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  • Maroc-Iran (0-1)

L’Iran attrape la crinière des Lions

Par Maxime Brigand, au stade Krestovski
L’Iran attrape la crinière des Lions

Largement bousculée en début de match, la bande de Carlos Queiroz s'est déguisée en roseau et a éclaté au visage d'un Maroc réduit au silence en fin de match (0-1). Historique : voilà l'Iran avec une première victoire en Coupe du monde depuis 1998 !

Maroc 0-1 Iran

But : (Bouhaddouz, 90e, c.s.c.) pour l’Iran

Une fête improvisée dans un train reliant Moscou à Saint-Pétersbourg dans la nuit de jeudi à vendredi, une autre lancée dans une salle de l’aéroport de Francfort plus tôt dans la semaine, des cris à faire péter le moindre crâne, des grands sourires… Il fallait que ça explose, pour de bon. Dans son approche médiatique de la rencontre, Hervé Renard, dresseur français de Lions de l’Atlas qu’il disait affamés, n’avait, lui non plus, pas caché son impatience : « Allez, maintenant, place à l’heure de vérité. » Carlos Queiroz, le boss iranien, lui, s’était contenté d’expliquer que quoi qu’il arrive, « ses joueurs repartiraient la tête haute » . Mieux : ils ont fini la tronche au sol, avec une première victoire en Coupe du monde depuis 1998.

Libertaires précoces

Car ce deuxième jour du Mondial a eu le don de faire lâcher les cœurs, à Iekaterinbourg comme à Saint-Pétersbourg. La mise en garde avait pourtant été appuyée : ce Maroc n’est pas, selon son guide, « une petite équipe » . C’était le message, mais le terrain a aussi raconté autre chose, ce groupe étant avant tout une association de libertaires. Ainsi, le gang marocain a commencé son Mondial en sortant les armes : un pressing haut, des mouvements offensifs qui éclaboussent le visage d’un adversaire scotché contre sa volonté dans son camp et une variation de rythmes importante. L’opération a duré un gros quart d’heure, un temps suffisant pour voir Amine Harit prélever ses premiers reins, manquer une reprise et offrir une occasion en or à un Ziyech en ébullition par moments, en danseuse sur la ligne rouge dans d’autres. La suite ? Un précis de la gestion de la précocité : car si El Kaabi, préféré à Boutaïb, a foiré une première reprise et si Mehdi Benatia a buté sur Beiranvand (19e), les Marocains ont surtout ensuite ouvert la porte à des Iraniens jusqu’ici sous l’eau. Cela s’explique tactiquement – des latéraux (Amrabat, Hakimi) incroyablement offensifs – et techniquement, la bande multipliant les pertes de balle au milieu et laissant notamment la doublette Azmoun-Jahanbakhsh lui coller une gifle avant la pause (43e). Une première.

La frustration s’invite à la table

Et l’Iran dans tout ça ? Carlos Queiroz a profité du séjour à Saint-Pétersbourg pour rendre hommage à Julio Iglesias : non, la Team Melli, annoncée plus offensive qu’au Brésil, n’a pas vraiment changé, contre-attaque toujours plus qu’elle n’attaque, détruit plus qu’elle ne construit, mais reste capable de détruire une défense adverse sur la moindre occasion. Vendredi, le Maroc a alors tenu accroché à un fil et a lâché, la deuxième période se jouant à l’exact opposé d’un premier acte flamboyant où le calcul n’avait pas eu sa place et la frustration s’invitant à la table des outsiders du groupe B. Résultat, à vingt minutes de la fin, Queiroz et Renard ont bougé leurs pions entre les bruits de vuvuzelas insupportables. Des effets ? Un souffle – Ziyech qui allume un Beiranvand solide sur ses appuis (81e) – et une fin de rencontre qui s’est surtout jouée sur les bancs, une mêlée se formant dans les arrêts de jeu entre les deux staffs. Et, sur le dernier centre de l’après-midi, les larmes sont tombées : Bouhaddouz a trompé El Kajoui d’une tête malheureuse et l’Iran a grimpé sur les Lions (0-1, 90e). Une belle histoire du réalisme.


(4-1-4-1) : El Kajoui – Amrabat (Amrabat, 76e), Benatia (c.), Saïss, Hakimi – El Ahmadi – Ziyech, Belhanda, Boussoufa, Harit (Da Costa, 83e) – El Kaabi (Bouhaddouz, 77e). Sélectionneur : Hervé Renard. (4-3-3) : Beiranvand – Rezaiean, Pouraliganji, Cheshmi, Hajisafi – Shojaei (c) (Taremi, 68e), Ebrahimi (Montazeri, 80e), Amiri – Ansarifard, Jahanbakhsh (Ghoddos, 85e), Azmoun. Sélectionneur : Carlos Queiroz.

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