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Lionel Messi, du Barça au PSG ?

Par Pierre Rondeau
Lionel Messi, du Barça au PSG ?

Serait-ce l'arrivée de l'été ? L'arrivée de l'histoire du PSG, voire de l'histoire du championnat de France ? Après l'annonce officielle du départ de Lionel Messi du FC Barcelone, tous les voyants sont au vert pour la venue du sextuple lauréat du Ballon d'or à la capitale. Il reste néanmoins encore quelques points à régler.

Ce jeudi, le monde du ballon rond s’est agité comme jamais : Lionel Messi, joueur du Barça depuis toujours, va quitter le navire catalan et aller vers d’autres cieux. C’est la fin d’une époque et peut-être le début d’une nouvelle ère. Car, alors que certains déploraient le départ d’un mythe, d’autres fantasmaient sur la venue de la Pulga au PSG, rare club en Europe à avoir la légitimité financière pour le faire signer. Mais pour cela, il va falloir avoir les reins suffisamment solides. D’abord, son salaire. Au Barça, on parlait d’un montant brut de 100 millions d’euros. Quand bien même le milieu argentin accepte de le réduire, il faudra au moins compter sur une somme autour de 50 millions pour le satisfaire. Et le poids de la fiscalité franco-française n’est pas vraiment là pour faire en sorte que ce soit le cas. Le chéquier va travailler à vif à Paris. Mais c’est le rêve des Qataris depuis 2011 : Messi doit revêtir la tunique bleue et rouge. Et c’est le bon moment.

La faim justifie les moyens

En Espagne, Barcelone n’a plus les moyens. La Ligue de Javier Tebas a refusé l’homologation de son nouveau contrat, malgré une ristourne de plus de 50% acceptée et un étalement sur plusieurs saisons, avec la perspective de finir ambassadeur du club. Depuis 2008 et la crise des subprimes, qui a profondément altéré et touché les équipes espagnoles, les dirigeants, pour sauver l’équilibre et l’intégrité du championnat, ont fait voter un salary-cap applicable a priori. Autrement dit, avant chaque début de saison, les clubs doivent passer devant une commission et présenter la masse salariale totale, compte tenu de l’effectif et du budget anticipé. Le rapport ne doit pas dépasser un certain seuil, compris entre 60 et 75%, en fonction des profils. Jusqu’ici, le Barça l’avait toujours respecté. Mais la dette accumulée depuis cinq ans, on parle de plus d’un milliard d’euros, couplée avec les pertes colossales dues à la crise de la Covid-19, ont réduit les options. Le Barça a une masse salariale trop lourde, de plus de 115%, et n’a pas les moyens de faire valider le nouveau contrat de Messi.

Côté français, le contrôle comptable n’est pas le même. La vérification n’est pas a priori, mais a posteriori, compte tenu des anticipations du club, ses résultats escomptés sportifs et économiques, ainsi que de l’apport des actionnaires et de leur capacité à solvabiliser les pertes de l’équipe. Par exemple, le PSG a déjà passé son audition devant la DNCG et ses comptes 2020-2021 ont été validés. Malgré 200 millions d’euros de pertes, le tout a été couvert par l’actionnaire qatari. Les comptables de la DNCG ne pourront pas bloquer financièrement la venue de Messi, si et seulement si son coût d’aujourd’hui sera couvert toute l’année. Comprendre, dès 2022, les dirigeants parisiens présenteront des comptes, au mieux, à l’équilibre, au pire, solvabilisés, via des bonifications sur les recettes marketing et sponsoring.

Pour dire les choses très simplement, à l’instant t, le commissaire aux comptes du football français ne s’opposera par à la signature de Messi au PSG, à la seule condition que le club soit capable de rentabiliser sa présence, gagner sportivement et, surtout, économiquement. Beaucoup s’imaginent, comme l’économiste Vincent Chaudel, que cela ne devrait pas être insurmontable. Sans restrictions dans les stades, on se bousculera au Parc des Princes pour aller voir jouer l’Argentin, ce qui devrait permettre des revenus stade en hausse, et attirer des sponsors. Le PSG pourrait en profiter pour renégocier ses contrats et améliorer son volet commercial. Celui avec le groupe hôtelier Accor prendra fin en 2022, l’occasion de le valoriser en vue d’une prolongation ? Des clubs comme le Real Madrid ou Manchester United arrivent parfaitement à dealer des contrats à plus de 80 millions d’euros. La Maison Blanche est même à plus de 100 millions d’euros avec son équipementier. Paris peut parfaitement y prétendre avec Messi dans son effectif. On peut l’imaginer.

Où es-tu, le fair-play financier ?

Mais il y a un autre mur qui se présente au club de la capitale : le fair-play financier. Déjà sanctionné deux fois par l’instance de contrôle financier des clubs européens, si Paris venait à faire signer Messi, l’UEFA pourrait l’interpeller et les condamner lourdement. Ou pas ? Car il convient de rappeler que nous sommes en pleine période covid et que, selon le règlement du FPF, à l’annexe 11, l’ICFC prend en considération les cas de force majeure et les changements inattendus de l’environnement économique. L’UEFA a déjà communiqué à ce sujet, les pertes exceptionnelles dues à la pandémie, aux matchs à huis clos et au ralentissement économique ne seront pas comptabilisées, en tout cas pas entièrement.

Ensuite, la méthodologie de calcul a été modifiée. Jusqu’ici les bilans comptables étaient comptés sur les trois saisons précédentes, une par une, avec cumul des bilans. Dorénavant, et ce jusqu’en 2023, les années 2020 et 2021 seront associées, en calculant la moyenne, afin d’alléger les déficits et d’échelonner les pertes indépendantes de la Covid-19. Enfin, n’oublions pas que Paris a fait partie des clubs solidaires de l’UEFA lors de la scission avec la Superligue. Peut-être que la fédération européenne saura s’en souvenir au moment de sévir. Tout n’est qu’affaire de lobbying et de négociation ici. Puis, l’Europe du foot préférerait certainement conserver son joyau plutôt que de prendre le risque de le voir partir en MLS ou ailleurs.

Mais cela ne signifie pas néanmoins que c’est la porte ouverte au grand n’importe quoi et que Paris pourra dépenser sans compter. Il reste dépendant du règlement et doit donc garantir des comptes à l’équilibre, quand bien même les pertes peuvent être échelonnées. Intégrer le salaire de Messi à peut-être 50 millions d’euros, voire plus si on compte les cotisations sociales, plus une prime à la signature certainement colossale, ça sera difficile de maintenir des comptes dans le vert. Et à cette contrainte vient se rajouter la volonté de prolonger Kylian Mbappé, au risque de le voir partir gratuitement la saison prochaine. Et qui dit nouveau contrat, dit hausse de la masse salariale, hausse des coûts, hausse des pertes. Alors le vendre dès cet été pour assurer la venue de Messi, se séparer d’un nombre important de joueurs pour réduire la masse salariale ? C’est certain qu’il faudra agir. Faire signer Messi ne sera pas aussi simple qu’un claquement de doigts, mais finalement pas impossible.

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