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Liverpool renverse le volcan napolitain

Par Théo Denmat
Liverpool renverse le volcan napolitain

Folie à Anfield. Liverpool a surclassé Naples au terme d'un match d'une rare intensité et lui chipe donc la seconde place qualificative pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions. Le Naples de Carlo Ancelotti est donc dehors avec une seule défaite. C'est impensable, mais c'est comme ça.

Liverpool 1-0 Naples

But : Salah (34e)

Ils sont très peu à connaître son identité, mais des millions à avoir vu ses larmes. L’image avait, il faut le dire, de quoi percuter la rétine : étrange sensation que d’observer un supporter pleurer, maillot du Napoli sur ses épaules, parce que son équipe est menée à la 38e minute. Avait-il déjà compris ? La cruauté se voit parfois de loin. Et il avait raison : à la suite d’un match agressif et volontaire du Liverpool européen, Naples tombe de la première à la troisième place de la poule C, et jouera donc la Ligue Europa. Cruel, terrible, mais logique… sur ce match.

Europa lead ou Ligue Europa ?

Paumes vers le haut, paupières closes, lèvres qui s’agitent en silence : en ouverture de soirée, comme au début de chaque grand-messe, 21h avait sonné l’heure des prières. Celle de Mohamed Salah, d’un côté, remerciant probablement le ciel que Liverpool soit encore en course pour la qualification après trois défaites en cinq matchs de poule. Puis la caméra se précipite sur Allan entre deux hurlements d’Anfield, même pose de statue : Naples, premier au classement, n’a toujours pas perdu un match de C1, et pourrait pourtant terminer troisième en cas de défaite. On parlait de groupe de la mort, l’une des deux victimes est donc ici. Bouffer, ou se faire bouffer. C’est partie pour l’anthropophagie. Ils sont morts de faim, les premiers instants sont donc à cette image : le ballon valdingue d’un côté à l’autre comme un carré de beurre dans une poêle trop chaude et, conséquence, la première flamme est allumée par le cuistot en chef, Salah (7e).

Un contrôle longuet préféré à une frappe alors que le bonhomme était seul au cœur de la surface, et voilà les préceptes du soir exposés. À Naples de se découvrir dangereusement, aux Reds de fondre en attaque en s’appuyant notamment sur la puissance de Milner, rayonnant au milieu. On s’attendait à un match de foot, les Azzurri jouent finalement au tennis de table, répondant par piques et approximations offensives aux phases de jeu construites des Anglais, simplement plus réalistes. Dans les faits, une frappe d’Hamšík et puis c’est tout (8e), avant un premier but refusé à Mané pour hors-jeu (22e), puis le coup de croc dans la chair italienne d’un Égyptien prestidigitateur (1-0, 34e). Ospina, bien naïf pour un trentenaire, s’est fait avoir par Salah au premier poteau. Une image qui résume tout : Klopp rentre aux vestiaires en courant, jogging sur les guibolles. Ancelotti, lui, s’y engouffre avec flegme, transportant toute la pression du monde sur sa veste de costume. Pour l’instant, il est en Ligue Europa.

Naples : passer à côté, comme Sadio Mané

Puis, le deuxième service commence comme le premier, par un coup de feu venu d’Afrique. Salah loupe le cadre d’Ospina pour un rien et voilà déjà le Napoli averti : les Reds produisent, font circuler, contrôlent le tempo, malaxent, pétrissent la pâte italienne et, logiquement, dominent sans grande contestation. Tout est maigre chez les visiteurs, du milieu de terrain, dépassé, à la cheville de Dries Mertens, en passant par cette tête de Raúl Albiol, l’une des rares frappes captées par Alisson (51e) dans cette seconde période. Le pressing commandé par Klopp à la relance annihile toute créativité offensive, comme un plat noyé dans l’eau avant même d’y ajouter les épices. Alors soudain, le choc : Ancelotti sort, coup sur coup, Ruiz, Mertens et Rui, pour renforcer le cœur du jeu avec Zieliński, mettre plus de poids en attaque avec Milik, et provoquer plus de centres avec Ghoulam. Il reste trente minutes. Et là…

Et là, rien. Liverpool, dont on commençait à voir blanchir les coutures, repart de plus belle vers l’avant et gâche quatre balles de bonheur (74e, 77e, 78e et 87e). Inutile ici d’en faire le récit, les images des arrêts miraculeux d’Ospina se suffisent à elles-mêmes. Ça ne veut plus s’arrêter car, de l’autre côté, Callejón envoie le ballon de l’égalisation au-dessus de la calvitie d’Alisson (79e). Les Reds tombent au sol les uns après les autres, victimes de crampes, poussés au combat par un Anfield hypersensible. Et puis, à deux minute du terme… Alisson sort l’arrêt du match. C’est impensable de sortir ça, impensable ! Milik était déjà en train de le fêter. Les mots manquent pour décrire l’occasion manquée par Sadio Mané dans la foulée, mais une certitude : Naples aura donc craqué au seul moment où il ne fallait pas, pour terminer en cure-dent entre les crocs d’un ogre anglais. « Si on ne passe pas, on est des cons » , avait dit Ancelotti il y a peu. On lui laisse donc tirer les conclusions du soir.


Liverpool (4-3-3) : Alisson – Alexander-Arnold (Lovren, 88e), Matip, Van Dijk, Robertson – Milner (Fabinho, 84e), Henderson, Wijnaldum – Salah, Firmino (Keita, 79e), Mané. Entraîneur : Jürgen Klopp

Naples (4-4-2) : Ospina – Maksimović, Albiol, Koulibaly, Mario Rui (Ghoulam, 70e) – Callejón, Allan, Hamšík, Fabian Ruiz (Zieliński, 62e) – Mertens (Milik, 67e), Insigne. Entraîneur : Carlo Ancelotti

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