelouses de Ligue 1 ?Dernièrement, j’ai recroisé Denis Petrić, le gardien d’Angers. Sinon, non, ils sont un peu expatriés à l’étranger comme Alain Traoré (milieu de Kayserispor), Delvin Ndinga (milieu du Lokomotiv Moscou), Lynel Kitambala (attaquant de l’Union Saint-Gilloise)… Chacun a un chemin différent, mais ils ont l’air d’être heureux là où ils sont, donc tant mieux.

Quand on regarde dans le rétro de ta carrière : CFA, National, Ligue 2, National, Ligue 2 et cette saison Ligue 1, tu as franchi les étapes pas à pas. Qu’est-ce que ça t’apporte aujourd’hui d’avoir connu il y a encore trois ans des matchs le vendredi soir sur des terrains champêtres de National ?C’est vrai que ça a été une expérience dure à vivre, mais sur le moment, si j’étais là, c’est parce que mon niveau ne méritait pas autre chose, donc j’ai toujours accepté ma situation. Je ne me suis jamais dit que ce n’était pas normal que je me retrouve là. J’ai aussi appris de ces moments. J’ai passé de belles années à Orléans, l’une des plus belles de ma carrière quand on monte de National en Ligue 2 (en 2013-14, ndlr). Aujourd’hui, ça m’apprend à savourer ce que je vis, et les rencontres de Ligue 1, c’est un plaisir de pouvoir enfin y goûter. Les matchs de National, je pense que peu de joueurs de Ligue 1 en ont vécu, mais je peux t’assurer que ça forge le caractère, et ça te permet de progresser sur d’autres domaines que le football de haut niveau.

J’ai commencé avec une blessure au genou, puis une déchirure à la cuisse. C’était un moment difficile parce que j’ai vécu de l’extérieur la dégringolade au classement pour finir sur une descente en National. Je ne comprenais pas pourquoi ça ne guérissait pas, pourquoi je n’arrivais pas à revenir sur les terrains pour aider mon équipe…

Ce background, ça t’a façonné différemment du reste de tes coéquipiers… C’est sûr qu’on n’a pas eu les mêmes cursus. Derrière, nos vies n’ont pas été les mêmes. Notre manière de vivre les choses aussi. Et c’est aussi ce qui fait la force des groupes : chaque joueur est un peu différent, il doit apporter son expérience ou sa non-expérience. Pendant les matchs, ça ne va pas changer grand-chose, c’est plus dans la vie du vestiaire. Quand il y a des jeunes qui vont se poser des questions du pourquoi du comment ils ne jouent pas, moi je vais leur dire qu’il ne faut pas s’impatienter et que le plus important, c’est de profiter de la chance qu’ils ont d’être dans le circuit, et de ne surtout pas en sortir parce qu’on n’est pas sûr d’y revenir. J’ai des potes qui étaient aussi destinés à jouer en Ligue 1 et qui se sont malheureusement perdus en National…

Être champion de National en 2014 avec l’US Orléans, puis champion de Ligue 2 en 2016 avec l’ASNL, ça t’a procuré les mêmes émotions ou c’était différent ?C’était différent quand même. Avec Orléans, ça a été une aventure humaine extraordinaire. La remontée dans le monde professionnel du club de mon enfance. Donc ce sont des moments intenses à vivre, et surtout le groupe était vraiment extraordinaire, ça a été du pur bonheur de vivre cette saison-là. On n’était pas forcément destinés à monter. Alors qu’avec Nancy, pour le coup, c’était annoncé dès le début de la saison que l’objectif était de monter. Ce qui fait le lien entre les deux titres, c’est l’aventure humaine.

Il y a une période où les blessures t’ont éloigné des terrains pendant huit mois, en 2014-15. Tu l’as vécu comment ?C’était lors de ma saison en Ligue 2 avec Orléans. Lors de la phase aller, tout se passait bien. J’avais réussi à prendre du plaisir, à avoir une place importante dans l’équipe et tout s’est arrêté lors de la reprise en janvier. J’ai commencé avec une blessure au genou, puis une déchirure à la cuisse. C’était un moment difficile parce que j’ai vécu de l’extérieur la dégringolade au classement pour finir sur une descente en National. Je ne comprenais pas pourquoi ça ne guérissait pas, pourquoi je n’arrivais pas à revenir sur les terrains pour aider mon équipe… Après, il y a eu cette expérience à Cap-Breton pour ma rééducation, qui m’a fait vraiment du bien au moral. Et Nancy m’a accueilli, encore une fois, ça a été un nouveau coup de boost grâce à l’intervention du staff médical.

C’était un signe fort que Nancy vienne te chercher alors que tu étais blessé, d’autant que ton équipe descendait en National…Je n’avais joué que sept matchs, et j’étais encore bien blessé quand je suis arrivé, donc ça a été une vraie preuve de confiance et, pour cela, je leur en suis redevable.

Après ma carrière ? C’est un truc qui me tente le monde du journalisme, sportif surtout.

Ton père, journaliste, t’a transmis la fibre littéraire puisque tu tiens une chronique sur le site Mag’Centre. Qu’est-ce que tu veux raconter dans ces chroniques ? En fait, ça a commencé au mois de février 2013, quand on était en National avec Orléans. On sentait qu’on était quand même bien partis pour monter, même si ce n’était pas encore acté. Le rédacteur en chef de ce site m’a contacté pour savoir si j’avais envie de raconter de l’intérieur la vie d’une équipe de foot, pour raconter aux Orléanais comment vivait un vestiaire de foot et comment on allait se diriger vers la montée trente ans après la dernière saison en deuxième division du club d’Orléans. Moi, ça m’a tout de suite enchanté. Je me suis dit : pourquoi pas essayer ? Et c’est vrai que c’est un plaisir de pouvoir un peu relater ce qui se passe dans un vestiaire – sans dévoiler les secrets, bien sûr.

Et quatre ans après, tu continues encore…J’en fait quand même beaucoup moins. Être parti sur Nancy, ça m’a un peu éloigné du monde orléanais parce qu’en fin de compte, ce qui intéressait les gens, c’était pas forcément la vie de Loïc Puyo, mais la vie du club local. Je suis toujours en contact avec le rédacteur en chef. Après ma carrière ? C’est un truc qui me tente le monde du journalisme, sportif surtout.

Pour en revenir au football, comment tu vois la fin de saison de l’ASNL ?C’est vrai que ça va être un sprint final effréné. On connaît une période compliquée sur le plan comptable (l’entretien s’est déroulé avant le match de Lorient, ndlr), mais on a confiance en nous. On va essayer de faire mieux que les autres parce qu’on se rend compte que l’on n’est pas les seuls à marquer le pas. Donc, on continue nos efforts pour que ça se concrétise en matchs. Au niveau collectif, on savait très tôt qu’on allait se battre pour le maintien. Après, le niveau de la Ligue 1, il est forcément bon. Et on se rend compte qu’on a quand même notre carte à jouer. On s’attendait à galérer, mais je pense que l’on a notre place dans le championnat de Ligue 1.

Tu peux nous dire un mot de ton but contre Caen…La frappe en Coupe de la Ligue ? J’étais dans une passe un peu compliquée – ça faisait trois, quatre matchs que j’étais hors du groupe –, et j’ai eu la chance de pouvoir m’exprimer en Coupe. J’ai marqué en début de match, ça m’a donné de la confiance. Puis, le ballon m’arrive sur le côté droit, je rentre à l’intérieur et sans trop me poser de questions – dans ma tête, je savais que j’allais tenter une frappe –, j’ai lâché les chevaux. La trajectoire a surpris le gardien, le ballon de la Coupe de la Ligue, qui vole pas mal, m’a bien aidé, et c’est un superbe but qui restera gravé.

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