S’abonner au mag
  • Angleterre
  • Liverpool

Liverpool délaisse-t-il son équipe féminine ?

Par Julien Duez
Liverpool délaisse-t-il son équipe féminine ?

Les féminines de Liverpool ont vu leurs deux derniers matchs reportés, pour cause de terrain détrempé. Au-delà de cet incident, leur quotidien est bien éloigné de celui des hommes. De quoi se questionner sur l’utilité d’avoir une section Women, si c’est pour la laisser dans une situation d’abandon quasi total.

Entre Anfield et Prenton Park, il faut se farcir dix bornes. Du point de départ à l’arrivée, le contraste est saisissant. Le trajet commence avec une enceinte cinq étoiles, et se termine par une piscine boueuse. L’enceinte cinq étoiles, c’est le jardin des Reds de Jürgen Klopp. La piscine boueuse, le terrain vague des Tranmere Rovers, pensionnaires de League One. Mais aussi celui des Reds de Vicky Jepson. Les autres Reds. Celles qui, depuis le début de la saison, n’ont pas réussi à gagner plus d’une fois et sont aujourd’hui – avec six points dans la besace – co-lanternes rouges de Super League anglaise. Plus que jamais menacées d’être reléguées dans l’antichambre, donc.

Le tout avec deux matchs de retard, la faute à un terrain impraticable et indigne d’une première division professionnelle. C’est en tout cas l’avis de Rachel Furness, milieu de terrain de Liverpool et internationale nord-irlandaise, qui l’a fait savoir sur Twitter. Un sentiment partagé par Emma Hayes, entraîneur de Chelsea. Qui, lors du déplacement de ses joueuses en décembre dernier, avait qualifié ce terrain de « tache » avant de présenter ses excuses quelques jours plus tard.

En surrégime

Pourtant, on est loin de l’exagération. Et le plus gênant, c’est que la situation commence à durer. Depuis le 19 janvier, exactement. Ce dimanche-là, les Liverpuldiennes devaient recevoir Manchester United pour une rencontre qui, même entre équipes féminines, est hautement symbolique. Deux semaines plus tard, c’est la réception de Birmingham City qui a été annulée une heure seulement avant le coup d’envoi après que l’arbitre de la rencontre a déclaré le terrain impraticable. Frustrant pour les fans et les joueuses, irrespectueux aussi. En dépit des regrets exprimés par Vicky Jepson et la direction de Liverpool, les faits sont là : le partage de la pelouse avec Tranmere n’est pas une solution. Pendant le mois de janvier, les garçons y ont enchaîné pas moins de quatre matchs en douze jours. Ajoutez à cela des pluies diluviennes et une avarie dans le système de drainage, et vous obtenez des conditions de jeu aussi déplorables que scandaleuses.

Bien que les Reds ne soient pas les seules concernées par le fait de jouer sur un terrain médiocre (le cas le plus flagrant étant celui des joueuses de Portsmouth, privées de matchs à domicile depuis le mois de novembre), force est de constater que l’écart entre leur réalité et celle des garçons est tout simplement abyssal. Surtout lorsque l’on sait que lors de l’année fiscale 2017-2018, Liverpool est le club qui a engrangé le plus de profits avant impôts au monde. Tandis que dans le même temps, l’équipe féminine engrangeait une perte de presque 130 000 livres. Dès lors, on est en droit de se demander quelle importance l’institution de la Mersey accorde à une équipe entrée dans son giron en 1994.

Ne pas inverser les priorités

Dire que les Women de Liverpool sont complètement laissées pour compte serait cependant inexact. À ses côtés, Vicky Jepson dispose d’un adjoint, d’un entraîneur spécifique pour les gardiennes passées par l’équipe nationale anglaise U17 et d’un préparateur physique dépêché par l’équipe masculine. À Prenton Park, les conditions d’entraînement des filles de Liverpool se sont drastiquement améliorées et les locaux qui leur sont dédiés ont été repeints en rouge. Comme pour mieux affirmer leur identité, au sein d’une enceinte où prédominent le bleu et le blanc… comme à Everton. Un comble ! Malgré ce minimum syndical, particulièrement dans un championnat qui observe la croissance la plus importante en Europe, force est de constater qu’il manque l’essentiel pour une joueuse de football professionnelle : une pelouse sur laquelle exercer son métier, dans des conditions décentes. Et la situation n’est pas près de changer : le changement du gazon actuel, et in extenso la fin des problèmes de drainage, n’est prévu qu’à partir de la fin de la saison en cours. Pour combien d’annulations futures, d’ici là ?

Dans le même temps, le futur centre d’entraînement de Liverpool devrait sortir de terre l’été prochain. 9200 mètres carrés, au sein desquels il devrait normalement être possible d’aménager un terrain de jeu digne de ce nom pour l’équipe féminine. Or, celui-ci semble davantage promis aux garçons, tant de l’équipe professionnelle que du centre de formation. Pas de quoi envisager l’avenir sous les meilleurs auspices. Surtout quand, dans le même temps, le trio Manchester City-Arsenal-Chelsea a su tirer son épingle du jeu et caracole en tête du classement de Super League. Mais au-delà de la réussite sportive, on constate qu’un signal fort a été envoyé : le football féminin n’est pas un investissement flou, il existe au contraire un véritable projet censé représenter le blason dans les meilleures conditions. En attendant, celui de Liverpool est entaché de gadoue, et il est regrettable que la réussite des uns se fasse au détriment des autres. La situation des Reds féminines est indigne d’une grande institution, mais il n’est peut-être pas trop tard pour prouver le contraire.

Dans cet article :
Dans cet article :

Par Julien Duez

Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

20
Revivez France-Belgique (2-0)
Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

Manchester City

Jürgen Klopp

Angleterre